Eloge de la sainte langue arabe, langue du Ciel sur la Terre, par Kamel Nasser

La langue arabe n’est pas un outil neutre, un simple moyen de communication. Elle est une structure de l’âme de la Nation arabe. C’est d’ailleurs à travers cette langue que l’arabité se manifeste au plus haut point.

L’arabisation en Algérie, après 130 années d’aliénation coloniale, et de 60 années d’influence et parfois de domination néocoloniale, représente une exigence historique et métahistorique, un défi politique et métapolitique. Ce processus est tout simplement celui  de la décolonisation culturelle entamée à partir des années 1920-1930 par la dynamique islahiste qui fut un acteur essentiel du mouvement national algérien. Le travail de protection et de diffusion de la langue arabe réalisé par l’Association des Oulémas Musulmans Algériens, sous la direction éclairée du cheikh ‘Abd el-Hamid Ibn Badis, est une magnifique illustration de ce qu’il nous faut accomplir aujourd’hui.

Certes, depuis les présidences d’Ahmed Bella, Houari Boumediene et Chadli Ben Djedid, la politique algérienne d’État a mis l’accent sur la démocratisation de l’accès à la langue arabe, dans les systèmes éducatifs. Et cela constitue un acquis incontestable. L’immense majorité de la jeunesse de notre pays pratique notre langue arabe au quotidien. La loi n° 91-05 du 16 janvier 1991 portant généralisation de l'utilisation de la langue arabe peut être considérée comme un formidable outil juridique de reconquête de la souveraineté identitaire et culturelle.

Des esprits tordus, comme Nadia Lakhdari, estimaient que l’arabisation correspondait à une entreprise de « moyen-orientalisation de l'Algérie ». Et cette écrivaine dénonçait même les réfugiés palestiniens présents en Algérie d’avoir été le vecteur de cette arabisation et d’une culture de la haine. (cf. Nadia Lakhdari, La moyen-orientalisation de l'Algérie, revue Outre-Terre, 2009, n° 23). L’ensemble des idéologues franco-berbéristes reprennent cet argumentaire débile.

En tout cas, c’était sans compter avec les forces obscures de l’État profond - qui est le réseau néocolonial incrusté dans l’appareil, dans les administrations de l’État. Ces forces ont réussi à geler la loi de 1991, à la faveur de la décennie noire. Le gel de la loi a été promulgué officiellement par le décret législatif n°92-02 du 04 juillet 1992. C’était le temps où les éradicateurs laico-assimilationnistes avaient le vent en poupe.

L’arrivée d’une nouvelle équipe, avec Liamine Zéroual et son tournant politique arabo-musulman, change la donne. La loi de 1991 est de nouveau redynamisée, mais sous la forme d’une ordonnance (n°96-30 du 21 décembre 1996). Mais en réalité, cette ordonnance faisait de nombreuses concessions au lobby des affaires et aux groupes de pression francophones/francophiles.

Ces diverses considérations sont uniquement formulées pour rappeler que la bataille pour l’arabisation de l’espace public officiel est un impératif encore d’actualité ; et cela d’autant plus que le pays souffre de l’offensive du courant idéologique franco-berbériste (sous ses deux formes kabyliste et algérianiste) qui a réussi à transformer le texte de la Constitution de 2020 pour y consacrer une langue artificielle, le Tamazight, arme de guerre à la fois contre la langue arabe et contre les langues berbères locales.

La bataille pour la langue arabe est une bataille multiforme et systémique. C’est une bataille en même temps linguistique et politique, juridique et artistique, scientifique et spirituelle. Sans oublier le fait que la langue arabe est le lien avec la mémoire civilisationnelle arabo-musulmane, et avec la vie des peuples qui forment la fraternité historique des peuples de la Nation arabe.