Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
22 avril 2020

Repères islamiques pour la protection de l’environnement, par le Dr Mohammad Younes

2 (3)

 

La protection de l’environnement contre les dangers de la pollution et la préservation des sources d’énergie figurent parmi les plus grandes questions de notre temps.

Cet intérêt s’est traduit par l’établissement de nombreuses chartes et lois nationales et internationales qui se fixent pour objectif de protéger l’environnement, de juguler le gaspillage des ressources naturelles et de lutter contre la disparition des espèces animales et végétales. En effet, la pollution et autres agressions subies par l’environnement ont atteint un degré de gravité tel que 80% de la faune et de la flore des régions tempérées sont menacées d’extinction. De plus, la pollution de l’eau, de l’air et la dégradation du sol porte de lourds préjudices à la santé de l’être humain en provoquant des maladies aussi graves que le cancer. Pourtant, les législations nationales et internationales n’ont pu mettre un terme à ces pratiques agressives. Aussi est-il nécessaire, pour traiter efficacement les problèmes de l’environnement, de réfléchir sur d’autres approches fondées davantage sur la conscience et la foi de l’Homme. A cet effet, l’activation du rôle de la religion, notamment l’islam, constitue l’une des approches primordiales.

Par conséquent, il est important de mettre en évidence le rôle de l’islam dans la lutte contre les problèmes de l’environnement tant au niveau de leur diagnostic que de leur traitement.

La présente étude examine la question à travers les axes suivants :

- La notion d’environnement (et ses composantes) et l’évolution de sa relation avec l’Homme.

- L’environnement dans la conception islamique.

- L’approche islamique de la protection de l’environnement et de sa préservation contre la pollution et autres types de nuisance.

Notons que, dans la présente étude, nous avons adopté une approche documentaire pour collecter les informations et les données relatives aux différentes dimensions que revêt la question de l’environnement et à la position de l’islam vis-à-vis de la question.

La notion d’environnement (et ses composantes) et l’évolution de sa relation avec l’Homme.

Tenue à Stockholm en 1972, la première Conférence internationale sur l’environnement a donné la définition suivante de l’environnement : "l’environnement c’est tout ce qui entoure l’Homme". Mais, on s’en doute,  la notion d’environnement est tellement plus vaste qu’on ne peut la définir en si peu de mots. Dans l’étymologie occidentale, le terme "écologie", science de l’environnement, provient de la racine grecque "oikos" qui signifie "habitat", alors qu’en langue arabe, le terme "Al bay’a" (environnement) procède de la racine "bawa’a" qui donne le verbe "tabawwa’a" (habiter, s’établir). Citons à titre d’illustration le verset coranique suivant : "Nous avons inspiré à Moïse et à son frère :  Etablissez (tabawwa’a), pour votre peuple, des maisons en Egypte" (Younes, verset 87). Dans cet exemple, le terme arabe "tabawwa’a" est utilisé dans le sens d’établir un logement ; il peut être également utilisé dans le sens de résider, de demeurer, ainsi le verset : "Ceux qui auront cru et qui auront accompli des œuvres bonnes, Nous les ferons demeurer pour toujours, dans le Jardin, au milieu de salles sous lesquelles coulent les ruisseaux" (L’Araignée, verset 58).

Dans un hadith rapporté par Muslim, le Prophète, paix et salut soient sur lui, dit : "Me mentir est autrement plus grave que mentir à quelqu’un d’autre; celui qui me tient sciemment des propos mensongers sera logé dans la place qu’il mérite en Enfer". Dans cette occurrence, recouvrant le même champ sémantique, le terme "tabawwa’a" est utilisé dans le sens de "loger".

Le nom dérivé de la racine arabe "bawa’a" est "bay’a" qui signifie "habitat" mais qui réfère aussi à l’espace où l’Homme s’établit ou élit domicile.

Par extension, l’écologie définit l’environnement comme étant : "le milieu où l’Homme vit et interagit avec les phénomènes naturels et humains qui l’entourent".

Dans ce contexte, les écologistes parlent d’écosystème, unité environnementale intégrée qui englobe des composantes organiques vivantes. Ces composantes interagissent avec leur environnement naturel inanimé suivant un ordre divin précis et équilibré qui leur permet de maintenir leur rôle dans la reproduction de la vie(1).

Cet écosystème se divise en quatre catégories de composantes :

1- Catégorie des éléments abiotiques : elle se compose d’éléments naturels non vivants qui renferment la totalité des ressources indispensables à la vie. Dans cette catégorie appelée aussi "catégorie constante", les matières consommées par les organismes de la deuxième catégorie sont remplacées au niveau de la quatrième catégorie : ensemble des décomposeurs des matières organiques inanimées aussi bien animales que végétales.

2- Catégorie des organismes producteurs : elle est représentée par les végétaux chlorophylliens qui synthétisent leur propre nourriture à partir des éléments de la première catégorie, d’où l’appelation “producteurs”.

3- Catégorie des organismes consommateurs : elle englobe les espèces animales qui se nourrissent d’autres organismes vivants, d’où l’appellation "consommateurs". en plus des espèces carnivores et herbivores, cette catégorie comprend l’être humain qui en constitue l’une des composantes essentielles. En effet, l’Homme exerce une grande influence sur les autres éléments de l’écosystème de par son action tantôt constructive tantôt destructive. Cet influence est d’autant plus grande que l’environnement naturel (avec tous les êtres qu’il comprend) a été dédié à l’Homme et soumis à son pouvoir.

4- Catégorie des organismes décomposeurs : elle comporte des organismes microscopiques de l’ordre des bactéries et des champignons. Ils sont dits "décomposeurs" parce qu’ils décomposent les matières organiques aussi bien animales que végétales.

Ces éléments réagissent entre eux suivant un processus bien précis. En effet, pour préserver l’équilibre de l’écosystème, chaque catégorie complète l’autre dans une belle et parfaite harmonie ; tant et si bien que tout dysfonctionnement ou insuffisance de l’un de ces éléments ou de l’une de ces catégories fausse leur interaction et cause, par conséquent, le déséquilibre et la perturbation qui font perdre au système sa capacité de générer la vie : on parle alors de dysfonctionnement de l’écosystème(2).

La relation entre l’Homme et l’environnement :

L’environnement représente un domaine vital aussi bien pour l’Homme que pour les autres êtres vivants. Les éléments de cet environnement sont créés par le tout Puissant de manière à fonctionner selon un ordre précis qui aide l’Homme à s’acquitter de sa mission civilisatrice et à honorer la lieutenance de Dieu sur terre. Le Très-Haut dit : "Il vous a créés de cette terre où Il vous a établis" (Houd, verset 61). Dieu a fait en sorte que les composantes de cet ordre fonctionnent de manière spontanée afin de "faciliter la vie" à l’Homme. Il dit : "De la terre, Il a fait pour vous un lit de repos, et du firmament, un édifice. Il fait descendre du ciel une eau grâce à laquelle il fait surgir des fruits pour assurer votre subsistance. N’attribuez pas à Dieu des rivaux, alors que vous savez" (La Vache, verset 22).

Ainsi, toutes les composantes de l’environnement fonctionnent de manière naturelle. Si bien que tout changement de fond à l’intérieur de ces composantes provoque un dysfonctionnement de l’écosystème qui perd sa capacité de générer et de maintenir la vie sur terre.

Pour expliquer le processus du dysfonctionnement écologique et les effets qu’il engendre, le Dr Zineddine Abdelmaksoud, nous livre l’exemple suivant : soit un environnement forestier qui, par l’action de l’Homme, subit un déboisement si rapide et si continu qu’il ne laisse pas à la végétation le temps de croître. Tant et si bien que la disparition progressive des arbres privent l’écosystème de l’une de ses composantes majeures. Les dangers provoqués par la disparition progressive des surfaces boisées se présentent comme suit :

- Le déboisement progressif débouche sur la dégradation de la faune terrestre dont l’existence dépend de la végétation en tant que source de nourriture et en tant qu’abri.

- Le sol qui contenait cette végétation est menacée d’un glissement massif, notamment au niveau de sa couche supérieure qui renferme généralement la plupart des matières nutritives, nécessaires à la vie végétale. Ce glissement de terrain affaiblira, par conséquent, sa capacité à synthétiser ces matières.

- Le cycle oxygène-dioxyde de carbone se voit perturbé. En effet, pendant la photosynthèse, les arbres libèrent une grande quantité d’oxygène et absorbent une quantité tout aussi importante de dioxyde de carbone. Partant, les écologistes affirment que le déboisement abusif accentue la pollution de l’air par le dioxyde de carbone.

- Le cycle de l’eau est, à son tour, perturbé à cause de la diminution de la quantité d’eau qui s’évapore dans l’air après avoir été interceptée et stockée par les arbres. En effet, des études ont montré que dans les zones forestières, 60% des précipitations sont recueillies par les arbres et redistribuées dans l’atmosphère par évaporation.

Le cycle sera, en outre, déréglé par l’augmentation de l’albédo, due à la dégradation du tapis végétal. L’albédo est le pourcentage de flux des ondes solaires réfléchies (ondes courtes). L’albédo augmente à mesure que les sols se dégarnissent de leur végétation et diminue, en revanche, avec la densité de la couverture végétale. Cela signifie que plus la végétation diminue, plus l’albédo augmente. Par conséquent, la terre ne réfléchit que la faible quantité d’ondes de chaleur qu’elle a absorbée. Or, ces ondes calorifiques (ondes longues) sont indispensables au réchauffement de l’atmosphère. Par la grâce de Dieu tout Puissant, ces ondes solaires courtes, sans qu’elles soient absorbées, ont traversé l’atmosphère pour atteindre la surface de la terre où elles seront absorbées et transformées en ondes solaires longues. Pourvues de caractéristiques nouvelles, ces ondes peuvent dès lors être absorbées et diffusées par les éléments de l’atmosphère, notamment le dioxyde de carbone. En outre, ces ondes terrestres restent à l’intérieur de l’atmosphère contrairement aux ondes solaires qui atteignent l’espace externe. Ainsi, en raison de la dégradation des surfaces boisées, l’albédo augmente et la quantité de chaleur emmagasinée dans les hautes sphères diminue, ce qui entraîne une nette stabilité au niveau de ces sphères et, par suite, la diminution des probabilités en matière de précipitation.

Ainsi, l’intensité de l’albédo est inversement proportionnelle aux probabilités pluviométriques. Autrement dit, plus le tapis végétal est dense, plus le taux de pluviométrie augmente, d’où l’importance de la végétation dans la stabilité du cycle hydrologique(3).

Des études ont montré que le déséquilibre écologique a commencé avec la révolution industrielle. Les nuages noirs dus à la fumée de charbon, dégagée par les usines, ont envahi le ciel d’un bon nombre de villes européennes, causant une importante mortalité(4). Charles Dickens a décrit les affres de cette pollution qui a accompagné la Révolution industrielle en Angleterre dans son célèbre roman : Les Temps difficiles. Mais, pris dans l’engrenage de la croissance industrielle(5), l’Homme a maintenu son action polluante bien que, depuis le quatorzième siècle déjà, il prît conscience des dangers de la pollution.

L’augmentation des taux de pollution a entraîné la dégradation de la couche d’ozone qui s’est matérialisée par un énorme trou localisé au niveau du pôle sud. En conséquence, les températures terrestres ont augmenté, causant la fonte des glaciers polaires. Il s’ensuivit l’augmentation du niveau d’eau dans les mers et les océans, et par ricochet, la dégradation des littoraux.

En plus, la pollution de l’environnement représente une menace directe pour la santé de l’Homme puisqu’elle est la cause de plusieurs maladies graves telles l’asthme et le cancer.

L’agression de l’environnement par l’Homme se manifeste, par ailleurs, à travers l’épuisement des ressources naturelles et la destruction de la faune et de la flore. Dans ce sens, les statistiques fournies par le Fonds des Nations Unies pour l’Environnement nous informent que 80% des espèces animales et végétales vivant dans les régions tempérées d’Asie et d’Afrique australe sont menacés d’extinction et que 90% des êtres vivants ont définitivement disparu de la terre.

L’extinction des espèces vivantes est due à l’action de l’Homme qui veut dévier le cours normal de la nature. Aujourd’hui, on assiste à une vague de disparitions qui n’a pas eu son semblable dans toute l’Histoire de la Terre, c’est-à-dire pendant trois milliards d’années. Le taux d’extinction des espèces vivantes atteindra des proportions alarmantes puisqu’il sera mille fois supérieur à la moyenne naturelle(6).

Les écologistes affirment que la moitié des espèces vivantes est menacée  d’extinction, dont 25 mille espèces végétales, plus de mille vertébrés et une bonne partie d’invertébrés, notamment les coraux(7).

Mais, outre la pollution et la disparition des espèces, il est un troisième problème qui menace l’environnement de manière tout aussi dangereuse. Il s’agit de la désertification, fléau aux conséquences fâcheuses sur l’écosystème.

En effet, les activités abusives entreprises par l’Homme ont conduit à l’élargissement des surfaces désertiques et incultes. Ainsi, le pourcentage de ce type de surface est passé de 9,4% du continent mondial en 1982 à 22,2% en 1992. Le désert géologiquement naturel qui occupe une superficie de 48 millions de km2 (soit 37% du continent) s’est vu grossir de 10 millions  de kilomètres carrés supplémentaires à cause de la désertification. Malheureusement, ce phénomène est en constante évolution puisque d’après les statistiques du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, la moyenne de désertification annuelle est de plus de 15 millions de faddân (1 faddân= 4200m2), chiffre d’autant plus alarmant qu’en parallèle la population mondiale croît à un rythme exponentielle. Ainsi, entre 1800 et 1900, la population mondiale a doublé, mais entre 1800 et 2000, c’est-à-dire en l’espace de deux siècles, cette population s’est multipliée par six. Les prévisions nous informent qu’en deux siècles et demi, c’est-à-dire de 1800 à 2050, la population se sera multipliée par douze et aura atteint 11,9 milliards d’habitants.

D’autre part, les scientifiques affirment que malgrè le développement des moyens de production, les ressources actuellement disponibles sur la terre ne garantiront pas la vie à plus de 12 milliards d’habitants, chiffre qui sera atteint au début de la deuxième moitié du XIXe siècle(8).

 

L’environnement dans la conception islamique

Si les scientifiques occidentaux définissent l’environnement comme étant le milieu où l’Homme vit et interagit avec les phénomènes naturelles, la conception islamique est d’autant plus profonde qu’elle considère la question de l’environnement sous l’angle de la foi. A cet égard, tout musulman conçoit l’univers comme étant l’œuvre d’un Dieu Unique qui fit descendre le Saint Coran.

Dans ce sens, le Coran et la Sunna regorgent de textes qui illustrent explicitement ce que doit être la relation entre l’Homme et son environnement. Ces textes montrent que Dieu créa l’univers et fit soumettre ses créatures et ses éléments à l’Homme pour que celui-ci fît œuvre de constructeur sur terre et rendît grâce à Dieu pour Ses bienfaits. Le Tout Puissant envoyait ses messagers pour guider l’Homme sur le droit chemin. L’islam est ainsi le dernier des messages divins et cette ultime religion  comporte les principes qui organisent les relations entre les gens, d’une part, et la relation de l’Homme à l’environnement, d’autre part.

Selon la conception islamique, la relation entre l’Homme et l’environnement repose sur trois principes :

1- L’assujettissement de l’environnement

Dieu a asservi les éléments de l’environnement pour aider l’Homme à faire œuvre de construction sur terre. Le Très-Haut dit : "C’est Dieu qui a créé les cieux et la terre et qui fait descendre du ciel une eau grâce à laquelle il fait pousser des fruits pour votre subsistance. Il a mis à votre service le vaisseau pour que celui-ci, par son ordre, vogue sur la mer. Il a mis à votre service les fleuves. Il a mis à votre service le soleil et la lune qui gravitent avec régularité. Il a mis à votre service la nuit et le jour" (Ibrahim, versets 32-33) ou encore : "C’est Lui qui a mis la mer à votre service pour que vous en retiriez une chair fraîche et les joyaux dont vous vous parez. Tu vois le vaisseau fendre les vagues avec bruit pour que vous partiez à la recherche de ses bienfaits. Peut-être serez-vous reconnaissants !" (Les Abeilles, verset 14). Dans une autre sourate, Dieu dit : "Ne voyez-vous pas que Dieu a mis à votre service ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre ? Il a répandu sur vous des bienfaits apparents et cachés. Certains hommes, cependant, discutent au sujet de Dieu, sans aucune science, ni direction, ni Livre lumineux" (Luqman, verset 20).

2- La modération

Le principe de modération est liée à celui de l’assujettissement. Dans ce sens, l’Homme doit faire preuve de modération dans l’exploitation des éléments de l’environnement que Dieu met à son service, sacrifiant ainsi à un principe qui distingue l’islam des autres religions. La modération se justifie par le statut de l’Homme sur terre car selon la conception islamique, l’Homme est "maître dans le monde" et non pas "maître du monde" comme le présente la pensée occidentale. Ainsi, l’activité de l’Homme et son comportement vis-à-vis de l’environnement sont régis par les commandements, les principes et les valeurs contenus dans le Coran, la Sunna et l’ensemble des règles qui fondent la conception islamique de la vie et de l’univers. Principale caractéristique de cette conception, la modération distingue la vision de l’islam de celles des autres tendances religieuses et philosophiques. Dieu dit : "Nous avons fait de vous une communauté éloignée des extrêmes pour que vous soyez témoins contre les hommes, et que le Prophète soit témoin contre vous." (La Vache, verset 143). C’est cette modération qui préside (ou qui doit présider) à la relation entre l’Homme et l’environnement.

Le principe de modération appelle par ailleurs la proscription de toute forme de dilapidation ou de gaspillage. Dieu dit : "Mangez et buvez, ne commettez pas d’excès. Dieu n’aime pas ceux qui commettent des excès." (Al A’araf, verset 31).

3- Proscription des actions qui corrompent la terre

Il est indéniable que la plus grande partie des problèmes écologiques est dû au comportement abusif de l’Homme vis-à-vis de son environnement. Comme nous l’avons signalé plus haut, ce comportement qui est très préjudiciable à l’écosystème se manifeste par la pollution du sol, de l’eau et de l’air, la corruption des terres arables, le déboisement et la décimation des espèces vivantes. Le Coran prévient expressément l’Homme contre la corruption de la terre : "Ne semez pas la corruption sur la terre après qu’elle a été réformée. Invoquez votre Seigneur avec crainte et désir ardent. La miséricorde de Dieu est proche de ceux qui font le bien" (Al A ‘araf, verset 56). On constate dès lors que, loin de se réduire à une plate énumération des éléments de l’écosystème, la conception islamique lie l’environnement à l’esprit humain. L’islam ne confine pas l’être humain dans les matérialités qui ne doivent servir que comme tremplin vers un objectif suprême : la purification de l’âme. Ainsi, la religion musulmane se distinguera toujours des lois forgées par l’Homme car si ces lois positives contrôlent la matière, elles ne contrôleront jamais l’esprit(9). Dieu dit : "Heureux celui qui la purifie (l’âme) ! Mais celui qui la corrompt est perdu !" (Le Soleil, versets 9-10).

En conception islamique, l’environnement représente une entité vivante où la terre ne se réduit pas à une simple planète que les êtres foulent et dont ils disposent à leur guise, et les montagnes ne sont guère des blocs inanimés mais dotées de vie et de sensibilité(10). Dieu dit à ce propos : "Les sept cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve célèbrent ses louanges ; il n’y a rien qui ne célèbre ses louanges, mais vous ne comprenez pas leurs louanges. Dieu est plein de mansuétude et Il pardonne." (Le trajet nocturne, verset 44). Il dit aussi : "Nous avons contraint les montagnes et les oiseaux à se joindre à David pour proclamer nos louanges, c’est nous qui avons fait cela" (Les prophètes, verset 79).

En outre, le Prophète, paix et salut soient sur Lui, dit : "Le fait qu’un être humain, un djinn, une pierre, une terre ou tout autre objet aient entendu l’appel d’un muezzin leur sera témoigné le Jour du Jugement." (rapporté par Ibn Maja et Malek dans le Mouata).

L’islam développe une vision profonde de l’environnement en cela qu’il exhorte l’Homme à le considérer comme un bien public qu’il faut protéger et sauvegarder. Dans ce sens, Dieu dit : "Abstenez-vous de dégât sur la terre, qui fut créée si bonne : cela sera par vous un bien, à condition d’être croyants" (Al A’araf, verset 85).

Le Coran regorge de sourats qui montrent que Dieu seul créa l’environnement et établit les règles qui garantissent sa proteciton. A ce porpos, Dieu dit : "De la terre, Il a fait pour vous un lit de repos, et du firmament, un édifice. Il fait descendre du ciel une eau grâce à la quelle il fait surgir des fruits pour assurer votre subsistance. N’attribuez pas à Dieu des rivaux, alors que vous savez" (La Vache, verset 22). Dieu dit aussi : "Ne considèrent-ils pas, au dessus d’eux, le firmament ? Ils voient comment Nous l’avons édifié et orné, et quel est sans fissure. La terre ? Nous l’avons étendue ; Nous y avons jeté des montagnes; Nous y avons fait poussée toutes sortes de belles espèces comme un appel à la clairvoyance et un rappel pour tout serviteur repentant. Nous faisons descendre du ciel une eau bénie grâce à laquelle nous faisons croître des jardins ; le grain que l’on moissonne ; les palmiers élancés porteurs de régime bien ordonné, pour nourrir nos serviteurs. Nous rendons ainsi la vie à une terre morte. Voilà comment se fera la résurrection ! (Qaf, versets 6-11). Dans le Coran, il est dit aussi : "Quant à la terre : Nous l’avons étendue, Nous y avons jeté des montagnes, Nous y avons fait croître toute chose avec mesure. Nous y avons placé des aliments pour vous et pour ceux que vous ne nourrissez pas. Il n’y a rien dont les trésors ne soient pas auprès de Nous ; Nous ne les faisons descendre que d’après une mesure déterminée. Nous envoyons les vents chargés de lourds nuages. Nous faisons descendre du ciel une eau dont nous vous abreuvons et que vous n’êtes pas capables de conserver." (Al Hijr, versets 19-22).

Dieu a créé toutes les composantes de l’environnement avec mesure et précision de manière à rendre commode la vie sur terre aussi bien pour l’Homme que pour tous les autres êtres vivants. Le verset suivant résume bien ce principe : "Nous avons créé toute chose avec mesure." ( La Lune, verset 49).

Ainsi, par la Grâce de Dieu, cette mesure permet à chaque élément et à chaque composante de l’environnement de remplir avec précision et harmonie la fonction qui lui est dévolue dans ce bas-monde. Tous les éléments de l’univers suivent un cycle de vie que le Créateur a voulu précis et rigoureux. Ainsi, la vie évolue selon un cycle périodique qui comprend trois opérations : la reproduction, la mort et la transformation. Quand les animaux meurent, leurs corps se décomposent et se dégradent dans la terre, les végétaux absorbent les matières nutritives de la terre et les transforment en feuilles, fruits et graines qui servent de nourriture à l’homme et à tous les êtres vivants. La vie, la mort et la transformation forment, par la Volonté de Dieu un processus qui continue sans jamais s’interrompre(11). Le Très Haut dit : "Il (Dieu) a créé toute chose en fixant son destin d’une façon immuable" (Al Furqan, verset 2).

En conception islamique, il existe deux grands types d’environnement : l’environnement naturel et l’environnement humain (construit par l’Homme).

L’environnement naturel :

Par "environnement naturel", on entend tous les phénomènes et tous les éléments naturels, animés ou inanimés, qui entourent l’Homme. Ces éléments que Dieu a créés peuvent être soit des composantes de la surface de la terre comme les montagnes, les plateaux, les plaines, les fleuves, les roches, le sol, soit des différents paramètres climatologiques tels la température, la pression, les vents, les précipitations, soit la faune et la flore terrestres et marines, ou encore les ressources en eau douce et salée. Le fond, la forme et la fonction de cet environnement sont parfaitement conçus par le Créateur : "C’est une œuvre de Dieu qui fait bien toute chose" (Les fourmis, verset 88). Cet environnement a été mis au service de l’Homme qui fait office de lieutenant de Dieu sur terre. Dans le Coran, Allah dit : "C’est Lui qui a fait pour vous la terre très soumise. Parcourez donc ses grandes étendues ; mangez de ce que Dieu vous accorde pour votre subsistance. La Résurrection se fera vers Lui" (Al Mulk, verset 15).

De par leurs dénominations, les éléments de l’environnement donnent l’impression qu’ils sont indépendants les uns des autres. Mais s’il est vrai que ces éléments se suffisent à eux-mêmes à la faveur d’une dynamique intrinsèque, il n’en est pas moins vrai qu’ils s’inscrivent dans un système général où ils entrent harmonieusement en interaction selon un ordre régi par des lois universelles établies par Dieu. C’est cet ensemble de lois que les écologistes nomment "écosystème"(12).

Pour mesurer la perfection de Dieu autant que celle de la chose créée, il n’y a qu’à considérer les grands déséquilibres qui surviennent pour peu qu’un élément de l’écosystème subisse un changement quantitatif ou qualitatif. 

Afin d’illustrer cette réalité, le Dr Zineddine Abdelmaksoud nous cite l’exemple suivant : "la composition de l’air, dit-il, reflète la perfection du Créateur. En effet, l’air est constitué d’une centaine d’éléments dont les deux plus importants représentent 99% de sa masse totale. Ces deux éléments sont l’azote, gaz inerte qui représente 78,7%, et l’oxygène, gaz actif qui représente, lui, 20,95% de la masse de l’air. La quantité restante (1%) est constitué d’un grand nombre de gaz  tels l’argon (0,94%), le dioxyde de carbone (0,03%), l’hydrogène (0,01%), l’oxyde de carbone, le dioxyde de soufre, l’hélium, l’ozone, le krypton, le néon, le xénon, d’autres encore. Dans le grand taux alloué à l’azote, ce gaz qui allége l’air à hauteur de 78%, il faut voir l’œuvre parfaite du Créateur. Car si ce taux baisse, il suffit qu’un éclair traverse l’atmosphère terrestre (comme cela arrive parfois) pour que toute la surface de la terre prenne feu(13).

 

L’environnement humain ou civilisationnel

Cet environnement est le fait de l’Homme qui, voulant subvenir à ses besoins fondamentaux et accessoires, a engendré toutes sortes de phénomènes écologiques. A cet égard, il est utile de rappeler que Dieu n’a pas créé l’Homme absurdement. Dieu a fait de l’homme son tenant-lieu sur terre, Il l’a doté d’aptitudes et l’a exhorté, à l’exclusion des autres créatures, à jouir des biens d’ici-bas. Dieu dit : "Nous avons ennobli les fils d’Adam. Nous les avons portés sur la terre ferme et sur la mer. Nous leur avons accordés d’excellentes nourritures. Nous leur avons donnés la préférence sur beaucoup de ceux que Nous avons créés." (Le trajet nocturne, verset 70).

Le Tout Puissant a honoré l’Homme en le dotant de raison et en l’exhortant à l’utiliser à bon escient. Aussi, s’adresse-t-Il à l’être humain sur cette base coranique(14) : "Il donne la sagesse à qui il veut. Celui à qui la sagesse a été donnée bénéficie d’un grand bien. Ceux qui sont doués d’intelligence sont les seuls à s’en souvenir" (La Vache, verset 269).

 

Coran calligraphie

A l’intérieur de ce grand système, Dieu a assigné à l’Homme les fonctions qu’il doit accomplir. Citons parmi ces fonctions :

1- La lieutenance (Al istikhlaf) :

Dieu a fait de l’Homme son lieutenant ici-bas et Il a fait de la terre son lieu de séjour et de jouissance provisoire. L’Eternel dit : "vous trouverez sur la terre un lieu de séjour et de jouissance éphémère" (la Vache, verset 36). Et dans un hadith rapporté par Muslim et Al Nasa’i, le Prophète Mohammad, paix et salut soient sur Lui, dit : "Dans cette vie belle et douce, Dieu a fait de vous ses lieutenants". L’Homme s’est donc vu assigner un rôle dans son environnement car l’idée centrale de la notion de lieutenance de Dieu est que l’Homme est non pas propriétaire mais responsable de cet environnement, il en est à la fois l’usufruitier et le gardien. A l’image d’un locataire, l’Homme ne peut disposer de son environnement que dans la limite de son contrat de bail. La propriété absolue n’existant pas en islam, l’Homme ne peut disposer de ses biens en dehors de certaines règles. En effet, la propriété est régie par des normes et des conditions établies par Dieu. L’être humain doit, entre autres, exploiter sa propriété à bon escient, veiller à son développement et à sa protection contre tout ce qui peut lui nuire ou la détruire(15).

Et parce que la lieutenance de Dieu sur terre n’est que provisoire, l’environnement n’appartient pas à une génération humaine à l’exclusion d’une autre. Il constitue le patrimoine que les différentes générations se transmettent. Partant, l’Homme, de par sa lieutenance, se doit de conserver son environnement pour le léguer aux générations futures dans un état sain, c’est-à-dire tel que Dieu l’a conçu. De ce fait, la mauvaise exploitation et la dilapidation des ressources naturelles par une génération au détriment d’une autre sont des attitudes répréhensibles que l’islam ne manque pas de condamner dans la mesure où elles enfreignent le principe de lieutenance.

2- L’adoration de Dieu

Le Très Haut dit : "Je n’ai créé les Djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent" (Al Dhariyat, verset 56). L’adoration de Dieu est un acte spirituel et temporel accompli par l’Homme pour assurer son bien-être ici-bas et dans l’au-delà. Le Musulman qui est conscient de l’importance essentielle que revêt l’adoration se fait une obligation d’adopter une attitude saine vis-à-vis de son environnement, une attitude fondée sur une relation équilibrée qui répond à ses besoins vitaux tout en protégeant son environnement et en garantissant le bien-être humain dans ce bas-monde autant que dans la vie de l’au-delà(16).

Traitement islamique de la question de l’environnement :

Pour traiter la question de l’environnement, l’islam propose une approche globale qui repose sur la cohabitation pacifique entre l’être humain et son environnement, l’incitation des gens à la préservation de la nature à travers l’usage rationnel des ressources  naturelles et la prévention de toute sorte de gaspillage ou de corruption de l’environnement. Cette approche déploie des mécanismes permettant à l’environnement de s’auto-protéger et s’inspire de la conception islamique de l’Homme, de l’univers et de la vie. Elle constitue, en outre, une motivation pour le musulman afin de  préserver son environnement et le protéger des dangers de la pollution.

Pour cerner la question de l’environnement, l’approche islamique déploie trois moyens principaux qui visent la protection contre la pollution, la préservation des êtres vivants et les ressources naturelles. Pour atteindre cette fin, l’approche islamique se déploie sur trois niveaux : le premier a trait à la conscience religieuse de l’Homme, le deuxième légifère sur la protection de l’environnement, quant au dernier, il consiste en la présentation d’un modèle pratique pour une protection durable de l’environnement et de la vie terrestre. Ces moyens sont les suivants :

1- Le lien entre la religion islamique et la préservation de l’environnement :

La question environnementale en général et sa protection contre la pollution en particulier est liée à la religion islamique et fait partie de la foi du Musulman. En effet, l’islam considère la protection de l’environnement contre la pollution comme une branche de la foi ; le hadith suivant l’illustre bien : Abu Hurayra rapporte que le Prophète, paix et salut soient sur Lui, a dit : "la foi compte un peu plus de soixante dix ou un peu plus de soixante branches dont la première est de professer qu’il n’y a de Dieu qu’Allah et la dernière est d’écarter le danger de la route… Et la pudeur est une branche de la foi" (rapporté par Muslim).

Il ne fait pas de doute que la lutte contre les différents types de pollution et la purification de l’environnement où vit l’être musulman sont des actes qui correspondent par analogie au fait d’écarter le danger de la route.

Si les religions sont conçues dans le but d’assurer le bonheur des gens, on peut dire que vivre dans un environnement sain fait partie de ce bonheur. L’islam incite ses fidèles à la propreté parce qu’elle constitue une branche de la foi et l’islam incite à la protection de l’environnement contre la pollution en vertu de cette foi (17).

Cette propreté est liée à l’ensemble des valeurs religieuses et esthétiques citées par le Coran à travers plusieurs versets. Dans ce cadre, le Dr Mohammad Sayed Tantaoui, Cheikh d’Al Azhar, dit : "celui qui aime les valeurs esthétiques et l’environnement sain trouvera dans la religion islamique un terreau fertile qui aiguise son sens de l’esthétique, de la propreté et du bon goût. Dieu a parlé de la beauté du ciel dans plusieurs versets coraniques. Le Tout Puissant dit par exemple : "Nous avons embelli le ciel le plus proche de luminaires dont Nous avons fait des projectiles pour lapider les démons" (Al Mulk, verset 5). Dieu a attribué une certaine beauté à la terre quand Il dit : "Et la terre ? nous l’avons étendue comme un tapis, et nous l’avons parfaitement étendue." ( Al Dhariyat, verset 48). Il n’est pas jusqu’à la moindre composante de la nature qui ne soit pas dotée de beauté : "Ne considèrent-ils pas, au dessus d’eux, le firmament ? ils voient comment nous l’avons édifié et orné, et qu’il est sans fissures. La terre ! Nous l’avons étendue ; nous y avons jeté des montagnes ; nous y avons fait pousser toutes sortes de belles espèces comme un appel à la clairvoyance et un rappel pour tout serviteur repentant." (Qaf, versets 6-8).

Dieu Tout Puissant a décrit dans de nombreux versets coraniques la beauté, la perfection et l’organisation rigoureuse de l’univers : "Telle est l’œuvre de Dieu qui a tout façonné à la perfection"(18).

Pour prévenir la pollution de l’environnement , l’islam a développé le principe de purification qui comporte, en plus des besoins de propreté, d’autres paramètres permettant à l’environnement et à toutes ses composantes de remplir des fonctions précises rendant saine la vie temporelle et spirituelle de l’Homme.

En religion musulmane, la purification revêt une importance primordiale parce qu’elle est intimement liée à la prière, laquelle constitue l’un des devoirs religieux fondamentaux de tout Musulman. Dans le Saint Coran, la purification et les thèmes sous-jacents qu’elle développe apparaissent dans 31 occurrences dont plus de la moitié(19) traite de la prévention contre les impuretés. Dieu dit par exemple : "Dieu aime ceux qui reviennent sans cesse vers Lui et Il aime ceux qui se purifient" (La Vache, verset 222) ou encore : "Purifie tes vêtements, fuis l’abomination" (Al Mudhattir, versets 4-5). La place de la purification en islam est importante au point de compter pour la moitié de la foi dans la mesure où elle représente une condition nécessaire à la validité de la prière, pilier de la religion musulmane. Le Prophète dit à ce sujet : "la purification représente la moitié de la foi" (rapporté par Muslim).

Moitié, de la foi, la purification est, de ce fait, un principe fondamental qui accompagne l’être musulman tout au long de sa vie et occupe une importante place dans son esprit et dans son environnement. Partant, la purification est, à tous les niveaux, l’antithèse de la pollution. Si Dieu a créé l’univers et lui a imprimé sa beauté, c’est à l’être humain de faire honneur à cette beauté à travers la purification de son environnement et la lutte contre la pollution. Le Prophète, paix et salut soient sur lui, a dit : "Dieu est Beau et aime la Beauté" (relaté par Al Tarmidi qui le tient d’Ibn Massaoud)

En islam, la lutte contre la pollution passe d’abord par la lutte individuelle contre les impuretés du corps ; le Prophète dit à ce propos : "Purifiez-vous car l’islam est une religion pure" (rapporté par Ahmed, Abu Daoud et Al Tarmidi). Sur ce chapitre, les hadiths du prophète font souvent le lien entre la propreté et la foi. "la propreté, dit le Prophète, procède de la foi. La propreté et la foi conduisent au Paradis" (rapporté par Al Tabari).

Pour inciter à la propreté du corps, la sharia a obligé l’individu à faire les ablutions rituelles avant chaque prière. Dieu dit : "Ô vous qui croyez ! Lorsque vous vous disposez à la prière : lavez vos visages et vos mains jusqu’aux coudes; passez les mains sur vos têtes et sur vos pieds, jusqu’aux chevilles." (Al Ma’ida, verset 6).

La propreté de l’individu musulman est une obligation permanente en islam. Nombreux sont les textes qui abondent dans ce sens. Citons ce hadith qui appelle les Musulmans à s’acquitter d’une série de purifications rituelles : "les purifications rituelles sont au nombre de cinq : "la circoncision, les ablutions, la cure des ongles, l’épilation des aisselles et la taille de la moustache " (rapporté par Abu Hurayra).

En islam, la propreté de l’environnement englobe la propreté du vêtement et la bonne présentation : "Ô fils d’Adam ! Portez vos parures en tout lieu de prière." (Al A’araf, verset 31). L’islam incite, en outre, à la propreté du lieu  : "Dieu, dit le Prophète, est  Bon et aime les bonnes choses, Il est généreux et aime la générosité, Propre et aime la propreté, alors purifiez les lieux où vous vivez et ne faites pas comme les Juifs" (rapporté par Al Tarmidi). La propreté des lieux concerne  les logis, les marchés, les lieux de rencontre et tous les endroits fréquentés par l’Homme. De même, l’islam exhorte à la propreté de la terre et à sa protection contre la pollution car la propreté du lieu est une condition nécessaire à l’accomplissement de la prière.

2- Les dispositions juridico-religieuses sanctionnant l’abus contre l’environnement.

Dans le cadre de l’approche islamique visant à protéger l’environnement, le volet juridico-religieux constitue le deuxième niveau d’intervention. La doctrine islamique s’est inspiré des textes du Coran et de la Sunna pour établir une série de dispositions qui visent à sauvegarder, à promouvoir et à exploiter l’environnement de la meilleure façon qui soit. La loi islamique proscrit, par exemple, le gaspillage de l’eau même pendant les ablutions qui précédent la prière. Ainsi, l’islam sensibilise de manière claire et précise à la nécessité de conserver l’eau, cet élément vital de notre environnement (20).

C’est là le premier degré d’intervention juridico-religieuse dans le domaine de l’environnement. Ce niveau d’intervention peut être considéré comme une phase préventive qui amène l’individu musulman à s’empêcher de gaspiller les ressources naturelles et de les surconsommer. Ce niveau préventif précède l’étape des sanctions juridico-religieuses dont est passible quiconque abuse de l’environnement. Les sanctions prises pour protéger l’environnement de la pollution peuvent atteindre un plus haut degré de sévérité qui peut se traduire par l’interdiction, voire la suppression de toutes les matières polluantes quand bien même elles émaneraient d’une mosquée (21).

L’appréciation de l’ampleur du préjudice subi à la suite d’une pollution par la fumée dépend de sa source. Les docteurs religieux de l’école malékite soutiennent qu’il existe deux catégories de préjudice: le préjudice permanent et le préjudice temporaire.

Le préjudice permanent se subdivise en deux types :

1- le préjudice résultant de l’activité d’une structure industrielle qui s’est installée dans les lieux longtemps avant l’avènement des parties lésées. Les docteurs religieux s’accordent pour donner la priorité à ladite structure industrielle car son installation sur les lieux a devancé celle de la partie lésée.

2- le préjudice occasionnée par des structures polluantes qui se sont installées sur le tard dans une agglomération et dont l’activité s’est longtemps poursuivie avant que les habitants ne s’en plaignent.

Deux cas de figures se présentent en l’espèce :

a- Mettre fin à toutes les activités polluantes si la pollution qui en émane est fortement préjudiciable à la population. Les exemples d’émanations cités par les docteurs de droit islamique sont les fumées des bains et les fours publics.

b- Maintenir les sources polluantes si la pollution qui en émane n’est que légèrement préjudiciable à la population qui peut, au demeurant, s’y adapter. Les fumées émanant des cuisines en sont un exemple(22).

Le droit islamique a prévu des dispositions pour enrayer les causes de la pollution. Un jour, on a demandé son avis au juge Ibn Al Kacem (mort en 191 H) sur un homme qui fut empêché par ses voisins de construire un bain maure, un four et un moulin sur un terrain attenant. Le juge a donné raison aux voisins puisque ces constructions leur seront gravement préjudiciables. En effet, selon l’école malékite, il faut sauvegarder la sécurité du voisin.

On a également consulté le juge Ibn Al Kacem sur le cas d’un homme qui voulait construire une forge, un four pour la fusion de l’or et de l’argent ou creuser un puits ou un lieu d’aisance, ou construire un moulin adjacent au mur des voisins, le juge a encore une fois donné raison aux voisins étant donné les dommages que l’entreprise de l’homme peut leur causer (23).

Les docteurs de droit musulman considèrent le bruit comme une source de pollution qu’il faut conjurer. Pour justifier la position de la sharia vis-à-vis du bruit, ils se sont appuyés sur les deux règles juridico-religieuses suivantes : "ni léser ni être lésé" et "la sécurité avant l’intérêt".

Selon les docteurs de droit musulman, le préjudice causé par le bruit est de deux types : un préjudice qu’il faut absolument éviter et un préjudice que l’on peut supporter. Pour le premier type, citons l’exemple suivant : les décibels résultant du mouvement des portes qui, par ailleurs, mettent en danger la sécurité des bâtiments voisins.

Dans son ouvrage intitulé : Al i’lam bi ahkam al bayane, Ibn Al Rami, mort en 179 H, raconte qu’un groupe d’habitants a monté un portail sur le mur d’un voisin pour protéger leur quartier. Mais au bout d’un certain temps, ce voisin n’en pouvait plus d’entendre le bruit de ce portail qui s’ouvrait et se fermait sans cesse. Il s’en plaignit au juge qui au cours de son investigation constata que le mur basculait à force d’ouvrir et de fermer le portail. Du coup, la décision rendue fut d’ordonner le démontage du portail.

         Le deuxième type de nuisance résulte des bruits qui causent un désagrément sans pour autant provoquer de préjudice. Devant ce genre de nuisance, les avis des docteurs de droit islamique sont mitigés (24). A cet égard, le muhtasib (fonctionnaire chargé de la police des marchés) faisait  en sorte que fussent interdites les causes de la pollution par la poussière, la fumée ou les mauvaises odeurs (25).

La législation islamique prévoit, en outre, des degrés de pénalisations plus élevés envers ceux qui abusent de l’environnement. La fumée des cigarettes, les émanations d’usines et toutes les autres formes de pollution impliquent une pénalisation, en vertu du principe selon lequel "il ne faut ni léser ni être lésé".

Le Dr Nasr Farid Wassil, ancien mufti d’Egypte, a conseillé d’appliquer des sanctions à l’encontre des fumeurs, après avoir affirmé que fumer est illicite en islam. Il a, en outre, appelé à inscrire sur les paquets de cigarettes la formule suivante : "la cigarette est illicite" au lieu de la formule habituelle : "la cigarette nuit à la santé"(26). Prévoir des sanctions contre quiconque pollue l’environnement constitue une priorité dans la mesure où la santé de l’Homme est en jeu.

Les graves préjudices subis par l’Homme à cause de cette pollution justifient pleinement l’application de sanctions qui s’imposent à l’encontre de ceux qui corrompent la nature. Sur ce chapitre, le Coran a mis en garde quiconque porterait atteinte à la faune terrestre : "Ô vous qui croyez ! Ne tuez pas le gibier lorsque vous êtes en état de sacralisation. Celui qui parmi vous en tuerait intentionnellement enverra en offrande à la Ka’ba, comme compensation, un animal de son troupeau, équivalant au gibier tué, d’après la décision de deux hommes intègres d’entre vous. Une réparation équivalente consistera encore à nourrir un pauvre ou à jeûner afin que celui qui est fautif goûte les conséquences de son acte" (Al Ma’ida, verset 95).

L’aréopage des docteurs de droit musulman établissent une nuance entre tuer le gibier de façon intentionnelle et le tuer par mégarde. Selon Al Zouhari, les dispositions du Coran sont claires envers celui qui tue du gibier intentionnellement, quant aux dispositions de la Sunna, elle s’appliquent à celui qui le fait par inadvertance. Est dans l’erreur celui qui chasse avec l’intention réfléchie de donner la mort alors qu’on ne peut condamner celui qui l’a fait par mégarde.

L’interprétation que donne Ibn Hanifa du verset coranique précédent est la suivante: celui qui tue un gibier alors qu’il est en état de sacralisation doit réparer son acte par une compensation équivalant au gibier tué. Cette réparation consiste à donner en offrande à la Ka’aba une bête de son cheptel ou à nourrir des pauvres (27).

Rapportée par Said Ibn Mansour, l’interprétation que donne Ibn Abbas de ce même verset est la suivante : si quelqu’un tue illicitement du gibier, il est contraint de réparer son forfait en sacrifiant une bête équivalente et en donnant sa chair en aumône, s’il n’en possède pas, il doit offrir de la nourriture avec son équivalent d’argent, s’il n’en a pas, il doit consacrer un jour de jeune pour chaque demi boisseau. Si, à titre d’exemple, le contrevenant tue une gazelle ou un gibier similaire, il doit sacrifier un mouton à la Mecque, s’il n’en possède pas, il doit nourrir vingt pauvres, sinon il est tenu de jeûner vingt jours (28).

Le premier tribunal qui statuait sur les problèmes de l’environnement fut créé sous le règne du deuxième calife bien guidé Omar Ibn Al Khattab. Se référant à Mohammad Ibn Syrine, Abdelmalek Ibn Qarir rapporte le fait suivant : "un jour, un homme se présente devant le calife Omar et lui dit : "Alors que je faisais courir mes deux chevaux en compagnie de mon ami, nous avons tué une gazelle sur le talus de "Thinia" alors que nous étions en état de sacralisation ; qu’en pensez-vous ? Le calife Omar s’adressa à un homme qui était à ses côtés et l’invita à statuer avec lui. L’homme qui a tué la gazelle fut condamné à sacrifier une chèvre. Ce dernier s’en alla en s’indignant : "l’Emir des croyants ne pouvait rendre son jugement sans l’aide de quelqu’un !". Ayant entendu cette réflexion, le calife Omar le rappela en lui demandant : "Avez-vous l’habitude de lire la sourate d’Al Ma’ida ?" "Non", répondit-il. "Et connais-tu l’homme qui a rendu le jugement avec moi" demanda le calife "non" répliqua l’homme. Et le calife de rétorquer : "si vous m’aviez répondu par l’affirmative, je vous aurais rossé car, poursuivit-il, dans Son Saint Livre Dieu dit : Celui qui parmi vous en tuerait intentionnellement (du gibier) enverra en offrande à la Ka’ba, comme compensation, un animal de son troupeau équivalant au gibier tué, d’après la décision de deux hommes intègres d’entre vous" et d’ajouter "l’homme qui a jugé à mes côtés n’est autre que Abdurrahmane Ibn Aouf" (29).

Cette épisode montre de manière on ne peut plus claire que l’islam fut la première religion à avoir institué un tribunal qui statuait sur les problèmes de l’environnement, et ses premiers magistrats furent le calife Omar et Abdurrahmane Ibn Aouf que Dieu les bénisse.

3- L’idée des réserves naturelles

L’établissement de réserves naturelles modèles destinées à préserver la faune et la flore terrestre constitue le troisième moyen que l’approche islamique invite à mettre en œuvre pour préserver l’environnement et le protéger des agressions externes.

Dans les parages de la Mecque, Dieu interdit tout abus contre la nature terrestre : "Le gibier de la mer et la nourriture qui s’y trouve vous sont permis : c’est une jouissance pour vous et pour les voyageurs. Le gibier de la terre vous est interdit aussi longtemps que vous êtes en état de sacralisation" (Al Ma’ida, verset 96). Dans toute l’histoire de l’humanité, l’islam fut le premier à établir des réserves naturelles en déclarant comme telles les régions de la Mecque et de Médine. Pour préserver la vie terrestre de la région mecquoise, l’islam a établi une législation adéquate qu’illustre le verset suivant : "Ô vous qui croyez ! Ne tuez pas le gibier lorsque vous êtes en état de sacralisation. Celui qui parmi vous en tuerait intentionnellement enverra à la Ka’ba, comme compensation, un animal de son troupeau, équivalant au gibier tué, d’après la décision de deux hommes intègres d’entre vous. Une réparation équivalente consistera encore à nourrir un pauvre ou à jeûner afin que celui qui est fautif goûte les conséquences de son acte. Dieu pardonne ce qui appartient au passé, mais Dieu tirera vengeance de celui qui récidive. Dieu est puissant, il est le Maître de la vengeance." (Al Ma’ida, verset 95).

Dans un hadith rapporté par Al Boukhari, selon Abu Abbass, le Prophète, paix et salut soient sur lui, a dit le jour de la conquête de la Mecque : "Dans cette terre sacrée, il est interdit d’arracher les broussailles, de couper la végétation, de courir le gibier ou de cueillir des plantes sans raison valable" Sur ce, Abu Abbass dit : "sauf le jonc fleuri car les foyers et les échoppes d’artisans ne sauraient se passer de sa fragrance" "Sauf le jonc fleuri"  confirma le Prophète. D’ailleurs, il est illicite de courir ou de chasser le gibier interdit ou d’abuser de son environnement végétal.

Ces deux réserves naturelles que sont la Mecque et Médine s’étendent sur un périmètre bien délimité. Le bornage de la réserve mecquoise a été effectuée sur cinq côtés grâce à des jalons de pierre qu’on a érigés le long de son périmètre. Elle est limitée au nord par Al Tana’im à 6 kilomètres de la Mecque, au sud par Adah à une distance de 12 kilomètres, à l’est par Al Ja’arana, à 16 kilomètres, au nord-est par Wadi Al Nakhlah, à 14 kilomètres et à l’ouest par Al Shoumaïs ou Al Houdaybia, à une distance de 15 kilomètes de la Mecque.

Quant au périmètre sacrée de Médine, il est délimité par le hadith suivant : "Médine s’étend du mont Abir (près de Miqat) jusqu’au mont Thaour (près de Uhud)". A ce même sujet, Abou Hurayra rapporte le hadith suivant : "le prophète, paix et salut soient sur lui, a sacralisé la région de Médine qui se situe entre les deux blocs de roches  noires, soit sur une distance de seize miles "La région sacrée de Médine se situe entre un bloc rocheux du côté sud et un autre du côté nord ; elle s’étend, en effet, sur une distance de douze miles entre les monts Abir et Thour (30).

Ainsi, l’islam fut le premier à avoir établi ce genre de réserves naturelles comme s’il voulait en faire un modèle pour les autres réserves qui visent la préservation de la nature terrestre.

Conclusion :

La présente étude a abouti aux résultats suivants :

- L’environnement n’en finit pas de subir l’agression de l’Homme sous forme de pollution de l’eau, de l’air et du sol sans oublier d’autres formes de nuisances telles le bruit.

- Les agressions que subit l’environnement portent de graves préjudices à la santé humaine dont les plus sérieux sont le cancer, la bronchite et la surdité.

- A cause de la pollution, 80% d’espèces animales et végétales des régions tempérées sont menacées d’extinction et la désertification progresse avec une moyenne de 15 millions de faddans par an (1 faddan=4200m2).

- L’Homme est le premier responsable de la pollution de l’environnement.

- Ni les conventions internationales ni les législations locales n’ont pu ni juguler cette pollution ni mettre un terme à l’usage abusif des ressources naturelles.

- Les deux principales sources de l’islam (le Coran et la Sunna) ont prévenu contre la pollution et la corruption de l’environnement par l’Homme.

- L’islam attire l’attention sur l’importance que revêt l’équilibre de l’écosystème et appelle l’Homme à sauvegarder cet équilibre.

- En matière de comportement envers l’environnement, le Coran et la Sunna prévoient des règles de conduite qui s’organisent autour de trois axes :

- le premier appelle l’Homme à la modération et à l’équilibre.

- le deuxième consiste en la proscription de toutes les formes de gaspillage.

- le troisième prévient contre la corruption de la nature.

- Pour protéger l’environnement contre la pollution, l’islam propose une approche intégrée qui met en œuvre trois types de moyens :

a- Lier la protection de l’environnement à la foi islamique pure.

b- Intervenir légalement afin de sanctionner toute agression contre l’environnement. Le règne du deuxième calife Omar connut la fondation du premier tribunal écologique de l’histoire humaine.

c- Établir des réserves naturelles modèles afin de protéger les espèces vivantes.

 

(*) Professeur au Département de la Communication de masse - Université des Emirats arabes unis.

(1) Zineddine Abdelmaksoud, l’environnement et l’Homme : une vision islamique, Koweït, Centre de Recherches scientifiques, sans date, p. 26.

(2) Ibid, pp. 27-28.

(3) Ibid, pp. 29-31.

(4) American Lung Association: Health Effects of Air Pollution, New-York, 1989, p. 23.

(5) Cinciachi : Préservation de la vie sur terre, traduit par Anwar Abdelwahed, le Caire, AD Dar Al Dawlia, sans date, p.10.

(6) U.S Environment Agency, The toxics-release immunity : A National Perspective, Washington D.C, Environment Printing Office, 1989, p. 18.

(7) Ibid, p. 22.

(8) Le quotidien londonien Al Hayat du 1-9-95.

(9) Abdelhakim Abdellatif Al Sa’idi, L’environnement entre pensée humaine et réalité religieuse, le Caire, Addar Al Misriya Allobnaniya, sans date, p. 103.

(10) Ibid, p. 104.

(11) Mohammad Abdelkader Al Faki, L’environnement : ses problèmes et sa protection contre la pollution, le Caire, Dar Ibn Sina, sans date, pp. 20-21.

(12) Zineddine Abdelmaksoud, l’Homme et l’environnement : une vision islamique, Koweït, Centre de Recherches scientifiques, sans date, p. 13.

(13) Ibid, p. 14

(14) Ibid, p. 15

(15) Ibid, p. 16

(16) Ibid, p. 15

(17) Ali Joumouah, "Comment l’islam traite la question de la pollution", Revue : Zahrat Al Khalij du 26 août 1995, Abu Dhabi.

(18) Dr Mohammad Sayed Tantaoui, "Les religions appellent à la préservation de l’environnement et à sa protection contre la pollution".

(19) Mohammad Abdelkader Al Faki, L’environnement : ses problèmes et sa protection contre la pollution, le Caire, Dar Ibn Sina, sans date, p. 212.

(20) Mohammad Al Chahat Al Jondi, "Comment l’islam traite la question de la pollution", op. cit.

(21) Mohammad Sayed Tantaoui, "Les religions appellent à la préservation de l’environnement et à sa protection de la pollution", op. cit.

(22) Mohammad Abdelkader al Faki, op. cit., p. 48.

(23) Ibid, pp. 48-49.

(24) Ibid, pp. 85-86.

(25) Khaled Azib, Planification et aménagement des villes islamiques, Doha, Ministère des waqfs et des affaires islamiques, coll. Kitab Al Oumma, n° 58, 1997, p. 106.

(26) Le journal Al Joumhouriya du 25-3-1988, le Caire.

(27) Ali Al Soukari, L’environnement d’un point de vue islamique, Alexandrie, Maison Al

Maârif, 1995, p. 23.

(28) Ibid, p. 31.

(29) Ibid, p. 32

(30) Ali Al Soukari, op. cit.

 

(source : Revue l'islam aujourd'hui N° 20-1424H/2003)

Publicité
Publicité
Commentaires
Présentation
Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 444 964
Publicité