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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
7 juin 2020

Abu ‘I-Tayyib Ahmad Ibn El-Husayn El-Mutanabbi, le héros arabe de la poésie

 

Le-livre-des-sabres

C’est dans la cité irakienne de Kufa, au Sud de Baghdad, qu’est né, en 915, Abu ‘I-Tayyib Ahmad Ibn El-Husayn El-Dju’fî, connu sous le nom El-Mutanabbi (أبو الطيب أحمد بن الحسين المتنبّي), celui que la postérité reconnaîtra comme le plus grand poète arabe. Fils unique, de parents pauvres (son père était porteur d’eau), élevé par sa grand-mère, il appartenait à la prestigieuse tribu des Banu Kinda. Rappelons, au passage, que cette tribu est célèbre notamment parce qu’au Ve et VIe siècle elle fut le le cœur d’un immense projet d’unité arabe, avec la création d’un empire indépendant à la fois de Byzance et de la Perse.

 


La famille de notre poète est contrainte de quitter Kufa pour se réfugier dans le désert de Samawah, au Sud du pays. En effet, elle fut chassée par les Quarmates, des chiites originaires de Bahreïn, qui venaient d’occuper la ville. Abu ‘I-Tayyib a vécu deux ans (924-926) dans un environnement assez nouveau. Il prit contact avec l’arabe le plus pur, la langue des bédouins, et les valeurs ancestrales. Cette rencontre fut décisive et, toujours, le poète sera le porte-voix de cette identité arabe unique, cristalline, ascétique, chevaleresque et héroïque. Il sera assassiné non loin de Dayr El-Akul (au Sud-Est de Baghdad), vraisemblablement à cause de l’un de ses poèmes…

Avec 326 poèmes, et sur des registres différents (satire, descriptions de combats, louanges des rois, maximes philosophiques, etc.), Abu ‘I-Tayyib nous a offert une époustouflante vision du Xe siècle arabe, avec ses intrigues, ses batailles.

Lorsqu’il a dix-sept ans, il participa à un mouvement de rébellion en Syrie ; ce qui le conduira dans une prison à Homs, durant deux ans. A sa libération, au lieu de revenir à Baghdad, il se rendit à Alep. C’est dans cette ville, située au Nord-Ouest de l’actuelle Syrie, qu’il s’installa. Alep était devenu un véritable pôle culturel, grâce à son gouverneur Sayf Ed-Dawla, qui appartenait à la famille Hamdani, vassale du califat de Baghdad. Au bout de neuf ans, il quittera la Syrie pour l'Égypte et sa capitale d’alors, Fustat. Et ensuite, dans les années 960, il traversa l’Arabie et retrouvera son Iraq natal.

Al-Mutanabbī



Tout son existence sera caractérisée par cette alternance entre une ville et une autre, un roi, un prince et un autre, mais toujours demeure cette tension entre la création poétique et le maniement des armes. Ainsi, le poète écrivait :

« Mon sort m’a fait goûter une infortune qui m’a brisé...,
S’il m’est donné de vivre, de la guerre je ferai ma mère, - du javelot, mon frère,
- du sabre, mon père.
Mourir sera plus excusable et souffrir plus glorieux, que me contenter de mon sort.
Le Monde est très vaste.
L’Univers est aux plus forts. »

Dans un autre passage, il livre ses espérances :

« Sans trêve, je parcours le monde. Mon ambition grandit et cependant,
mon étoile ne s’est pas encore levée.
Vis puissant ou meurs plein de gloire, dans le fracas des lances, au bruit des tambours.
Mais ne vis plus comme jusqu’à ce jour, sans noblesse, tel que si ta fin venait,
elle passerait inaperçue.»

L’un des grands thèmes de sa poésie a traversé sa vie réelle : c’est celui de la succession de la victoire et de la défaite, des heures fastes et néfastes, de l’amitié et de la trahison, de l’aisance et du mauvais sort. Toute une philosophie de l’impermanence…

Il nous reste de lui, outre sa vue réaliste-pessimiste sur la nature humaine, un prodigieux élan vital, un élan dont il est possible entendre la résonance, dans notre Aujourd’hui, pour celui et celle qui a le cœur nostalgique de la grandeur arabe.

« Je suis l’amant de la Mêlée et de la Générosité,
Je suis celui qui perce du sabre et de la lance,
Je suis le fils des Déserts et de la Poésie,
Celui qui franchit à cheval des lieux inaccessibles »

Quelques références
Mutanabbî, Le livre des Sabres, choix de poèmes, édition bilingue, traduit de l’arabe, présenté et annoté par Patrick Mégarbané et Hoa Hoï Vuong, Paris, Editions Sindbad, , 2012.
La Solitude d'un homme, choix de poèmes traduits de l'arabe et présentés par Jean-Jacques Schmidt, Paris, Editions de la Différence, 1994.
La vie et l’œuvre d’Abû ṭ-Ṭayyib al-Mutanabbi, de Régis Blachère, Damas, Analecta, 1975, pp. 401-430.
Le site en langue arabe consacré à la poésie d’El-Mutanabbi : http://www.almotanabbi.com
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Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


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