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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
12 mars 2022

Présence du cheikh Ibn Badis, par Kamel Nasser

Ibn badis Portrait

La polémique actuelle contre le cheikh Ibn Badis et les ‘Oulémas qui le suivaient témoigne d’une chose, celle de l’incapacité de leurs détracteurs à saisir correctement l’essence de ce mouvement. Et donc, ne connaissant pas l’essence de la badissiya, ils sont en vérité dans l’impossibilité de situer son empreinte sur la révolution algérienne.

En exhibant un extrait d’article publié à la une du journal des ‘Oulémas, El-Bassa’ir, l’organe de presse de l'Association des ‘Oulémas Musulmans Algériens, en mettant l’accent sur telle ou telle déclaration de tel ou tel de ses représentants, les détracteurs de la badissiya espèrent montrer qu’elle fut anti-révolutionnaire, procoloniale, antinationale. Ce n’est pas ici le lieu, mais il y aurait à expliquer comment une telle inversion a pu se produire ; comment une telle haine à l’égard du cheikh Ibn Badis et des ‘Oulémas a pu émerger ? Nous ne développerons pas ici notre thèse, partagée par d’autres observateurs, mais nous pouvons dire que cette controverse antibadissienne provient directement des cerveaux malades de cadres-militants de l’« État profond ».

Pour comprendre la badissya, des années 1910 à 1940, il faut se souvenir que le cheikh ‘Abd el-Hamid Ibn Badis a constamment ouvert la vie culturelle et spirituelle algérienne à la vie culturelle et spirituelle de la grande patrie arabe. Son pèlerinage à la Mecque ne fut pas seulement religieux, mais aussi éducatif, culturel, identitaire. Sa rencontre avec le cheikh Bachir el-Ibrahimi, qui fut également un enseignant à Damas !, précipita pour lui la nécessité de cristalliser en Algérie un courant national-culturel, afin de riposter à la politique d’assimilation du système colonial et de marginalisation de la culture arabo-musulmane. Cette riposte d’ordre culturel est l’essence de l’action badissienne : la réaffirmation de la personnalité arabe de l’Algérie.

Il ne faut donc pas chercher cette essence de la badissya dans tels propos de circonstance, liés à des tactiques de court-terme. Ce n’est pas sur le terrain activiste-politique que le cheikh ‘Abd el-Hamid Ibn Badis et ses amis contribuèrent à la libération nationale, mais sur le terrain éthique (les valeurs civilisationnelles), identitaire (la langue arabe et la foi), psychologique (la fierté d’être porteur d’une histoire spécifique). Le terrain politique-activiste était principalement celui de l’Étoile Nord-Africaine, du Parti du Peuple Algérien et du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques, avec le grand Messali Hadj. D’ailleurs, même les messalistes pouvaient tenir des propos très « modérés », « réformistes », « conciliants » avec le régime politique colonial. Mais cela n’avait aucune signification véritable, car l’essence du messalisme était la volonté d’indépendance. Le reste n’était que tactique, diplomatie et conjoncture.

 Quelle est la véritable intention des détracteurs actuels de la badissya ? Pourquoi cette hargne contre le cheikh ‘Abd el-Hamid Ibn Badis ? La raison « officielle » est que celui ne serait pas un authentique nationaliste, et que la révolution algérienne n’aurait rien à voir avoir avec ce « mouvement religieux » (pour reprendre la formule d’un chroniqueur de la presse francophone). Ainsi, les détracteurs se placent sur le terrain du nationalisme et du patriotisme. En réalité, ce qu’ils ne disent pas c’est que la badissya les gêne terriblement car elle défend non pas seulement l’Algérie, mais une Algérie définie comme arabo-musulmane. Or, l’Algérie des anti-badissiens est différente, c’est ce qu’ils appellent « L’Algérie algérienne », une Algérie sans profondeur culturelle arabo-musulmane, une Algérie séparée de son environnement naturel arabo-musulman, une Algérie désorientalisée, désarabisée, multiculturelle, une Algérie sans âme spirituelle qui naviguerait dans un universalisme abstrait, un cosmopolitisme désincarné.

Il ne faudrait donc pas tomber dans le piège : derrière cet algéro-algérianisme aux allures patriotiques se dessinent les contours d’une conception anti-arabe de l’Algérie (conception portée aussi bien par les franco-berbéristes que par les gauchistes-universalistes).

En résumé, en nous affirmant comme novembriste-badissien, nous voulons seulement clamer notre attachement à la liberté de l’Algérie face au système colonial (devenu néocolonial) et à la présence de l’Algérie dans la Fraternité historique, spirituelle et culturelle des peuples de la Nation arabe.

 

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Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


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