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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
14 septembre 2022

Oppression des corps et des âmes, par Kamel Nasser

PPPA_01468

 

Pour l’immense majorité de la population, en Algérie, dans toute la patrie arabe, et dans l’ensemble des pays du Tiers-Monde, la vie quotidienne est une existence qui ressemble à une « prison ». Je ne parle pas de la prison dans laquelle on enferme des criminels. Je parle des conditions sociales, économiques, matérielles dans lesquelles vivent la multitude des hommes et des femmes, et des peuples, conditions faites d’injustices sociales, d’exploitation économique, de difficultés sans nom. La vie quotidienne est une prison car les désirs, les besoins spirituels, les quêtes de beauté et de vérité ne peuvent se réaliser dans les jours qui passent. Ces besoins immatériels, qui sont la richesse de notre humanité, restent dans la sphère de la Puissance (au sens de ce qui est potentiel) et n’atteignent pas la sphère de l’Acte (la réalité concrète). La vie quotidienne est aussi une prison, car les hommes et les femmes, et les peuples privés de leurs droits réels, refoulent au fond d’eux-mêmes leurs rêves, leurs espérances. La vie quotidienne représente une telle somme de contraintes, que chaque journée une « journée du combattant », pour l’eau, le pain, le logement, le travail.

 

C’est la raison pour laquelle le socialisme est une exigence vitale, car le cortège des injustices sociales trouve sa racine non pas dans le comportement immoral de tel ou tel individu, mais dans la structure sociale de l’existence. C’est là que le marxisme montre sa force théorique sur le plan de l’analyse. Or, en Algérie, dans toute la patrie arabe, et dans l’ensemble des pays du Tiers-Monde, cette structure sociale est, non pas celle du capitalisme, mais celle du « capitalisme dépendant », ce qui n’est pas la même chose. Le « capitalisme dépendant » se caractérise par le fait que le développement proposé, au lieu de s’inscrire dans une perspective de souveraineté, de libération nationale et sociale, conforte la hiérarchie entre le Nord et le Sud, entre le Centre (occidental) et la Périphérie (le Tiers-monde). La bourgeoisie compradore joue, dans cette structure sociale, le rôle d’agent de liaison locale pour le Capital impérialiste. Cette bourgeoisie, bien évidemment, n’est en aucune manière « nationale » : soumise à l’empire, elle entend se servir dans le pillage des richesses matérielles et humaines des sociétés. En Algérie, l’Armée nationale populaire représente un bouclier de la société, même si certains spécimens de l’armée et des services de sécurité ont pu pactiser (et cela continue encore de nos jours) avec cette bourgeoisie compradore. Comme cette bourgeoisie n’est pas au pouvoir officiel, car elle agit dans l’ombre des rouages de l’État profond (cette infrastructure néocoloniale implantée au cœur des administrations publiques, à tous les niveaux), elle se heurte à d’autres fractions de la bourgeoisie algérienne, comme la bourgeoisie technocratique et industrielle, qui entend défendre le marché national. La corruption, les détournements de fonds, la surfacturation dans les transactions financières internationales, la fabrication de pénurie de certains produits, pour augmenter les prix, sont autant d’outils utilisés par « nos » compradores « algériens ».

La pression matérielle qui s’exerce sur les familles, dans la vie quotidienne, prend racine dans cette structure sociale génératrice d’injustices, d’inégalités et d’oppression. Mais la méthode dialectique et systémique nous enseigne à ne pas séparer les dimensions matérielles et les dimensions idéelles. C’est pour cela, nous devons établir le lien entre l’oppression de classe qui malmène les dizaines de millions d’Algériens et d’Algériennes, les centaines de millions d’Arabes et d’Africains, etc., et la suffocation psychique qui façonne comme une cage d’acier, une prison dans la psyché individuelle et collective.

C’est pour cela que le socialisme ne peut être pensé sans une libération spirituelle, psychique et culturelle. Les besoins du corps sont intimement liés aux besoins de l’âme. Dans les contextes algérien et arabe, le socialisme ne peut être qu’enraciné dans l’humus culturel arabo-islamique. Sans cette dimension nationale-culturelle, le socialisme peut devenir un gadget et même un vecteur d’occidentalisation.

Malheureusement, pour des raisons historiques, le socialisme et le marxisme en Algérie se sont manifestés dans un format culturel et idéologique anti-national (celui de la langue française et du mouvement de la gauche coloniale française). Quelle différence entre le marxisme de « notre » opposition de gauche, et le marxisme du Yémen, de Palestine, du Liban, de Syrie, d’Iraq, d’Egypte qui a, souvent, très souvent, fusionné avec le nationalisme-révolutionnaire arabe ! Heureusement, il a existé une petite fraction de l’intelligentsia algérienne qui, tout en étant francophone, a essayée d’élaborer une pensée de synthèse du marxisme, du nationalisme arabe et de la culture arabo-musulmane (je pense notamment aux regrettés professeurs ‘Ali El Kenz, Faycal Yachir).

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Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


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