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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
28 juillet 2020

Pour en finir avec l’aliénation culturelle occidentale exercée sur la jeunesse arabe

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Pour décrire la scène internationale, plusieurs économistes, dans les années 1970, mirent en place, parallèlement au couple de concepts « Nord-Sud », le couple « Centre-Périphérie ». Le Nord coïncide avec le Centre en tant qu’il est, dans le contexte du capitalisme, la matrice productrice de l’information, du sens, et de l’initiative. C’est le Centre/Nord qui institue les paradigmes dans lesquels il faut penser, et cela dans la totalité des sphères de l’activité humaine, de l’agriculture à l’architecture, de la médecine à la science, de la diplomatie à l’économie, de l’éducation à l’art.

Les sociétés périphériques - et l’Algérie est une société périphérique ! - subissent les assauts de l’Occident. C’est toute la question de l’occidentalisation du monde, autrement dit de l’impérialisme culturel occidental. Ce qui caractérise l’occidentalisation, c’est le fait que ce qui est projeté du Centre vers la Périphérie ne correspond pas au meilleur de la culture et de la civilisation occidentales (en science, en technologie, en philosophie, en littérature, etc.), mais à ses produits et ses images les plus bas, les plus pauvres, les plus stériles, les plus dégradants, les plus déshumanisants. Cette « sous-culture » (publicité et consumérisme, séries TV, etc.) est le produit d’exportation offert à la Périphérie par le Centre. Et quel présent ! C’est un cadeau porteur de la plus grande des aliénations. En effet, cette occidentalisation génère dans les sociétés périphériques deux pathologies complémentaires, portées souvent par les mêmes personnes, à des moments différents.

La première pathologie est celle de l’assimilation, c’est-à-dire de la soumission aux modes occidentales, et notamment aux modes de consommation. En réalité, le consumérisme prend la place de la culture traditionnelle et du lien social. Ce qu’il faut avoir à l’esprit, c’est l’importance des images dans cette première pathologie. Car, les habitants des sociétés périphériques, sauf quelques niches, n’auront jamais accès à l’ensemble des produits de la société de consommation occidentale. Pour une raison simple : la finitude des ressources physiques de la Terre ! Ce n’est donc pas la possession de l'objet qui introduit l’aliénation, c’est la fascination exercée par l’image de l’objet désiré. L’impérialisme culturel joue à fond avec ce désir fabriqué de l’objet. Ce phénomène ne frappe pas seulement les secteurs bourgeois (en réalité bourgeois-parasitaires), mais toutes les sections sociales de la collectivité, de la paysannerie pauvre jusqu’aux prolétaires des villes. La possession par tous des outils de communication, (smartphone, ipad et autres tablettes) fait que les habitants des sociétés périphériques sont susceptibles de sombrer, tous, dans l’aliénation, dans cette captation psychique par l’image de l’objet de consommation.

La seconde pathologie induite par l’impérialisme culturel occidental est celle de la réaction. Toute réaction n’est pas en soi pathologique, mais elle le devient quand cette réaction est réactionnaire. Je parle bien évidemment de certains courants qui vont utiliser le langage religieux à des fins socio-politiques. Bien évidemment, je ne vise pas l’ensemble de la mouvance islamiste (qui est éclatée entre plusieurs paradigmes bien distincts, entre un islamisme cosmopolitique et a-national et un islamo-nationalisme).

Il n’est pas certain que les situations de précarités socio-économiques dans lesquelles vivent les populations algériennes, maghrébines, arabes, africaines, soient les seules causes de la désespérance collective, de l’effondrement psychique de nos sociétés, de la soumission (relative, mais néanmoins présente) aux injonctions consuméristes occidentales… Il n’est pas certain que la fragilité des conditions matérielles d’existence soit le seul facteur explicatif du départ (pour ceux qui partent), et de la volonté de départ (pour ceux qui attendent) de ces dizaines de milliers, de centaines de milliers de jeunes pour l’Europe. Certains ont peut être vu ces images de jeunes algériens entassés dans un bateau en route vers la rive Nord, et tous munis de leurs tablettes et portables dernier cri…

L’une des pistes de réflexion nous est donnée par la psychologie culturelle, l’anthropologie et la psychologie sociale de la libération. Cette dernière est l’une des meilleurs écoles de pensée en psychologie, née en Amérique du centre (Salvador et Mexique). Cette psychologie sociale estime que l’émancipation des communautés, des peuples passe par une libération psychique, notamment par rapport aux normes culturelles occidentales. Dans cette optique, les questions deviennent : quel futur offrons-nous à nos enfants ? Quel destin donnons-nous aux nouvelles générations ? Quelle image du passé laissons-nous à la jeunesse pour qu’elle puisse se poser en sujet historique libre ? Quelles sont les références, les figures qui nous servent de critères dans nos actes, et nos engagements ? Quelles sont nos capacités à réenchanter le quotidien ?

On ne dira jamais assez à quel point cette crise dramatique qui affecte la jeunesse est d'abord une crise transgénérationnelle.

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Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


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