L'Effet papillon contre la désespérance, par Kamel Nasser

L’un des éléments qui explique la paralysie de bon nombre de citoyens-patriotes algériens est l’immensité de l’oeuvre qui est doit être réalisée. Devant des formules comme « Renaissance nationale-civilisationnelle », « Révolution culturelle arabo-musulmane », « Créativité pour la Nation arabe », « Résurrection de l’Âme », etc., le sentiment ressenti se dédouble. D’une part, nous ressentons de la fierté, et d’autre part, de l’abattement. En effet, si la fierté exprime un sentiment d’appartenance à une Algérie à la glorieuse histoire arabo-musulmane, l’abattement, lui, signale et manifeste l’incapacité à entrer réellement dans l’Action transformatrice.

Si nous sommes ainsi paralysés, sur un plan individuel, c’est parce que nous posons - inconsciemment la plupart du temps – un rapport entre l’immensité de ce qui doit être accompli et ce que nous estimons être notre « petitesse » personnelle (moyens limités, un quotidien qui nous prend un temps énorme, insécurité et précarité de la vie, etc.). Il est vrai que la plupart d’entre nous vivons dans des conditions difficiles et que les tâches à effectuer au jour le jour sont un obstacle aux taches de transformation politico-culturelle de la réalité.

Heureusement, il existe un chemin… qui nous donne la possibilité de concilier les deux. C’est le chemin de vie de l’Effet papillon…

Connaissez-vous l'Effet papillon ? Cette métaphore, issue des sciences de la complexité, fonde mon principe d'espérance et mon optimisme.

Que dit-elle ? Simplement que, plus un système est complexe (qu'il soit physique, biologique, économique, culturel), plus il est sensible aux plus petites variations. Ainsi, selon la métaphore, le battement de l'aile d'un papillon à New York pourrait produire un ouragan à Singapour.

Il faut donc en finir avec cette croyance incapacitante selon laquelle nos réalités algérienne et arabe serait une réalité de décadence, de déchéance, de corruption, d'amnésie, de souffrance, de malvie, d'obscurcissement de l'âme.

Quand bien même tout cela serait vrai, il suffit d'une variation quantitativement minime, mais qualitativement puissante, pour opérer de véritables transformations.

Selon les sciences de la complexité, ce qui compte pour le changement ce n'est pas la logique du nombre, mais la logique de l'excellence : il faut faire en sorte que chacune de nos paroles et chacun de nos actes ait les plus grandes qualités morale, esthétique, spirituelle, civilisationnelle.

La période historique que nous traversons exige de nous que nous posions des paroles et des actes justes, pour le Salut national algérien, arabe et islamique. Le défaitisme et l'aigreur sont des offenses à la mentalité chevaleresque.