Ethique chevaleresque et Justice sociale, par Kamel Nasser
Le “socialisme chevaleresque arabo-musulman” peut être défini comme une idéologie spirituelle de combat qui combine les principes du socialisme — c’est-à-dire la quête universelle de justice sociale, de partage et de mise en commun — avec les valeurs de la chevalerie (la Futuwwa) et les enseignements de l’Islam. Cette notion s’inspire de l’idéal de justice sociale et d’égalité du socialisme, ainsi que des vertus de bravoure, de générosité et d’honneur associées à la chevalerie. Dans le contexte arabo-musulman, elle fait écho aux enseignements islamiques sur la redistribution des richesses et l’équité sociale, tout en valorisant la lutte pour la justice et la défense des opprimés.
Ce concept peut être vu comme une réponse culturelle et idéologique aux besoins spécifiques des sociétés arabo-musulmanes. Il reflète une aspiration à un modèle de société où la solidarité et la fraternité prévalent, guidées par un sens profond du devoir moral et communautaire. Le socialisme n’est pas une valeur occidentale — pas plus que la rationalité, la liberté ou la physique quantique. Il est une valeur transculturelle et universelle, c’est-à-dire présente dans toutes les cultures de l’humanité.
Il va de soi que l’hégémonie capitaliste et le désenchantement qu’elle produit, avec son cortège d’injustices sociales, culturelles, écologiques et spatiales, ne peuvent susciter qu’une ferme opposition. Ce qu’il faut combattre, là où se situe la lutte idéologique (pour citer Malek Bennabi), c’est la domination de la forme occidentale — et même française — du socialisme au sein de la “gauche” algérienne et maghrébine. Or, nous savons que durant la période coloniale, la gauche française (SFIO et PCF) fut profondément, naturellement, massivement colonialiste.
Malek Bennabi, notamment dans un article de 1963 publié dans le journal Le Soir, n’hésitait pas à se réclamer de cette triade : “arabisme, socialisme, islam”