Contre le faux nationalisme algéro-berbériste, réaffirmer l'orientation arabo-musulmane de l'Algérie, par Kamel Nasser

L'immense majorité des Algériennes et des Algériens est consciente des périls qui pèsent sur notre patrie, sur notre État et sur notre peuple. Il ne s'agit pas verser dans un catastrophisme anxiogène, de sombrer dans un pessimisme malsain. Au contraire, l'enjeu est de rappeler que l'Algérie, avec sa population nombreuse, sa jeunesse, ses élites, son expérience historique (la guerre de libération nationale et la période d'édification de l’État indépendant), les crises qu'elle a traversé (comme celle de la décennie noire des années 1990), dispose des capacités à affronter les périls qui se dessinent à l'horizon, sans parler de l'existence d'un immense patrimoine matériel, techno-industriel, et d'importances ressources naturelles (malgré la crise de la rente énergétique).

Mais l'idée essentielle que je voudrais mettre en relief maintenant est celle-ci : il ne peut y avoir de redressement national (dans la continuité avec les invariants géopolitiques et géoculturels de notre État, qui n'ont pas changé depuis 1962 !) sans la réactivation d'un vrai travail métapolitique et non partisan, d'un travail culturel, artistique, spirituel et intellectuel pour défendre et valoriser les constantes de la nation, à savoir l'arabité et l'islamité. Si à propos de l'islamité, la question ne se pose généralement pas, car notre peuple est intimement attaché à ses racines musulmanes, il existe malheureusement certains courants socio-politiques, une minorité idéologique, qui essaient de délégitimer l'arabité de l'Algérie. Habituellement, cette tentative porte l'empreinte du « berbérisme ». mais contrairement à une certaine croyance, le berbérisme ne se réduit pas au néofascisme souverainiste kabyliste (dont le MAK est une caricature pseudo-politique, une secte en vérité). Ce berbérisme (qui veut séparer une Kabylie racialement pure d'une Algérie arabe contaminée) est tellement brutal et grossier qu'il est rejeté par l'immense majorité de la société, y compris en Kabylie. Mais le berbérisme avance aussi à travers une autre forme, beaucoup plus dangereuse car elle est plus sournoise. Cette seconde forme s'oppose même au séparatisme kabyliste ; elle apparaît donc comme patriotique algérienne, alors qu'elle est la ruine de la Nation.

Mais, on ne s'interroge pas, ou pas suffisamment, sur le contenu de cette Algérie-là. En fait, l'Algérie de cette seconde forme du berbérisme est une Algérie désarabisée, une Algérie qui se met à distance de l'idée arabe, qui veut dissoudre l'appartenance de la Patrie à la fraternité historique et spirituelle des peuples arabes. Cette Algérie-là, celle des algéro-berbéristes (qui va vont du RCD/FFS jusqu'aux diverses gauchismes, en passant les libéraux et même des secteurs boumédienistes), peut mobiliser tous les signes extérieurs du patriotisme, dans la surenchère même. Mais, en fait, elle tourne le dos aux lignes stratégiques du mouvement national et de l’Etan en séparant l'Algérie du reste de la Nation arabe, se délectant de chaque crise que cette Nation traverse. Ainsi, une grande partie du discours sur le Qatar, l'Arabie et le Golfe porte, en apparence, l'empreinte d'un radicalisme, mais en fait il masque un profond racisme anti-arabe ! On passe aisément de la dénonciation - nécessaire, juste et légitime - de la politique réactionnaire de ces États, à la critique de toute leur société et ensuite à la haine raciale contre ce que les berbéristes appellent les « Bédouins du désert ». Ils ne font que reprendre la typologie du système colonial qui estimait que le « Berbère », et notamment le « Kabyle », étaient murs pour la Civilisation (occidentale), la République (coloniale), la Modernité (de pacotille), alors que l'« Arabe », le « Bédouin », archétype du barbare, étaient inaptes à la culture et à la vie de l'esprit.

Faisons attention à des acquiescements faciles que nous pourrions accorder des propos en apparences radicaux (contre les « Wahhabites » par exemple), mais qui voilent en réalité un profond sentiment de haine contre la Nation arabo-musulmane. Dévoilons ce faux nationalisme algérien, et critiquons la politiques réactionnaires des monarchies (du Maroc à l'Arabie) au nom des intérêts supérieurs de la Nation arabe, et de ses peuples en quête de liberté et de libération.

Tahia el-Djazaïr, wa Tahia el-Oumma el-'Arabiyya wa Tahia el-Islam.