L’influence de Ben Badis dans la société profonde, par Mohand Biri

“La nation algérienne n’est pas la France. Elle ne peut pas être la France. Elle ne veut pas devenir la France. Elle ne peut pas devenir la France combien même elle le voudrait. L’Algérie est une nation très éloignée de la France, dans sa langue, dans ses mœurs et dans sa religion. Elle ne veut pas fusionner dans l’assimilation. Elle est une patrie, (…) la patrie algérienne “
Cheikh Abdelhamid Ben Badis.

Le 16 avril 1940, Cheikh Abdelhamid Ben Badis, nous quittait, après une longue vie investie dans l’inspiration du peuple algérien à se libérer des dangers de l’inertie culturelle, du déclin moral et de l’assimilation au monde occidental.
En ce jour, l’Algérie célèbre cet homme et son mouvement, les oulémas, en consacrant le 16 avril, « youm el ilm », jour national de la science.
Une célébration qui commémore, s’il en fut, l’œuvre de ce grand réformateur et ses compagnons, les cheikh Bashir Al Ibrahimi, Tayeb El Oqbi et la liste est longue.

La célébration de «youm el ilm» coïncide, cette année avec le réveil voire le sursaut du peuple algérien de son sommeil profond, organisé et planifié par les cercles de l’agression et de la tyrannie, depuis le début de l’occupation de notre patrie, à l’été de 1830, voire même des décennies et des décennies précédant cette année sinistre.

Malgré l’ancrage tentaculaire de la corruption et de l’occidentalisation, en particulier dans les institutions de l’administration, des médias et de l’éducation, et malgré le fléchissement voire même l’ignorance dans les rangs d’une grande partie des élites dites du courant nationalistes arabo-musulman, nous avons vu la jeunesse algérienne élever, dans tout le pays, des slogans qui font écho aux ulémas à travers les siècles.

“Nous sommes les fils de Badis et nous ne sommes pas les fils de Paris”,
“le peuple algérien est musulman et, à l’arabité, il s’apparente” ont-ils brandi, entre autres slogans désignant l’ancrage culturel du peuple algérien malgré l’adversité.

En ce moment, ou nous nous préparons à quitter la vie de ce monde, car l’âge nous gagne, nous voyons avec affection et réconfort la jeune génération pénétrer avec courage dans les champs de la lutte nationale avec tous les défis intellectuels et scientifiques que cela suppose pour préserver l’indépendance et la liberté de l’Algérie.

Nous, reviennent, alors en mémoire, quelques vers poétiques plantés dans nos cœurs par nos illustres éducateurs tout au long de notre jeunesse. Ce sont des vers d’un poème bien connu, “Peuple algérien musulman”, qui nous a été légué comme précepte du symbole de notre civilisation moderne, par feu, Cheikh Ibn Badis, paix à son âme.

« O jeunesse,
Toi notre source vive,
toi par qui l’aube arrive

Prend à la vie ses armes et viens,
Prend le verbe et ne craint rien,

Élève la lumière du juste et du la charitable,
Et combat sans merci l’usurpateur exécrable,

Arrache les racines du mal et de la traîtrise,
Arrache, car c’est là que nos malheurs gisent. »

M.B.

L’image de cheikh Abdelhamid Benbadis au-dessus de la tête de Houari Boumediene montre la reconnaissance du défunt président au pionnier de la renaissance culturelle en Algérie.
Pour tout ceux qui s’interrogent sur la disparition de l’Association des Ulémas après l’indépendance, il est à rappeler que l’Association était active alors que le pays était sous occupation.

Avec le recouvrement de l’indépendance nationale l’ensemble de l’État est devenu une association des Ulémas, car tous les membres de l’association ont assumé des postes de responsabilité dans l’État, notamment les cheikh Abderrahman Shiban, Ahmed Hamani, Ahmed Hussein et des dizaines d’autres, dirigés par le Dr Taleb Ibrahimi lui-même, en plus des jeunes de l’association Osman Saadi, Saad Eddin Nouiouat ainsi que Mouloud Kacem et d’autres.

(source : https://www.djazairouna.com/fr/2019/06/27/linfluence-de-ben-badis-dans-la-societe-profonde/)