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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
11 mars 2022

Arabisation : le professeur 'Abd Allah Cheriet face au ministre de l’éducation Mostefa Lacheref

عبد الله شريط

Dans les dernières années de la décennie 1970, le boumedienisme est traversé, sur une question aussi importante que celle de l'identité nationale, par une contradictoire majeure. Deux courants s'opposent à propos de l'arabisation du système éducatif.

En 1977, une grande polémique oppose le Ministre de l'Éducation nationale Mostefa Lacheref et le Professeur à l'Université d'Alger, ‘Abd Allah Cheriet. Dans une série d’articles publiés par celui-ci dans le quotidien arabophone Ech-Cha’b (29, 30, 31 août, 1er, 3, 4, 5 et 6 septembre 1977), ‘Abd Allah Cheriet dénonce la stratégie de « pause de l’arabisation », et l’instauration d’un projet de bilinguisme dans le système éducatif algérien. Cette série d’articles étaient des réponses à des publications du Ministre Lacheref qui justifiait son option.

Sans entrer dans le détail, ‘Abd Allah Cheriet critiquait la conception de Mostefa Lacheref selon laquelle la langue était une « forme », un outil neutre, et que le fond était le contenu de l’enseignement. ‘Abd Allah Cheriet, au contraire, estimait, en s’appuyant sur la psychologie moderne, que la langue n’était pas neutre ! Ainsi, il écrivait : « « comment pourrions-nous donner forme au «nationalisme» dans l'esprit, la sensibilité et l'imagination de l'enfant algérien, en français? »

Par ailleurs, il reprochait à Mostefa Lacheraf son option du bilinguisme, car ce dernier maintenait de fait la domination de la langue coloniale et néocoloniale française en Algérie. Cette option n'est pas une voie révolutionnaire pour l'enseignement mais une voie bourgeoise, disait-il. En ce sens, le bilinguisme ne pouvait donner au peuple sa formation socialiste. Le bilinguisme, pour le philosophe ‘Abd Allah Cheriet est « une étonnante paresse », car cette stratégie consiste à recourir à «  l'enseignement étranger parce qu'il est tout prêt et à la langue étrangère parce qu'elle est toute prête et que la nôtre est arrivée comme nous ». Il utilise une analogie éclairante : c’est comme si l’Algérie importait des usine « clefs en main », qu’elle ne saurait pas faire fonctionner.

Un autre aspect de la polémique idéologique est le reproche fait par ’Abd Allah Cheriet au Ministre Lacheref d’avoir écrit ses articles en langue française et d’avoir essayé de séparer les enseignants arabisants et francisants. Il écrit notamment :

«Personnellement, j'aurais préféré qu'il nous écrive ses articles directement en arabe, dût-il redoubler la peine qu'il a dû éprouver à les écrire en français; car alors, il aurait écrit au sujet des arabisants, aux arabisants. En écrivant en français, il écrit à leur sujet, il ne leur écrit pas (…) En tant que ministre, il aurait été bien plus beau de sa part et plus accordé à sa responsabilité nationale de s'adresser aux arabisants et aux francisants ensemble, comme à des frères qui travaillent avec lui... pour les mobiliser tous en vue du combat unique où chacun profite des connaissances de l'autre, en vue d'un travail en équipes où chacun comblerait les lacunes de l'autre ».

Ici, c’est toute la clairvoyance, l’humanisme et le sens de l’arabité de ‘Abd Allah Cheriet qui se manifestent. Une sommité à (re)découvrir.

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Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


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