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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
1 janvier 2024

An-nafs (l’âme, la psyché) et ar-rûh (l’esprit) selon Al-‘Arabi Ad-Darqâwi

Lettres-d-un-maitre-soufi-sheikh-al-arabi-ad-darqawi

C'est grâce au travail de traduction à partir de l'arabe, effectué par l'architecte et philosophe musulman suisse Titus Burckhardt, que mon intérêt s'est éveillé à l'égard d'Al-‘Arabi Ad-Darqâwi (1760-1823), une éminente figure du Maghreb dans le domaine de la spiritualité soufie. Il a fondé au Maroc la confrérie qui porte son nom, Ad-Darkawiya, laquelle s'est développée dans toute la région maghrébine de la Méditerranée, notamment en Algérie. Sa branche locale a joué un rôle actif contre la colonisation française, en particulier dans les régions de l'Ouest algérien, tout au long du 19e siècle. Opposant au pouvoir de Moulay Slimane, sultan du Maroc de 1792 à 1822, le maître soufi a même été emprisonné. Titus Burckhardt a traduit un ensemble de messages et d'exhortations rédigés par le cheikh, regroupés sous le titre Lettres d'un maître soufi. Ces textes, appelés moudhâkaras, sont des leçons ou des conversations spirituelles qui fournissent des conseils, des exemples édifiants et des récits anecdotiques. Au détour d'une page, on peut découvrir des trésors de la plus haute métaphysique. L'un de ces trésors, en particulier lié au sujet de ce livre, se trouve dans la vingt-cinquième lettre :

 

An-nafs (l’âme, la psyché) et ar-rûh (l’esprit) sont deux noms désignant une seule et même chose; faite de l’essence même de la lumière, mais Dieu est plus savant. Elle se dédouble, cette chose, en vertu de deux qualités opposées, qui sont la pureté et le trouble, car la nafs, tant qu’elle subsiste, est troublée, et c’est sous ce rapport qu’elle porte son nom; mais si son trouble disparaît et qu’elle devient pure substance, elle est vraiment appelée rûh. Nous voyons d’ailleurs que les deux s’attirent mutuellement, car ils sont proches l’un de l’autre, et tous les deux sont en principe doués de beauté, de vertu et d’équilibre. Or, si Dieu veut sanctifier un de Ses serviteurs, Il marie en lui esprit et âme, c’est-à-dire, Il fait que l’un prenne possession de l’autre, ce qui se produit quand l’âme revient de ses passions qui l’avaient éloignée de sa vraie parenté et de sa patrie, qui l’avaient arrachée de sa vertu, sa bonté, sa beauté, sa noblesse, sa supériorité et son élévation et de tout ce dont son Seigneur l’avait comblée, jusqu’à ce qu’elle niât sa propre origine et ne pût plus la sonder; or, si elle ne reste plus dans cet état mais le quitte et en revient entièrement, l’esprit la transporte et lui transmet ses vérités et secrets que Dieu lui inspire, et qui n’ont pas de fin. Dans la mesure même où elle quitte ses passions, se renforce l’effusion de l’esprit de la part de son Seigneur, de sorte que les noces de l’esprit et de l’âme se multiplient, ainsi que leurs fruits, à savoir les sciences infuses et les actions qui en naissent. La jouissance de cela ne peut que porter l’homme à contrarier l’âme (passionnelle) et à entraîner celle-ci malgré ses répulsions, ses rebuffades et ses exécrations, car un tel comportement est rendu facile à l’homme par tout ce qu’il y voit de « lumières », « secrets » et « profits » spirituels.( Ad-Darqawi, 1978, pp. 85-86)

Al-‘Arabi Ad-Darqawi, (1978). Lettres d'un maître soufi. Milan, Editions Arché.

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Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


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