Hommage au poète-militant Kamal Kheir-Beik كمال خير بك , par Kamel Nasser

Kamal Kheir-Beik fut un grand poète et militant syrien…. Il mourra assassiné. Il était né le 27 novembre 1935 à Kordaha, près de Lattaquié, en Syrie, dans une famille paysanne. À partir de 1953, il rejoint le Parti Social Nationaliste Syrien (PSNS). Dans la conception de ce parti, l’espace historique et géographique arabe est composé de quatre ensembles cohérents : la Grande Syrie (Syrie actuelle, Liban, Jordanie, Palestine, Irak, Chypre), la Péninsule arabique, la Vallée du Nil et le Grand Maghreb.

Il est condamné à mort dans son pays en raison de l’assassinat de Adnan al-Malki, le chef de l’armée, en avril 1955. Il se réfugie au Liban. Il s'inscrit à la Faculté des Lettres de Beyrouth, et intègre le groupe Shi’r (Poésie), avec notamment Youssef El-Khal, Ounsi El-Haj.

En 1959, il est nommé responsable de l'information au sein du PSNS. L’année suivante deux événements marquent son destin. Le premier est la parution de son premier recueil de poèmes (en arabe bien évidemment), Le volcan, à Beyrouth. Le second événement est sa participation la tentative de coup d’État contre le Président de la République libanaise, Fouad Shihab. Il est condamné à mort. Kamal Kheir-Beik parvient à quitter le Liban pour la Jordanie et ensuite la France. A Paris, il reprend ses études littéraires et commence un doctorat d’État sous la direction de Jacques Berque.

Entre-temps, en 1965, il publie (sous le pseudonyme de Kamal Mohammed), un second recueil intitulé Manifestations tumultueuses pour la folie.

 En France, le poète est très actif dans les comités de soutien à la résistance palestinienne, et il est contraint de quitter ce pays pour se rendre en Suisse. A Genève, il continue ses études littéraires sous la direction de Simon Jorgy. Il soutient sa thèse en 1972. Celle-ci, d’une très grande qualité académique, sera publiée en 1978 sous le titre Le Mouvement moderniste de la poésie arabe contemporaine : Essai de synthèse sur le cadre socio-culturel, l'orientation et les structures littéraires (Publications orientalistes de France, coll. : Arabiyya).

 Entre temps, en 1969, le poète militant est amnistié par les autorités libanaises. Son engagement en faveur de la révolution palestinienne se renforce, car pour lui la libération de la Syrie, l’unité de la Grande Syrie, passent par la libération de la Palestine. Nous le retrouvons au début des années 1970 avec Wadi Haddad (1927-1978), responsable des opérations secrètes du Front Populaire de Libération de la Palestine, ou encore avec Abou Daoud, l’un fondateur du Fatah, et l’un de ses responsables militaires. Kamal Kheir-Beik sera associé à une opération armée en décembre 1975 (la prise d’otages des ministres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), à Vienne!).

Il est assassiné le 8 novembre 1980 en plein Beyrouth, par des éléments sectaires d'un mouvement nassérien, les Mourabitounes. Cet assassinat illustre encore une fois les ravages au sein du mouvement révolutionnaires arabe des luttes fratricides. Il est enterré dans la capitale libanaise à l’intérieur du cimetière des martyrs du camp de réfugiés de Chatila, dans un espace géré par l’OLP, non loin de la tombe de l’écrivain palestinien Ghassan Kanafani (1936-1972), lui aussi assassiné.