Philosophie de Mohammed Boudia : l’alliance de la Terre et de l’Espérance

Pièce de théâtre en un acte, l’Olivier a été écrit par Mohammed Boudia dans les prisons françaises, après 1958, l’année de son arrestation. Cette pièce a pour contexte la terreur coloniale qui s’est abattue sur un village. Il y a 4 protagonistes, tous algériens. D’abord, le jeune Aissa, âgé de 16 ans. Pour fuir les bombardements de l’aviation française, il vient se cacher dans le village. Mais il s’aperçoit que tous ses habitants sont morts. Il entend un « long cri, moitié humain, moitié animal ». C’est celui d’une jeune fille, Zineb, âgée de 13 ans. Elle était sa voisine. Mais la terreur l’a rendue folle. Ensuite apparaît Si Kaddour, âgé de 50 ans. Lui, est attaché à son territoire violenté et surtout à son arbre... totalement calciné ! Et enfin, le Combattant, un révolutionnaire de 30 ans.

L’extrait que je propose est la finale de la pièce. Il s’agit d’un dialogue entre Si Kaddour et le Combattant. Elle révèle l’attachement de l’Algérien à la Terre, et l’espérance qui traverse l’âme malgré la douleur et la mort.

Si Kaddour. - Tu sais pourquoi je suis revenu ? A cause de mon olivier. Je l’ai beaucoup aimé quand il était tendre et vert, plein de fruits et d’ombre. Et maintenant qu’il est touché à mort, je le fuirais ? Non ! Je me suis dit : si je le trahis, mon sang se transformerait en lait caillé. Bientôt Aissa reviendra peut-être et sèmera d’autres graines sur ces champs brûlés, il construira des maisons plus larges et la vie repoussera plus réelle, plus concrète, plus belle à vivre.

Le Combattant. - Tu es poète, mon frère…

Si Kaddour. - Comme tous fellah. La terre nous a imprégnés. Elle nous habite beaucoup plus que nous l’habitons. Elle est sur nos lèvres, dans nos yeux, dans nos manières et notre sang le véhicule à travers tout notre corps.