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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
22 avril 2020

L'Islam et la protection de l'environnement, Dr. Amina Mohammad Nasîr

 

Green islam

Introduction

Le Coran présente l'homme comme l'être noble par excellence. Dieu  lui a donné la prééminence sur toutes les autres créatures, en le désignant comme son Lieutenant sur la terre (II,30), en lui  insufflant de son esprit (Coran:XXXII,9), et en  faisant prosterner les Anges devant lui. Le Livre sacré évoque par ailleurs le témoignage de soumission rendu au Créateur lorsque Il extrait des "reins d'Adam" (Coran: VII, 172) sa postérité future, non encore née, pour lui  faire répondre "oui"  à la question "ne-suis Je pas votre Seigneur?  (Coran: VII, 172).

Le Très-Haut a donc mis au service de l'homme tout ce qui est dans les cieux et sur la terre (Coran: XXXI, 20). Il a envoyé Ses Prophètes et leur a révélé Ses Écritures Saintes pour qu'ils annoncent la Bonne Nouvelle, avertissent les hommes (Coran: IV, 65) et fassent régner la justice sur la terre; et aussi afin que, dit le Coran, "celui qui devait périr, périsse pour une raison évidente, et que celui qui  demeurerait en vie, survive comme témoin d'une preuve irréfutable" (VIII, 42), et encore, "que l'homme n'ait aucun argument à opposer à Dieu"  (Coran, IV, 165).

Dieu a également privilégié les humains par rapport aux autres créatures en les dotant de la raison grâce à laquelle ils discernent et jugent les choses qui les entourent. Cet être, si distingué par sa nature, a eu l'insigne honneur d'être évoqué avec égard devant la Céleste Compagnie des Anges. Le Saint Coran dit à cet égard : "Nous avons ennobli les fils d'Adam, Nous les avons porté sur la terre ferme et sur la mer. Nous leur avons  accordé d'excellentes nourritures; Nous leur avons donné la préférence sur beaucoup de ce que nous avons crées"  (XVII, 70).

Dans son commentaire du Coran, Ibn Katîr a écrit à propos de ce verset : "Ici Dieu rappelle Ses bienfaits envers les fils d'Adam, lorsqu'Il vanta leurs mérites devant la Céleste Compagnie des Anges, alors qu'ils n'étaient pas encore nés... De cet honneur fait à Adam, il est également question dans plusieurs Traditions du prophète, parmi lesquelles figurent le Hadith concernant "l'intercession", et le récit dit de "Moïse", où il est dit : "...lorsqu'il se trouva devant lui, il lui demanda : Es-tu Adam que Dieu a crée de Ses  propres mains, l'être en qui Il a insufflé de son esprit et devant qui il fait prosterner Ses Anges...".

Le concept de l'environnement.

Dans son acception la plus générale, le terme "environnement" désigne un milieu où une chose ou un être se trouve à un moment donné. Ainsi conçu, le terme englobe toutes les espaces où l'homme vit, à commencer par l'utérus maternel (environnement originel), en passant par la maison, l'école, le quartier, jusqu'à la terre tout entière, voire l'univers dans son ensemble.

Mais le terme "environnement" va recevoir une définition plus restrictive et plus précise à partir de 1972 lors la conférence tenue à Stockholm sous l'égide des Nations-unies. Il désigne désormais "l'ensemble des conditions sociales et des ressources matérielles disponibles dans un milieu à un moment donné, et qui servent à satisfaire les besoins de l'homme".

Dans cette acception, l'"environnement" comprend les éléments naturels : l'eau, l'air, la terre; les ressources énergétiques, minérales, végétales et animales. Et si l'une de ces ressources en vient à être polluée, c'est toute la planète qui en patît. L'explosion de la centrale nucléaire à Tchernobyl constitue à cet égard un  exemple prégnant de désastre écologique dont les conséquences néfastes ont été transfrontalières. Il en est de même lorsqu'une "marée noire" se produit au large du Golfe : tous les pays de la région en subissent les effets pervers.

Pour parer à ce genre d'accidents écologiques qui menacent notre demeure commune, la Terre, et hypothèque notre avenir, il nous incombe de promouvoir la coopération internationale dans le cadre du système des Nations-Unies ou d'autres organismes similaires.  Cette coopération inter-étatique devient d'autant plus réalisable que, grâce aux moyens sophistiqués de communication, la planète semble n'être plus qu'un "petit village".

Notons également, parmi les menaces qui pèsent sur l'environnement, la dégradation de la couche d'ozone, à cause des rejets de quantité importante de gaz dans l'air.

L'environnement, avec ses diverses composantes étroitement liées, constitue donc le cadre de vie de l'homme.

L'univers, avec ses galaxies et ses nébuleuses; ses soleils et ses planètes; ses comètes et météorites, forme un tout homogène, merveilleusement organisé et maintenu en équilibre grâce, entre autre, aux forces d'attraction. Une moindre faille dans une partie de cet ensemble harmonieux, et c'est toute la machine universelle qui est menacée! Ainsi, supposons qu'une constellation se libère de la force d'attraction qui la maintient en équilibre, elle s'enfoncerait dans le vide sidéral, ses constituants se désintégreraient et entreraient en collision les uns avec les autres. Un tel accident, s'il se produisait, serait susceptible de mettre la vie en danger. Mais, rappelle le Coran, "Dieu retient le ciel pour l'empêcher de tomber sur la terre, sans sa permission. Dieu est, en vérité, bon et miséricordieux envers les hommes"  (XXII, 65).

Par ailleurs, la science nous apprend que si la quantité de chaleur qui nous provient du soleil en vient à changer d'une façon notable, cela entraînerait un relèvement de la température à des degrés insupportables, ou, au contraire, une vague de froid qui serait fatale à la vie.

Rendons grâce donc à Dieu qui crée toute chose avec mesure et harmonie.

 

Le rôle de l'homme, en tant que "lieutenant de Dieu sur la terre" dans la protection de l'environnement

Être noble par excellence pour l'homme, affirme le Coran, c'est de le consacrer "lieutenant de Dieu sur la terre". De ce fait, toutes les richesses, tous les trésors de la terre sont mis à sa disposition. Par ailleurs, il est invité à réfléchir sur le monde, en vertu de la parole divine suivante :"Ne considèrent-ils pas au-dessus d'eux, le firmament? Ils voient comment Nous l'avons édifié et orné et il est sans fissures. La terre ! Nous l'avons étendue; Nous y avons jeté les montagnes; Nous y avons fait pousser toutes sortes de belles espèces" (L, 6-7).

Aussi le Coran met-il en garde l'homme d'oublier l'Ordonnateur de toute chose, le Maître de la terre et des êtres qui s'y trouvent :"Donnez en aumônes ce dont Il vous a fait les dispensateurs"  (VI, 170), ou encore :"C'est lui qui a fait de vous Ses lieutenants sur la terre. Il a élevé certains d'entre vous de plusieurs degré au-dessus des autres pour vous éprouver en ce qu'Il vous a donné" (VI, 165)

 

Cependant, les biens terrestres ne doivent pas détourner l'homme de son Créateur, conformément à la parole divine :"Le jugement n'appartient qu'à Dieu. Il a ordonné que vous n'adoriez que Lui; telle est la Religion immuable; mais la plupart des hommes ne savent rien !" (XII, 40).

Dieu, qui a promu l'homme au rang de son "vicaire" sur la terre, en Être parfaitement les capacités physiques et mentales. Mais les Anges n'en savent rien qui interrogent le Très-Haut : "Vas-tu ... rétablir  (sur la terre) quelqu'un qui fera le mal et qui répandra le sang, tandis que nous célébrons Tes louanges en Te glorifiant et que nous proclamons ta sainteté ? " (II, 30).

Cependant, l'homme n'a pas toujours été à la hauteur de son rang dans ce monde. Ses agissements, ses rapports avec ses semblables et son environnement sont parfois incompatibles avec la noble mission qui est la sienne. Doté de dons extraordinaires et d'une parfaite constitution, il était pourtant naturellement prédisposé à se conduire d'une manière convenable dans la société et à vivre en harmonie avec la terre, d'autant plus que elle est la planète la mieux adaptée pour l'abriter, grâce, entre autres, à la pesanteur qui en assure l'équilibre. De fait, Cette loi physique est d'une importance capitale comme les astronautes ont pu en faire l'expérience, en marchant sur la lune, où les corps sont six fois plus légers.

 Dieu a donc créé le milieu terrestre à la convenance de l'homme qui est tenu de ce fait de le développer et de le garder en bon état pour les générations à venir, sachant que toute dégradation de l'un des éléments : l'air, le sol, l'eau ou la végétation, sera dommageable à l'humanité tout entière. Méditons à cet égard les versets coraniques suivants :"parcourez la terre et considérez comment Il donne un commencement à la création" XXIX, 20); "Dans la création des cieux et de la terre, dans la succession de la nuit et des jours, dans le navire qui vogue sur la mer, portant ce qui est utile aux hommes, dans l'eau que Dieu fait descendre du ciel et qui rend la vie à la terre après sa mort -cette terre où elle dessimine toutes sortes d'animaux- dans les variations des vents, dans les nuages assujettis à une fonction entre le ciel et la terre, il y a vraiment des signes pour un peuple qui comprend!" (II,164) ; "... et ils méditent sur la création des cieux et de la terre : notre Seigneur ! Tu n'as pas crée tout ceci en vain !" (III, 191).

Conscients des problèmes qui pèsent sur l'environnement, les Nations développées ont multiplié les efforts à travers des conférences, des colloques et des recherches ainsi que par des actions concrètes sur le terrain, en vue d'inciter l'homme à ne plus considérer la nature comme son esclave, en cessant ses actions destructrices contre elle. La terre est aujourd'hui plus que jamais menacée, à cause, entre autres, du nombre extraordinairement élevé de ses habitants et de leurs activités tentaculaires et qu'ils continuent à développer à un rythme effréné. Il s'ensuit que la capacité de la terre à réparer les dégâts causés par l'homme et à se régénérer, en sont désormais sérieusement réduites.

A la lumière de ce qui précède, on pourra présenter les grandes lignes qui, du point de vue de l'Islam, doivent régenter les rapport de l'homme avec son milieu naturel. Elles sont au nombre de six:

1. Les rapports de l'homme, en tant que lieutenant de Dieu ici-bas, avec son milieu, sont régis par un éventail de principes moraux et religieux inscrits dans le Coran et dans les Traditions du Prophète. On en donnera  quelques exemples plus loin.

2. Le fait que l'Islam envisage la protection de l'environnement sous un angle religieux a une portée fondamentale : il implique que toute atteinte portée à la terre est considérée comme une transgression de la loi divine et sera donc punie par le Maître Souverain de l'Univers.

3. Du point de vue de la morale islamique, l'homme est tenu de préserver son milieu terrestre et de ne pas perturber l'ordre et l'équilibre qui y règnent, puisqu'il y va de sa propre survie. Il lui incombe également de respecter les lois qui régissent cet univers et qui émanent du Dieu créateur et Maître de toute chose.

Si l'homme s'acquittait de ses devoirs envers la nature tel que le recommande l'Islam, il aurait pu éviter les divers désastres écologiques qui ont jalonné son histoire -comme l'usage de l'arme nucléaire ou chimique-, et dont les dégâts ont affecté tout autant le milieu naturel que l'homme qui y vit.

4. L'Islam promet une récompense à quiconque préserve la nature et une punition à ceux qui la corrompent. On lit à cet égard dans le Coran : " Serez-vous capables, si vous tourniez le dos, de semer la corruption sur la terre et de rompre vos liens de parenté" (XLII, 22).

5. L'Islam rend hommage à l'homme qui, grâce à sa science, parvient à déceler les Signes de l'Omnipotence divine dans l'univers terrestre ou cosmique, et qui utilise les connaissances ainsi acquises dans la mise en valeur des Bienfaits mis par Dieu à son service. Le Coran ne cesse d'inviter l'homme à la réflexion sur ce qui l'entoure: "...Parcourez la terre et considérez comment Il donne un commencement à la création" (XXIX, 20); "Que l'homme considère donc ce avec quoi il a été créé (LXXXVI, 5); "Que l'homme considère sa nourriture" (LXXX,24); "Ne parcourent-ils pas la terre ? n'ont-ils pas des coeurs qui comprennent et des oreilles qui entendent ?" (XII, 24); "Ne considèrent-ils pas au-dessus d'eux le firmament ? Ils voient comment Nous l'avons édifié et orné et qu'il est  sans fissure" (L, 6); "Ne voient-ils pas la terre ? combien nous y avons fait pousser d'espèces !" (XXVI, 7).

La foi islamique nous incite donc à une meilleure connaissance de notre environnement, des différentes entités qui le composent et des rapports d'interaction qu'elles entretiennent entre elles. Elle nous invite aussi à travailler de concert, et avec application, pour la préservation de notre Demeure commune, la Terre, dans le bien des générations présentes et futures.

L'équilibre et l'harmonie dans la Création de l'univers.

L'environnement de la terre, planète bleue du système solaire, comprend l'eau, la croûte terrestre et les matières qui gisent au-dessous d'elle, la faune et la flore, l'homme lui-même, la chaleur reçue du soleil...  sans oublier les facteurs qui influent considérablement sur cet environnement comme la rotation de la terre autour du soleil, l'attraction de la lune, etc. Tous  ces éléments réunis ont concouru, à travers un jeu éminemment complexe d'interactions réciproques, à faire de notre planète un milieu idéal pour l'éclosion et la perpétuation de la vie.

Les scientifiques conviennent d'envisager l'environnement comme un ensemble de sous-systèmes écologiques concentriques formés à partir des mêmes éléments de base, mais différents quant à leurs dimensions respectives et à leur localisation. Ce grand édifice écologique se caractérise, par ailleurs, par le fait que ses différentes parties, loin d'être indépendantes, réagissent au contraire les unes sur les autres, assurant ainsi à l'ensemble équilibre et homogénéité. De là vient que la destruction d'un milieu ou d'une ressource écologique se répercute sur le macro-environnement dans son ensemble. Ainsi, le dépérissement ou l'abattage d'un arbre à feuillage entraîne la mort des plantes et des animaux qui vivent sous son ombrage et leur remplacement par d'autres qui supportent mieux le rayonnement du soleil. L'on sait du reste que la présence concomitante de certaines espèces végétales dans un espace donné en assure l'équilibre du point de vue écologique, de sorte qu'aucune composante de cet espace naturel n'est sacrifiée au profit des autres. Car, dit-on, pour que la chaîne écologique reste soudée,  il faut d'abord que chacun de ses maillons soit solide.

Les changements qui interviennent dans la nature sont généralement cycliques . Et, même s'il leur arrive d'être irréguliers, ils ne bouleversent guère les équilibres naturels, sauf en cas de catastrophes écologiques. Les effets négatifs de celles-ci sur l'environnement ne sont pas toujours faciles à réparer. Et plus l'ampleur des dégâts est grande, plus la nature met de temps pour remettre les choses dans leur état premier.

Le caractère proportionné et harmonieux de l'univers est mis en évidence dans les versets coraniques suivants : "Nous avons crée toute chose avec mesure"(LIV,49); "Le soleil ne peut rattraper la lune; ni la nuit devancer le jour. Chacun d'eux vogue dans son orbite" (XXXVI, 40); "Nous n'avons pas crée par jeu les cieux, la terre et ce qui est entre les deux. Nous les avons crée en toute vérité; mais la plupart des hommes ne savent pas" (XLIV,38-39); "Il crée les cieux et la terre en toute vérité; il enroule la nuit sur le jour, et il enroule le jour sur la nuit. Il a assujetti le soleil et la lune : chacun d'eux poursuit sa course vers un terme fixé. N'est-Il pas le Tout-Puissant celui qui ne cesse de pardonner?"(XXXIX, 5); "C'est lui qui a crée la nuit et le jour, le soleil et la lune, chacun voguant dans une orbite" (XXI, 33).

Les citations coraniques précédentes font apparaître la merveilleuse et magnifique architecture de l'univers, l'ordre et la perfection de la Création : faits, somme toute, corroborés par certaines données de la science moderne. Ainsi, des  scientifiques contemporains, et non des moindres, ont abouti à la conclusion que la disposition équilibrée des phénomènes de la nature, l'harmonie et la proportion de l'univers témoignent de l'existence d'un Dieu, Architecte Unique et Maître Souverain des Mondes. L'unicité du Créateur ressort  de ces versets  du Coran : "Si des divinités autres que Dieu existaient, le ciel et la terre seraient  corrompus. Gloire à Dieu, le Seigneur du Trône, très éloigné de ce qu'ils inventent!" (XXI, 22).

Dans son livre intitulé  "Man does not stand alone", Dr. Chris Morison, ancien président de l'Académie des Sciences de New York et membre de la Royal Society de Grande Bretagne, écrit : "A la surface du soleil, astre producteur d'énergie nécessaire à la vie, la température atteint 6582° C. Notre planète, terre, tourne autour de cette étoile brûlante à une distance telle qu'elle en reçoit une quantité de chaleur tout juste suffisante à son réchauffement : ni plus ni moins. Et pendant des milliers d'années, cette distance est restée quasiment inchangée. Ce qui a permis la perpétuation de la vie dans les formes que nous connaissons. Or, il suffit que la température du globe terrestre augmente annuellement de 20 degré de plus pour que disparaisse toute forme de végétation et que l'homme lui-même périsse à la suite d'un grand froid, ou d'un réchauffement excessif de la planète. Si la terre, ajoute-t-il, tournait autour du soleil à une vitesse de 25,74 km par  seconde, au lieu de 28,96 km, comme c'est le cas actuellement, la distance de notre planète par rapport à son étoile ne serait plus la même, ce qui serait fatal pour la vie qu'elle abrite. En outre, si le soleil n'émettait que la moitié de la chaleur qu'il libère actuellement, on se serait congelé. Si, au contraire, le rayonnement solaire augmentait de la moitié, on serait calciné depuis belle lurette ! Mais Dieu (exalté soit-Il) a créé toute chose "avec mesure" (Coran: LIV, 54), et c'est "Lui qui, -dit le Coran- a donné à chaque chose sa forme, puis l'a dirigée" (XX,50).

 "La terre, poursuit notre auteur, se trouve à une distance approximative de 348400 km de la lune. La force d'attraction de cette dernière sur notre planète se traduit par le phénomène des marées : mouvement oscillatoire des niveaux de l'eau marine qui atteint, dans certaines zones océaniques, environ 18,28 m. L'attraction lunaire entraîne également un soulèvement de plusieurs pouces de l'écorce terrestre, considérée pourtant très solide. Cependant cette force extraordinaire qui influe aussi bien sur le niveau de la mer que sur les croûtes continentales est quasiment imperceptible. Mais si la distance lune-terre n'était que de 80450 km, l'attraction génératrice de marée serait telle que les eaux des océans balayeraient deux fois par jour les régions côtières basses, emportant tout sur leur passage. La terre tout entière en pâtirait. Les marées atmosphériques, elles, provoqueraient de violents cyclones tous les jours...".

 

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Rendons donc grâce à Dieu qui a conçu cet univers dans l'ordre et l'harmonie, pour le bien de l'humanité : "le soleil, la lune et les étoiles sont soumis a son ordre" (Coran, VII,54); "n'est-ce pas Lui qui a établi la terre comme un lieu de séjour, qui a fait jaillir les rivières, qui a placé des montagnes sur la terre et une barrière entre les deux mers? Mais non! la plupart des hommes ne savent rien!" (XXVII, 61). Le Très-Haut dit également dans le même ordre d'idée: quant à la terre, Nous l'avons étendue, Nous y avons jeté des montagnes, Nous y avons fait croître toute chose avec mesure" (XV, 19); "le soleil ne peut rattraper la lune; ni la nuit devancer le jour; chacun d'eux vogue dans son orbite" (XXXVI, 40); "Il a mis à votre service ce qui se trouve dans les cieux et sur la terre. Tout vient de Lui; il y a vraiment là des signes pour un peuple qui réfléchit ! " (XLV, 13)

Revenons aux réflexions de Dr. Chris Morison à propos de l'organisation parfaite et harmonieuse de l'univers : "Si l'angle d'inclinaison de la sphère terrestre n'était pas ce qu'il est actuellement, les deux pôles de celle-ci (l'arctique et l'antarctique) seraient plongés dans une éternelle obscurité, les vapeurs d'eau venues des océans se déplaceraient du Sud vers le Nord et vice versa, laissant derrière elles des immenses bancs de glace et des montagnes de sel. Il en résulterait un dénivellement de la surface terrestre, une baisse considérable des niveaux de mer, et par extension, une raréfaction des précipitations à l'échelle du globe...De même, si l'écorce terrestre était sensiblement plus épaisse qu'elle ne l'est actuellement, le dioxyde de carbone et l'oxygène seraient absorbés, et la terre deviendrait impropre à tout genre vie..."

Mais notre propos n'est pas ici de citer tout ce qui a été dit par les scientifiques à propos de l'organisation céleste parfaite et la magnificence de la Création. Il s'agit tout simplement pour nous d'illustrer, à travers quelques exemples représentatifs, cette  réalité fondamentale, à savoir que l'ordre, l'équilibre et l'harmonie de notre espace environnemental dans son ensemble, a, pour corollaire, le devoir pour l'homme de le préserver jalousement contre toute dégradation. Car, rappelons-le, notre terre a déjà été victime de plusieurs désastres écologiques dus à l'activité de l'homme. La destruction des ressources environnementales est contraire à la foi islamique qui voit dans les différentes parties de l'univers autant de manifestations de la Toute-Puissance divine. Il incombe donc aux musulmans de veiller à la protection de la terre contre les actions destructrices et irresponsables de l'homme. Pour ce faire, il convient d'encourager les études et recherches scientifiques dans le domaine du développement et la bonne gestion des ressources naturelles. Il ne faut pas oublier en effet que la surexploitation d'un bien d'environnement, comme les minerais par exemple, pourrait engendrer des effets néfastes pour l'homme. D'où la nécessité de travailler dès maintenant pour la protection des richesses de notre planète dans l'intérêt des générations présentes et à venir. Il faudra aussi chercher de nouvelles ressources, non seulement à la surface de la terre et dans son sous-sol, mais également dans les fonds marins. On peut également, dans la même perspective, envisager le recyclage et la réutilisation des produits manufacturés qui viennent à être usés.

 

Règles édictées par l'Islam pour la protection de l'environnement et la répartition des ressources naturelles

L'Islam, soucieux de préserver l'environnement dans toutes ses dimensions, a établi un ensemble de règles destinées à régir les rapports de l'homme vis-à-vis de son milieu naturel, notamment en ce qui concerne la propriété foncière et la conservation des terres.

La préoccupation écologique de l'Islam se manifeste aussi dans l'importance qu'il accorde à la recherche scientifique visant à promouvoir l'environnement et ses différents constituants : l'homme, les terres, les montagnes, les mers, le ciel, etc. A cet égard, le droit de propriété, individuelle ou collective, a fait l'objet d'une abondante littérature juridique. En effet, soucieux de trouver les meilleurs moyens de préserver les équilibres écologiques, nos docteurs de la loi se sont attachés à définir la "propriété" (collective ou individuelle) et à déterminer les manières dont les propriétaires doivent en jouir conformément aux normes de bonne gestion édictées par l'Islam. Le Très-Haut a dit à cet égard : "Il a crée pour  vous tout ce qu'il y a sur la terre" (II, 29); "Ne voyez-vous pas que Dieu a mis à votre service ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre ? Il a répandu sur vous des bienfaits apparents et cachés" (XXXI, 30).

Les juristes musulmans ont donc élaborés des dispositions légales qui garantissent à chacun ses droits, y compris le droit de propriété, conjurant de la sorte l'amour de la possession, ainsi que les inextricables litiges qui en résultent. De cette manière, l'environnement sera protégé contre toute sorte d'abus préjudiciables à la terre comme à ses habitants. De fait, la législation islamique assigne à la "propriété" une fonction sociale, ce qui marque une fois de plus l'importance attachée par l'Islam à l'environnement et à l'organisation des rapports de l'homme avec la nature. Dans cet esprit, ce dernier doit réaliser que sa véritable mission, en tant que "lieutenant de Dieu sur la terre," n'est pas d'exercer sa tyrannie sur celle-ci, en saccageant inconsidérément les dons de la nature mis à sa disposition par le Créateur et Maître unique "à qui appartient la royauté des cieux et de la terre et ce qu'il y a entre les deux" (Coran, V, 18).*

La loi islamique ne conçoit pas le "droit de propriété" comme un droit d'user et de jouir d'un bien d'une manière exclusive et absolue; elle considère au contraire que l'homme n'est que le dépositaire des richesses de la terre qui appartiennent, en réalité, à Dieu, Créateur et Dispensateur de toute chose. De ces biens, l'homme doit donc user pour réaliser la mission à lui dévolue conformément à la Volonté et aux Sages directives divines. Et il est essentiel, selon nos juristes musulmans, de ne pas perdre de vue que tout ce dont on dispose n'est qu'un Dépôt à nous confié par Dieu, à qui appartient toutes les richesses du monde. C'est ce qui est confirmé dans ces versets du Coran : "Donnez en aumône ce dont Il vous a donné la lieutenance" (LVII, 7); "c'est Lui qui fait de vous Ses lieutenants sur la terre. Il a élevé certains d'entre vous de plusieurs degré au-dessus des autres pour vous éprouver en ce qu'Il vous a donné" (VI, 165).

A ce sujet, Ashâtibî et autres juristes musulmans soutiennent que le Pouvoir de disposer des biens de la terre a été délégué à l'homme par Dieu, Souverain absolu et Maître de l'univers. Par conséquent, même si on est le premier à mettre la main sur une chose, une terre par exemple, on ne doit pas oublier qu'il s'agit en fait d'un bien concédé par Dieu en notre faveur. Et dès lors qu'elle considère la propriété comme une fonction sociale, la législation islamique autorise l'autorité gouvernementale d'intervenir pour mettre fin à une mauvaise gestion des biens de la nature, autrement dit lorsque, par exemple, une terre labourable est laissée en friche, ou qu'elle est mal entretenue; ou encore lorsque des marchandises sont stockées en vue de la spéculation. Le pouvoir public a également le devoir de stimuler le développement et la production et d'orienter l'activité commerciale, industrielle et agricole en considération de l'intérêt public. Ainsi, tout produit susceptible de nuire à la terre et à la société doit être interdit, même s'il se révèle plus rentable pour son producteur.

La question de l'orientation de l'activité productive et de la mise en valeur des potentialités de la terre occupe ainsi une place importante dans la littérature juridique islamique(1). A cet effet, plusieurs règles et restrictions légales ont été fixées en vue de prévenir la mauvaise exploitation des terres et l'abus du droit de propriété en général, et ce, afin de préserver les équilibres écologiques et sociaux. Ces préoccupations se retrouvent, du reste, dans le droit français et le Code égyptien de Procédure civile (article 807).

Parmi les normes légales imposées par la loi islamique à ce sujet, on peut citer les exemples suivants : il est interdit pour le propriétaire d'une maison d'en faire un hammam si la fumée qui s'en dégage pourrait porter préjudice aux voisins.

- Il est également défendu de construire un moulin à cheval s'il est susceptible de nuire aux voisins, soit à cause de la mauvaise odeur des bêtes qui le font tourner,, soit en raison des tintements des grelots ou des grincement des meules" (2).

- Quiconque aura laissé ses arbres étendre leurs racines et leur ramures sur le fonds d'un voisin, sera condamné à réparer les dégâts qui en résulteront pour ce dernier; il est fait application du même principe à l'encontre de celui qui aura construit sur son domaine un mur propre à boucher la vue à son voisin, l'empêchant ainsi de lire.

Ce qui précède montre à quel point l'Islam est soucieux du respect du milieu social et des rapports de bon voisinage; de la  sorte, l'homme, sa vie et ses biens sont à l'abri de tout préjudice. Le Prophète a dit à ce sujet : "Le vrai Musulman est celui qui ne cause aucun mal à son voisin"; dans un autre hadith, il confie : "(l'Ange Gabriel ne cessait de me faire des recommandations au sujet du voisin que j'en vins à penser qu'il voulait qu'on en fît son héritier".

Voici d'autres règles formulées par nos juristes en vue de la protection de l'environnement économique et social :

- Est déclaré illicite toute richesse accumulée par des voies déloyales préjudiciables à la Communauté, tels que la fraude, les exactions, le monopole et la spéculation sur des denrées alimentaires ou tout autre produit nécessaire à la subsistance de l'homme; les dettes usuraires, la corruption et  l'abus du pouvoir; par conséquent, l'argent ainsi gagné doit être confisqué au profit du Trésor Public.

Ces dispositions visent donc à établir l'égalité et l'équilibre sociaux en réduisant les écarts entre riches et pauvres. Certains docteurs de la loi sont allés beaucoup plus loin dans ce sens, en préconisant des sanctions correctionnelles (ta'zîr) contre des commerçants qui, faisant fi de la tarification fixée par l'Autorité gouvernementale et de l'intérêt public, pratiquent des prix exorbitants. Cette mesure, on le voit, a pour but de lutter contre le monopole et la spéculation en cas de disette.

- Pareilles sanctions sont appliquées à des marchands qui, au mépris des ordonnances gouvernementales, se refusent à vendre certaines marchandises, préférant attendre une hausse significative des prix (3) .

- Le système successoral islamique garantit une répartition équitable des richesses et assure une meilleure conservation des propriétés foncières, en ce sens qu'il ordonne le partage de la succession entre un grand nombre d'héritiers, permettant à chacun d'entre eux d'exploiter son propre fonds pour subvenir à ses besoins. En plus, cette façon de diviser les biens successoraux empêche le cumul des richesses entre les mains d'une minorité et la surexploitation des terres agricoles par un propriétaire exclusif.

- Dans le but d'instaurer la justice sociale et de répandre le bien-être au bénéfice de tous, l'Islam a également imposer un certain nombre de taxes sur les revenus provenant de différentes activités productives, commerciales, agricoles et autres, parmi lesquelles on peut citer : taxe foncière, impôt de capitation (imposé aux protégés juifs et chrétiens), droits de douane, la dîme, impôt sur les marchandises, etc.

- L'Islam fait obligation aux riches de prendre en main ceux de leurs proches parents qui sont pauvres et incapables de gagner leur vie. Les habitants d'un quartier se doivent solidarité et assistance mutuelles. Bien plus, certains docteurs de la loi vont jusqu'à considérer comme responsables de meurtre les habitants d'un village qui auront laissé mourir de faim un des leurs, et les condamnent, de ce fait, à payer, solidairement et collectivement, le prix du sang (diyat) aux ayant-droits de la victime (4).

- La législation islamique engage le Trésor public de prendre en charge les personnes qui, pour cause de vieillesse ou d'invalidité, sont inaptes au travail, qu'elles soient musulmanes ou pas.

- Les différents prélèvements sur les biens des Fidèles institués par l'Islam, comme l'aumône de fin du ramadan (zakat al-fitr), les bêtes tués pendant la Fête du Sacrifice, ou celles présentées en offrande par les pèlerins pendant la même fête, rentrent également dans le cadre des restrictions imposées aux richesses individuelles.

- Certaines infractions d'ordre religieux : le parjure, la non-observance du jeûne obligatoire, le "dihâr", c-à-d, la répudiation de sa femme avec la formule "soit pour moi comme le dos de ma mère", la violation de certains interdits au cours du pèlerinage... appellent des sanctions expiatoires sous forme d'aumônes, de prélèvements en nature ou en espèce en faveur des nécessiteux.

De ce qui précède, il ressort clairement que le droit de propriété et, corrélativement, le rapport de l'homme avec l'environnement, sont envisagés par l'Islam sous un angle religieux. Dieu est le Créateur et Pourvoyeur de toutes les richesses de la terre; mais il en a confié l"intendance" à l'homme qui est tenu, en contre-partie, de les développer et de les gérer d'une manière juste et équitable, et ce, conformément aux Hautes Directives divines. Des normes et restrictions légales ont été ainsi élaborées dans le but de régler le droit de propriété, réduire les inégalités sociales et lutter contre les méthodes clandestines d'enrichissement préjudiciables à la société, comme la spéculation et l'exploitation d'autrui; et dans pareils cas, l'Autorité publique est appelée à intervenir pour confisquer les richesses accumulées illégalement afin de les répartir au profit de ceux qui en ont le plus besoin.

Un juriste musulman, Cheikh Khafîf, soutient à cet égard que le gouvernement est autorisé par la loi islamique à disposer, en fonction des besoins, des deniers publics et à les distribuer de manière à réaliser l'égalité et l'équilibre sociaux, quitte à accorder des avantages à certaines catégories sociales à l'exclusion des autres. Au demeurant, le Prophète lui-même a déjà appliqué cette règle de son vivant, lorsqu'il a réservé tout le butin pris sur la tribu juive des Banû Annadîr, aux Émigrés mecquois et à deux hommes seulement parmi les Ançarites (auxiliaires médinois), et ce, dans le but de réduire les écarts existants entre les riches de Médine, d'une part et, d'autre part, de réaliser l'équilibre et la symbiose entre ces deux groupes fondamentaux, les Émigrés et les Ançarites, qui constituaient la communauté islamique d'alors (5).

Il y a lieu de rappeler, par ailleurs, les recommandations de l'Islam au sujet des charités spontanées. Là aussi, le but était de développer les richesses et d'en assurer la bonne gestion. Ainsi, en encourageant la charité spontanée, on fait d'une pierre deux coups : d'une part, on prémunit les déshérités contre les égarements et les vices liés à la privation, en leur permettant de subsister dignement; et d'autre part, on met les riches à l'abri des actes de violence qu'engendrent la misère et la haine de ceux qui en souffrent. Voilà pourquoi l'Islam, qui considère les pauvres comme des "personnes à la charge de Dieu" ('iyâl Allah) exhorte les riches à donner en aumône leurs biens en surabondance et les met en garde contre la thésaurisation, présentée par le Coran comme l'un des péchés les plus graves : "annonce un châtiment douloureux à ceux qui thésaurisent l'or et l'argent sans rien dépenser dans le chemin de Dieu, le jour où ces métaux seront portés à incandescence dans le feu de la géhenne et qu'ils serviront à marquer leurs fronts, leur flancs et leur dos : voici ce que vous thésaurisez ; goûter ce que vous thésaurisez !" (IX, 35).

Il est donc interdit, du point de vue de l'Islam, d'amasser l'argent sans en dépenser en faveur des pauvres et sans l'investir dans des projets bénéfiques à la société; c'est que la thésaurisation des biens ne favorise pas la protection et la promotion de l'environnement.

L'Islam, pour prémunir l'homme contre des tares morales comme l'égoïsme, l'avarice et la lésine, prône la générosité, la pondération et la bienveillance à l'égard de ses semblables et du milieu naturel, la terre. Au demeurant, les richesses et les dons de celle-ci sont à même de nous assurer le bien-être, pour peu que nous sachions les gérer d'une manière rationnelle et judicieuse, telle que nous le recommande la loi divine qui condamne l'étalage du luxe et le gaspillage sous toutes ses formes.

 

La position de l'Islam face à la pollution de la terre

Les terres émergées représentent à peine le tiers de la surface du globe, le reste étant couvert par les océans. Qui plus est, une grande partie des ses continents est inhabitable. Ce qui fait que la portion de terre sèche où l'homme peut vivre et se développer est très infime, compte tenu du nombre sans cesse croissant des habitants de notre planète.

Or la terre n'est pas seulement la demeure première et unique de l'homme; elle est aussi sa nourricière : c'est elle en effet qui lui permet de subvenir à tous ses besoins alimentaires, vestimentaires et autres. D'où la nécessité impérieuse d'en prendre soin, de la respecter et de la protéger contre toute action dévastatrice. Il sied aussi d'en préserver et mettre en valeur les richesses, en vertu des versets coraniques que voici : "Que l'homme considère sa nourriture, Nous avons répandu l'eau avec abondance, puis Nous avons fendu la terre profondément, Nous en avons fait sortir des céréales, des vignes et des légumes, des oliviers et des palmiers, des jardins touffus, des fruits et des pâturages dont vous jouissez vous et vos troupeaux" (LXXX, 32, 34); "(les hommes) ne considèrent-ils pas comment les chameaux ont été créés, comment le ciel a été élevé; comment les montagnes ont été placées; comment la terre a été aplanie?"(LXXXVIII, 30,17).

Par ailleurs, le Coran invite l'homme à considérer en lui même et dans l'univers les manifestations de la Toute-puissance divine: "il y a sur la terre et en vous même des signes pour ceux qui croient fermement. Ne les voyez-vous pas?" (LI, 20- 21); "N'ont-ils pas considéré le royaume des cieux et de la terre; et toutes les choses créées par Dieu" (VII, 185); "Ne considèrent-ils pas au-dessus d'eux le firmament ? Ils voient comment Nous l'avons édifié et orné, et qu'il est sans fissures. La terre, Nous l'avons étendue; Nous y avons jeté des montagnes, Nous y avons fait pousser toutes sortes de belles espèces comme un appel à la clairvoyance et un rappel pour tout serviteur repentant" (L, 6-8); "C'est Lui qui a fait pour vous la terre soumise. Parcourez donc ses grandes étendues; mangez de ce que Dieu vous accorde pour votre subsistance. La résurrection se fera vers lui" ( LXVII, 15); "Il a mis à votre service ce qui se trouve dans les cieux et sur la terre. Tout vient de lui. Il y a vraiment là des signes pour un peuple qui réfléchit" (XLV, 13).

D'après les versets qu'on vient de voir, l'homme est appelé à tirer le meilleur parti de l'univers terrestre et circumterrestre à lui soumis par Dieu; il doit en développer et mettre en valeur les ressources. Tout cela est réalisable grâce à la science que l'Islam ne cesse d'exalter, si bien qu'il décerne aux savants le titre d'"héritiers des prophètes". C'est donc à ces détenteurs du savoir qu'il incombe, en premier lieu, de veiller à la préservation de l'environnement et à la réparation des dégâts qu'il subit à cause d'une activité humaine débridée. Il est également de leur devoir de faire connaître et respecter les lois qui gouvernent l'univers et qui déterminent, de ce fait, l'attitude que l'on doit avoir à son égard.

Par ailleurs, le Coran - et c'est très révélateur - ne s'est pas contenté d'inciter l'homme à méditer sur le monde qui l'entoure; il a aussi mis en relief les rapports étroits existants entre l'homme et son milieu naturel, et a fixé les règles de conduite qui doivent les réglementer. Mais, hélas, de ces règles l'homme ne se soucie guère. Ce qui lui vaut cette sévère remontrance divine : "Que l'homme périsse ! quel impie !" (Coran, LXXX, 17).

Les comportements de l'homme vis-à-vis de son environnement ne sont donc pas toujours conformes aux Hautes Directives divines, ni dignes de son statut de "lieutenant de Dieu" en ce monde et du devoir de soumission absolu au Créateur qui en découle. Ce qui conduit à des actes ravageurs qui ont bouleversé les équilibres écologiques et entamé sérieusement la capacité de la terre à assurer la subsistance et la survie de ses habitants. De fait, l'homme, pour construire des villes, des routes, des aéroports, des usines et autres installations du même genre, n'a pas hésité à détruire d'immenses espaces verts et à sacrifier d'innombrables terres agricoles pourtant productrices d'aliments nécessaires à sa subsistance. Le Coran rappelle, à ce sujet : "Que l'homme considère sa nourriture; Nous avons répandu l'eau avec abondance, puis Nous avons fendu la terre profondément; Nous avons fait sortir des céréales, des vignes et des légumes, des olives et des palmiers, des jardins touffus, des fruits et des pâturages dont vous jouissez vous et vos troupeaux " (LXXX, 32-34); "la terre, Nous l'avons étendu : Nous y avons jeté des montagnes; Nous y avons fait pousser toutes sortes de belles espèces comme appel à la clairvoyance et un rappel pour tout serviteur repentant. Nous faisons descendre du ciel une eau bénie grâce à laquelle Nous faisons croître des jardins, le grain que l'on moissonne; les palmiers élancés porteurs de régimes bien ordonnés pour nourrir Nos serviteurs. Nous rendons ainsi la vie à une terre morte. Voilà comment se fera la résurrection " (L, 7-11); "Voici pour eux un signe : la terre morte que Nous faisons revivre et dont Nous faisons sortir des grains qu'ils mangent" (XXXVI, 33).

Par ailleurs, dénonçant l'attitude arrogante et irresponsable de l'homme vis-à-vis de la terre, le Livre sacré avertit : "Vous ne sauriez, sur la terre, vous opposez à la puissance de Dieu; vous n'avez, en dehors de Lui, ni maître, ni défenseur" (XLII, 31) (XLII, 31); ailleurs, le Très-Haut rappelle l'importance primordiale de la terre en tant que l'un des Témoignages de l'omnipotence divine : "tu vois parmi Ses signes, la terre comme si elle était prostrée; mais lorsque Nous faisons descendre sur elle l'eau du ciel, elle se ranime et elle reverdit. Oui, c'est Lui qui rend la vie et c'est Lui qui fera revivre les morts. Il est Puissant sur toute chose" (XLI, 39); "Il sait ce qui pénètre dans la terre et ce qui en sort; ce qui descend du ciel et ce qui y remonte. Il est le Miséricordieux, Celui qui pardonne"(XXXIV, 2); "¨O vous, les hommes ! souvenez-vous des Bienfaits de Dieu envers vous! Existe-t-il en dehors de Dieu un créateur qui vous accorde du ciel ce qui est nécessaire à votre subsistance? Il n'y a de Dieu que Lui ! Comment pouvez-vous vous détourner ( de cette vérité) ?"  (XXXV, 3).

Le Coran revient ainsi souvent sur l'importance capitale de la terre et de ses dons mis par Dieu au service de l'homme, en engageant ce dernier d'en prendre soin et de les préserver pour le bien des générations présentes et futures. Mais, de ces sages injonctions divines l'homme n'en a cure, qui, poussé par son égoïsme et son amour du gain rapide, s'est mis à saccager les biens de la nature au profit d'un développement industriel prédateur qui va s'accentuant au rythme d'une croissance démographique galopante. Tout cela s'est traduit par de graves déséquilibres écologiques qui hypothèquent l'avenir de l'homme sur la terre. Cette planète est pourtant la mieux désignée pour abriter ce dernier, comme il ressort des versets coraniques suivants : "Nous y avons (la terre) placé des aliments pour vous et pour ceux que vous ne nourrissez pas" (XV, 20); "quant à la terre, Nous l'avons étendue, Nous y avons jeté des montagnes, Nous y avons fait croître toutes choses avec mesure" (XV, 19).

Or, il se trouve que cette terre, où tout était ordre et harmonie, subit actuellement le contre-coup d'une activité humaine débridée. Ainsi, la prolifération de dépôts sauvages de déchets de toutes sortes : toxiques et radioactifs, etc. altèrent la composition chimique du sol, initialement homogène; ce qui fait que les plantes qui y poussent absorbent une bonne dose d'éléments toxiques, comme l'ont démontré les recherches botaniques réalisées à cet effet. Et comme les végétaux ainsi contaminés peuvent être consommés par l'homme ou par des animaux dont il mange la viande, on imagine aisément les conséquences fâcheuses qui peuvent en résulter pour la  santé de ce dernier.

 N'était-ce le système immunitaire dont la Providence l'a doté, l'homme serait exposé à toutes sortes de maladies, du fait qu'il ingurgite de plus en plus de produits pollués par un environnement rendu malsain par sa faute. De ce fait, l'homme, par un effet boomerang, se détruit lui-même en détruisant la nature. Le Très-Haut dit à cet égard : "Nous n'avons pas créé par jeu les cieux et la terre et ce qui est entre les deux. Nous les avons créés en toute vérité, mais la plupart des hommes ne savent pas " (XLIV, 38-39).

Mais, l'homme, ignorant ces injonctions divines, traite son environnement comme un maître son esclave. Il s'est mis dans la tête qu'il pouvait disposer des ressources de la terre et les exploiter à sa guise, sans faire aucun cas des principes - dictés par la religion - dans ses comportements avec son milieu naturel. Pourtant, le Coran ne cesse de nous interpeller :"O vous les hommes ! souvenez-vous des Bienfaits de Dieu envers vous! Existe-t-il en dehors de Dieu un créateur qui vous accorde du ciel et de la terre ce qui est nécessaire à votre subsistance? Il n'y a de Dieu que Lui! Comme vous ne comprenez pas (cette vérité)!" (XXXV, 3).

Les Saintes Traditions du Prophète abondent dans le même sens, en interdisant à l'homme de jeter n'importe où ses déchets et ses excrétions et de rendre impropre et malsain son entourage. Ainsi, d'après Abû Hurayarat, le Prophète a dit : " Gardez-vous d'être l'un des deux maudits!" ,"Qui sont-ils, ô Messager de Dieu?", lui demada-t-on; "Celui qui va à la selle dans un lieu de passage public, et celui qui se soulage dans un endroit ombragé".

Ainsi, bien que ses contemporains étaient des bédouins simples qui menaient une vie frugale et rude, le Prophète leur a interdit de jeter leurs excrétions dans la voie publique et sous un abri ombragé, pour ne pas nuire à ceux qui fréquentent ces endroits.

Le Prophète a défendu également de satisfaire ses besoins dans un cours d'eau, fleuve (comme le Nil) ou autre. Il a dit, selon la tradition rapportée encore une fois par Abû Hurayarat : "Que l'homme n'urine pas dans une eau qui stagne, puis s'en serve pour se laver".

 Mais le prophète ne s'est pas seulement opposé à la pollution des eaux et à la défécation dans la voie publique; il a aussi condamné sans appel le déboisement et le défrichement (abusifs), comme en témoigne ce hadith rapporté par Abdullah Ibn Hilchî: "Celui qui aura coupé un lotus jujubier, Dieu enfoncera sa tête dans l'enfer!". Cette tradition concise a été explicitée ainsi par Abû Dâwûd (le célèbre traditionniste) : sera jeté en enfer quiconque aura abattu injustement et abusivement un jujubier qui ne lui appartient pas, et qui, en plein désert, sert d'abri aux voyageurs et aux animaux (Cf. Abû Dawûd, (Sunan ?) vol IV, p. 361).

Par ailleurs Mohammad (à lui bénédiction et salut) exhorte les Musulmans à planter les arbres et à cultiver la terre : "Chaque fois qu'un Musulman plante un arbre ou sème une graine, il aura droit à une récompense (célèste) pour tout ce qu'un oiseau, un homme ou un quadrupède mange (de ce qui en sortira)" (Hadith rapporté par Boukharî, Muslim et Tirmîdî); la même idée ressort de la tradition suivante :"Si l'Heure (dernière) arrive et que l'un de vous tient dans sa main une plante, qu'il la repique s'il en a encore la possibilité!". Dans un autre hadith rapporté par Boukhârî, il est dit : "Chaque pas que tu fais pour te rendre à la prière, c'est une aumône; en écartant une chose encombrante du chemin, tu fais une aumône".

La désertification

Par désertification, on entend l'extension des zones arides et semi-arides et la raréfaction, corrélative, de la végétation. A ce titre, ce phénomène constitue l'un des plus graves problèmes écologiques, en ce sens qu'il touche, selon certains experts comme Birvil Mivr (?), 36 % de la surface globale de la terre. Pis encore, le processus de désertification se poursuit inexorablement et gagne de plus en plus de terrain. Ces méfaits ont été durement ressentis en Afrique et dans bien d'autres régions du monde.

L'opinion publique a commencé à prendre conscience de ce problème notamment depuis la conférence des Nations Unies tenue à Nairobi en septembre1977. En effet, c'est grâce à l'un des rapports présentés à cette conférence que l'on a appris l'ampleur de la désertification dans les régions situées en bordure du Grand désert sub-saharien : là-bas, révèle ce rapport, environ 650.000 km2 de terres agricoles et de pâturages ont été engloutis par le désert au cours d'un demi siècle. Concernant l'Égypte, il a été démontré également, grâce à des satellites de télédétection, que le désert envahit le delta du Nil, connu pour sa fertilité, à un rythme de 13 km2 par an; ce qui est d'autant plus grave que les terres cultivables en Égypte ne dépasse guère 4 % de la superficie globale du pays, et que l'accroissement démographique y est très élevé.

Ce fléau écologique a touché d'autres pays. Ainsi, le Soudan, considéré pourtant comme le pays arabe le mieux loti en ce qui concerne le potentiel agricole, souffre d'une insuffisance alimentaire; l'Algérie est menacé par l'extension du désert qui réduit considérablement ses potentialités agricoles. Dans la province de Rajasthan en Inde, 8 % des terres deviennent désertiques en moins de 18 ans. Au Chili, d'immenses pâturages se sont transformés en terres arides où plus rien ne pousse sinon le cactus et une végétation herbeuse pauvre.

Il s'agit donc là d'un véritable désastre qu'il incombe à la communauté internationale tout entière de combattre par tous les moyens à sa disposition.

L'Islam, pour parer à ce genre de problèmes, demande instamment à ses fidèles de prendre soin de la terre et de la couverture végétale qui la protège : "si l'Heure (dernière) arrive et que l'un d'entre vous tient dans sa main une plante qu'il la repique s'il en a encore la possibilité", recommande le hadith. C'est dire à quel point la religion islamique est soucieuse de la préservation des ressources végétales qui assurent la subsistance de l'homme sur la terre.

L'eau : ressource rare que l'on pollue!

La rareté de l'eau est l'un des graves problèmes auxquels l'humanité se trouve confrontée actuellement. Le fait est que non seulement les masses liquides de la terre sont limitées, mais une forte proportion des eaux disponibles sont impropres à l'irrigation, à l'usage domestique et industriel. D'où la nécessité d'une gestion rationnelle et économique de cette ressource précieuse qui conditionne notre vie sur cette planète.

L'Islam a déjà montré la voie à suivre à cet égard en interdisant le gaspillage sous toutes ses formes; ainsi, le Coran qualifie les prodigues de "frères des démons" (XVII, 27) et le Haditih nous apprend que le Prophète "n'utilise qu'une petite quantité d'eau (sâc) pour se laver et faire ses ablutions rituelles"(Rapporté par Dârimî).

Par ailleurs, le Livre Saint revient à maintes reprises sur le rôle vital de l'eau dans la nature, comme en témoignent les versets suivants : "nous avons créé à partir de l'eau toute chose vivante" (XXI, 30); "c'est Lui qui fait descendre du ciel l'eau qui vous sert de boisson et qui fait croître les plantes dont vous nourrissez vos troupeaux" (XVI,30); "Nous avons fait descendre des nuées une eau abondante pour faire pousser, grâce à elle, des céréales et des plantes" (LXXVIII, 15-15); "ne vois-tu pas que Dieu pousse les nuages puis les amoncelle pour en faire une masse ? tu vois alors l'ondée sortir de leur profondeur. Dieu fait descendre du ciel des montagnes pleines de grêle. Il en frappe qui il veut, Il  en préserve qui Il veut. L'éclat de la foudre arrache presque la vue" (XXIV, 43); "nous avons fait descendre l'eau du ciel avec mesure; Nous l'avons maintenue sur terre alors que nous pourrions la faire disparaître" (XXIII, 18); "ne vois-tu pas que Dieu fait descendre du ciel une eau et la terre reverdit au matin. Dieu est en vérité Bienveillant et Il  est parfaitement informé " (XXII, 63); "Dieu!... c'est Lui qui a créé  les cieux et la terre et qui fait descendre du ciel une eau grâce à laquelle il fait pousser des fruits pour votre subsistance. Il a mis à votre service le vaisseau pour que celui-ci, par son ordre, vogue sur la mer. Il a mis à votre service les fleuves"(XIV, 32); "Nous avons envoyé les vents chargés de lourds nuages; Nous faisons descendre du ciel une eau dont Nous vous abreuvons et que vous n'êtes pas capables de conserver" (XV, 22).

La propreté comme "acte de foi" en Islam et son impact sur l'environnement.

La propreté et la purification sont considérées en Islam comme relevant de la foi; elles constituent en effet une condition sine qua non à l'accomplissement de certaines pratiques culturelles, telle que la prière canonique et le pèlerinage. En exigeant la propreté, l'Islam habitue ainsi les fidèles à prendre soin des ressources en eau et à les protéger contre toute sorte de pollution.

Par ailleurs, l'Islam encourage les hommes de la science à entreprendre des travaux de recherche en vue de développer les moyens nécessaires à la dépollution, à la purification et à l'adoucissement des eaux. Car, de cette ressource vitale dépend la survie de l'homme, cet être éminemment noble que Dieu a comblé de Ses Bienfaits sur la terre ferme et dans les océans, et qu'Il a désigné comme Son lieutenant dans ce monde jusqu'à la fin des temps.

Il est donc nécessaire que soit maintenu l'équilibre entre les hommes - pris individuellement et collectivement - et leur milieu naturel. L'Islam nous y convie, qui fait de l'élimination des différentes souillures du corps un principe fondamental de sa foi. Ainsi, en plus de la purification majeure (ghusl) et des ablutions rituelles qui précèdent obligatoirement certains actes cultuels comme la prière canonique, la religion islamique recommande, à titre de pratique surrérogatoire, une tenue propre et convenable et un lavement de tout le corps à l'occasion de certaines cérémonies religieuses telles que la Prière collective du Vendredi, la prière collective solennelle de la fête de fin du Ramadan, et celle de la fête du Sacrifice.

Dans ce même ordre d'idées, l'Islam rejette tout ce qui est malsain et répugnant pour l'homme, mais aussi pour les Anges (qui l'entourent). A ce sujet, deux traditionnistes, Muslim et Tirmîdî, ont rapporté le hadith suivant sur l'autorité d'Abû Mâlik al-Ash'arî : "la pureté rituelle est la moitié de la religion; dire "louange à Dieu" remplit la Balance (des Bonnes actions); "gloire à Dieu, louange à Dieu" remplit l'espace compris entre le ciel et la terre. La prière rituelle est Lumière, l'aumône est preuve (de ce que le dû est acquitté); la patience est clarté; le Coran est un argument en ta faveur ou à ton détriment (selon que tu en suis ou non les presciptions)".

Selon une autre tradition, le Prophère a dit : "curez-vous les dents, car la propreté relève de la foi; et celle-ci mène au Paradis" (d'après At-tabarânî).

En outre, il est religieusement recommandé de bien conserver les aliments putrescibles, tels que la viande et le poisson. Cette mesure préventive vise à la préservation de la  santé et de l'hygiène publiques.

Méditons cet autre hadith rapporté par Abû Hurayarat : "Satan est un grand flaireur qui aime à lécher les mains (sentant l'odeur de la nourriture). Gardez-vous donc de vous coucher avant d' avoir lavé vous mains; sinon ne blâmez que vous-même si un mal vous arrive" (d'après Tirmîdî).

D'autres Tradition mettent en garde contre les germes microbiens qui infestent les mains et les bouches malpropres.

Mais la purification, telle que la conçoit l'Islam, n'implique pas seulement l'élimination des impuretés du corps. Il s'agit également de se débarrasser de toutes les souillures morales telles que la profération des obscénités, la médisance, la délation et la consommation de choses déclarés illicites par la religion, etc.

Par ailleurs, le souci des règles de civilité et de sociabilité est tel, en Islam, qu'il est interdit à toute personne qui aura mangé de l'ail ou des oignons de fréquenter les assemblées publiques (fussent-elles des Prières collectives, pourtant vivement recommandées par ailleurs), et ce, pour ne pas indisposer l'assistance par l'odeur fétide qu'exalent ces aliments. C'est ce qui ressort de la Tradition suivante du Prophète, rapportée par Jâbir : "que celui qui a mangé de l'ail ou de l'oignon se retire de notre présence et de notre mosquée et qu'il reste chez lui".

Est également dispensée de la Prière collective (pratique surérogatoire) toute personne qui sent mauvais, à cause d'une affection buccale et autre.

 Il est recommandé au Musulman, toujours dans le même esprit favorable à la propreté, de soigner sa mise et de se vêtir d'une manière convenable et élégante, et ce, en vertu de l'injonction coranique suivante : "O fils d'Adam ! portez vos parures en tout lieu de prière"  (VII, 31).

Les Musulmans sont tenus également de balayer, nettoyer et embêllir leurs maisons et leurs mosqués, pour empêcher qu'elles ne soient infestés d'insectes et de germes microbiens nuisibles. A cet égard, le Prophète met en garde ses adeptes d'être négligents en fait de propreté et d'hygiène à la manière des juifs : "Dieu - dit-il- est Pur, et Il aime la pureté; Il est Propre et Il aime la propreté; Il est Généreux et aime la générosité; Magnanime et aime la magnanimité. Nettoyez donc les cours de vos maisons et ne suivez pas l'exemple des juifs  (négligents à ce égard)" (Hadith rapporté par Tirmîdî).

Dans un autre hadith rapporté par Tabarânî dans son "Awsat" (recueil de traditions de dimension moyenne) sur l'autorité d'Abû Hurayrat : "celui qui racle la suie (de  sa marmite) dans une voie publique, est voué à la malédiction de Dieu, des Anges et de tous les hommes réunis". Dans une autre tradition semblable, il est dit : "celui qui nuit aux Musulmans, en encombrant leurs voies de passage, s'attire leur malédiction" (rapportée par Tabarânî dans son "Kabîr" (grand recueil de Traditions, sur l'autorité d'Ibn Usyad, et déclarée authentique par  Al-Hâfid al-Mundirî).

De ce qui précède, on conclut que l'Islam recommande vivement de ne pas gaspiller l'eau, d'écarter les obstacles du chemin et d'éliminer toutes sortes d'impuretés et de souillures (physique ou morale). Cette religion réprouve par dessus tout la pollution et la mauvaise gestion de l'eau, considérée à juste titre comme un bien rare et indispensable à la survie des espèces.

Mais en dépit de la rareté de cette ressource naturelle et des recommandations de l'Islam à son sujet, les hommes n'ont pas hésité à empoisonner un grand nombre de fleuves, de lacs et autres cours d'eau, rendant ainsi leurs réserves hydriques impropres à la boisson, à la baignade, ou à l'usage industriel. Il s'agit là, à l'évidence, d'une grave atteinte à l'environnement, puisque en polluant ces fleuves et ces lacs, on empoisonne du même coup les espèces vivantes qu'ils renferment, et qui constituent une ressource alimentaire précieuse. Qui plus est, la disparition de ces espèces, sous l'effet de la pollution, favorise la prolifération de micro-organismes nuisibles qui peuvent se propager au point d'infester les villes et les agglomérations riveraines. Il en résulterait de graves conséquences pour  l'environnement.

Pour parer à cette situation, certains pays ont mis en place des installations et des usines pour le traitement des eaux usées. Certes, les moyens techniques et les équipements utilisés à cette fin coûtent extrêmement cher. Mais c'est là, nous semble-t-il, la méthode la plus efficace pour lutter contre la pollution de l'eau douce.

Il convient également que se féliciter du fait que la communauté internationale prend aujourd'hui conscience des problèmes écologiques qui pèsent sur notre planète. Du coup, un arsenal de dispositions légales et réglementaires a été mis en place en vue de stopper la pollution de la terre et le massacre des ressources naturelles. Désormais, les usines sont tenues de traiter les eaux qu'elles utilisent avant de les déverser dans des rivières et autres cours d'eau.

 En réalité, ce n'est pas seulement l'eau douce qui est menacée; les mers et les océans sont aussi victimes de la pollution. Or, bien que saumâtres et impropres à la consommation domestique, les réserves hydriques marines jouent un rôle primordial dans l'alimentation des différentes sources d'eau existant dans la nature. L'on sait en effet que l'évaporation des eaux océaniques se condense dans l'atmosphère et y forme les nuages qui donnent naissance à la pluie et à la neige, lesquelles alimentent les rivières et les nappes phréatiques. Ce cycle d'eau, connu des scientifiques, a été déjà merveilleusement décrit dans le Coran. Pour s'en convaincre, il n'est qu'à méditer les versets coraniques suivants :

 -"ne vois-tu pas que Dieu pousse les nuages puisqu'Il les amoncelle pour en faire une masse ? tu vois alors l'ondée sortir de leur profondeur. Dieu fait descendre du ciel des montagnes pleines de grêle; Il en frappe qui Il veut, Il en préserve qui Il veut . L'éclat de la foudre arrache presque la vue"  (XXIV, 43);

- "C'est lui qui déchaîne les vents comme une annonce de Sa miséricorde. Lorsqu'ils portent de lourds nuages, Nous les poussons vers une terre morte; Nous en faisons tomber l'eau, avec laquelle Nous faisons croître toutes sortes de fruits. Nous ferons ainsi surgir les morts. Peut-être réfléchissez-vous" (VII, 57).

- "Dieu est celui qui déchaîne les vents. Ceux-ci soulèvent un nuage, Il l'étend ensuite dans le ciel comme Il le veut et Il le met en morceaux : tu vois alors l'ondée sortir de ses profondeurs. Quant Il la fait tomber sur qui Il veut parmi Ses créatures, les voici dans l'allégresse" (XXX, 48).

D'autres formes de pollutions dans la nature.

Les guerres constituent également une grande menace pour l'environnement, comme l'on a pu s'en rendre compte au cours des derniers conflits armés intervenus au Proche-Orient, et surtout lors de la guerre du Golfe. Ainsi, les superpétroliers endommagés au moment des hostilités déversent leur cargaison en pleine mer, provoquant ce qu'on appelle les "marées noires". Et le plus grave, c'est que ces nappes de pétrole qui s'étendent à la surface de l'eau (le pétrole étant moins dense que cette dernière), déciment le plancton, ces micro-organismes qui vivent en suspension dans le milieu marin. Or, le plancton constitue la source principale de nourriture pour les poissons et autres espèces marines, et joue, en plus, un rôle capital dans les équilibres écologiques en absorbant le gaz carbonique. Sa destruction représente donc une grave atteinte à l'environnement.

 Il convient de constater par ailleurs que les armes chimiques, les produits et les déchets radioactifs ont proliféré ces derniers temps à un rythme tel qu'ils deviennent une menace sérieuse pour la terre et pour les espèces vivantes et les ressources naturelles qu'elle abrite. Aussi des voix s'élèvent-elles - venant notamment du milieu scientifique - pour dénoncer la croisade acharnée et aveugle de l'homme contre la nature, et déclarer haut et fort qu'il faut désormais imposer des limites à la  recherche, en faisant impasse sur tout ce qui n'est pas utile à l'homme. Dans le même temps, il est recommandé d'accorder une importance toute particulière à l'exploration des fonds marins dont les richesses ont été jusqu ici mal exploitées. A ce sujet, on lit dans le Coran : "C'est Lui qui a mis la mer à votre service pour que vous en retiriez une chair fraîche et les joyaux dont vous vous parez - tu vois le vaisseau fendre les vagues avec bruit - pour que vous partiez à la recherche des Ses Bienfaits. Peut-être serez-vous reconnaissants !"(XVI,14)

Conclusion

 Nous avons essayé, tout au long de cette étude, d'examiner les différents aspects de l'environnement, en insistant sur la manière dont l'Islam entend les protéger. On a vu ainsi que les questions écologiques ont été envisagées sous un angle religieux : l'homme, lieutenant de Dieu sur la terre, a reçu la charge de veiller à la santé de celle-ci et à la préservation de ses équilibres. Pour y parvenir, il lui faut d'abord approfondir ses connaissances de l'univers pour mieux comprendre les lois qui le gouvernent, et respecter scrupuleusement, dans ses rapports avec son milieu naturel, les règles de conduite fixées par la religion. Mais il doit aussi se rappeler que cet univers, soumis au Pouvoir divin Suprême, a été mis à son service par son Créateur, et qu'il lui faut, par conséquent, tâcher d'en découvrir les lois, au moyen de la science dont les détenteurs sont considérés par l'Islam comme "les héritiers des prophètes". C'est en effet grâce à la science, que Dieu lui a donnée, qu'Adam et, partant, sa postérité après lui, a été préféré à toutes les créatures, et qu'il a mérité que les Anges se prosternent devant lui.

Voilà pourquoi l'Islam considère la promotion de la connaissance de l'univers dans toutes ses dimensions, et la préservation des systèmes écologiques dans leur ensemble, à la lumière de cette connaissance, comme autant de devoirs sacrés.

Pour récapituler, nous dirons que la protection de l'environnement est une obligation religieuse qui incombe à l'homme en vertu de son statut de lieutenant de Dieu sur la terre. Mais le devoir écologique tel que le conçoit l'Islam n'a rien à voir avec les recommandations qu'on entend au cours de certaines conférences et qui deviennent lettre morte sitôt la conférence terminée. Il ne ressemble pas non plus aux cris d'alarme lancées par des savants et qui restent sans écho. Non! l'exhortation islamique en faveur de l'environnement ne saurait être un prêche dans le désert, puisque elle procède d'une législation, des règles légales et religieuses qu'on est tenu d'appliquer sous peine de sanctions divines.

Il incombe donc à chaque Musulman de veiller à la préservation et à la conservation de la nature, d'autant qu'elle constitue l'un des merveilleux témoignages de la Toute-Puissance de Dieu, Ordonnateur de l'univers et Créateur de toute chose.

 

* D. Amina Mohammad Nasîr, Professeur de la Dogmatique et de la Philosophie islamiques, et Doyenne de la faculté des études arabes et islamiques, Alexandrie, Egypte

1- Voir Cheikh Alî Khafîf, Al-milkiyyat ash-shar'iyyat fi l-islâm ma'a al-muqârana bi sh-sharâi' al-wad'iyyat (Etude comprative de la propriété dans la législation islamique et dans le Droit positif), pp.67-69)

2- voir: Al-fatâwî al-mahdiyyat.

3- Voir: Ibn Al-Qayem Al-Zawziyyat, At-turuq al-hukmiyyat fi s-siyâsati sh-shar'iyyat (les méthodes gouvernementales au regard de la politique légale).

(Source : Islam Aujourd’hui, Rabat, Isesco, n° 13, 1995, publié en ligne sur : http://www.isesco.org.ma/francais/publications/Islamtoday/13/P5.php)

 

 

 

 

 

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