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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
1 juin 2020

Pour un gramscisme arabo-musulman dans le contexte algérien

Beau drapeau de l'artiste Kamel Malki

Beaucoup de patriotes sont très mobilisés sur la question de la réforme constitutionnelle, craignant une remise en question des  vraies constantes nationales (islam et l’arabité), au profit d’une identité patchwork fortement amazighifiée. Il est vrai qu’une constitution, ça compte. Mais, l’essentiel est-il vraiment dans cette bataille ? En disant cela, je ne suis pas en train de dire qu’il faut quitter ce terrain de la réforme constitutionnelle. Mais mes réflexions sont un peu décalées il est vrai :

D’abord, si elle importante, une constitution n’est pas un texte gravé dans le marbre. Ses articles ne sont pas des absolus. En réalité, une constitution est la photographie plus ou moins exacte de l’état d’une société (politique et civile) à un moment donné.

Beaucoup, sincèrement, sont encore dans l’idéal du Za’im qui viendra, demain, libérer l’Algérie de ses adversaires, un nouveau ‘Abd El-Qader, un nouveau Messali Hadj, un nouveau Houari Boumediene. Beaucoup de patriotes ont cru que la victoire électorale du 12 décembre 2019 allait régler, enfin, tous les problèmes… Cruelle fut la désillusion quand le président Tebboune était jugé, à tort ou à raison, incapable de relever les défis de l’heure.

L’« État profond » - autrement dit l’infrastructure néocoloniale et occidentaliste encastrée dans tous les rouages de l’État, des administrations, des entreprises, des médias, des universités, des appareils politiques (pro-gouvernement et anti-gouvernement) – est composé de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Et, comme par baguette magique, il aurait cessé d’être le 12 décembre ? Pourquoi donc les courants nationalistes ne parlent-ils plus de l’« État profond », qui est pourtant encore là et agissant ? Oui, des têtes sont tombées. Et alors ! L’« Etat profond » possède une puissante capacité à l’autoreproduction.

Le drame est que les courants nationalistes pensent encore que la souveraineté de la nation coïncide d’une façon totale avec l’indépendance de l’État. Ils ne voient pas que pèse sur l’État d'immenses contraintes géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques qui encadrent ses actions. Cela est valable pour l’ensemble des États du Sud. D’ailleurs, cette triple contrainte politique, stratégique et économique, est l’un des principaux paramètres du Système-Monde-Occident.

Les courants nationalistes oublient, je crois, et j’aimerais me tromper, qu’une partie du travail devrait s’effectuer dans la société civile, à l’échelle locale, régionales, nationale et internationale, dans les segments de la société qui produisent du sens, et cela dans tous les domaines. C’est le grand marxiste italien Antonio Gramsci qui l’enseignait dans les années 1930 : un courant idéologique et politique ne peut parvenir réellement au pouvoir (d’État), s’il n’est pas devenu majoritaire culturellement dans la société. Il appelait cela « l’Hégémonie culturelle ».

Le vrai défi est là, et pas ailleurs, et surtout pas dans la « boulitique » fustigée par Malek Bennabi.

Qu’est-ce que cela signifie que l’« Hégémonie culturelle » ? Non pas dire ou crier : « Nous sommes des Arabes, des Musulmans ». Non pas seulement dénoncer les « Ouled frança » et les « chiens franco-berbéristes »…..

Parvenir à l’« Hégémonie culturelle » c’est contribuer à la Renaissance nationale-civilisationnelle arabo-musulmane dont la patrie à besoin pour affirmer sa dignité et sa souveraineté.

  • Tant que les architectes ne se regroupent pas en associations locales et nationales pour valoriser un paradigme arabo-musulman en architecture, en urbanisme et dans l’aménagement des territoires.
  • Tant que les juristes, les avocats, les étudiants en droit, les anciens diplomates ne se regroupent pas en associations locales et nationales pour redynamiser l’élan de solidarité arabe et internationale qui avait caractérisé l’Algérie des années 1960-1970.
  • Tant que les médecins ne se regroupent pas en associations locales et nationales pour valoriser un paradigme arabo-musulman en médecine et dans le soin, et aussi en ayant à cœur de maintenir la mémoire des médecins révolutionnaires, de Brahim Makhos à Frantz Fanon, de Nour Ed-Dine El-Atassi à Mohamed Seghir Nekkache.
  • Tant que les enseignants ne se regroupent pas en associations locales et nationales pour valoriser un paradigme éducationnel et pédagogie à la fois moderne, décolonisé et arabo-musulman.
  • Tant que les artistes ne se regroupent pas en associations locales et nationales pour valoriser la mémoire et les perspectives arabo-musulman de la culture, des beaux-arts, des belles-lettres, et aider les artistes à sortir de la précarité dans laquelle beaucoup vive.

 

En fait, cette revitalisation concerne l’ensemble des secteurs d’activités. Sans une créativité culturelle, pas de révolution culturelle, et pas d’hégémonie culturelle. Et donc pas de renaissance !

Quand j’utilise le terme de culture, ce n'est pas au sens des "métiers de la culture" (le cinéma, la littérature ou la musique). C'est dans son sens anthropologique : tout ce qui est humain est culturel.

 

 

(L'illustration est une oeuvre de  l'artiste Kamel Malki)

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Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


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