Le ralliement des classes populaires occidentales à l'impérialisme, selon Samir Amin
"Les nations occidentales sont de plus en plus des nations de petites bourgeoisies, au sens que s'y concentrent les couches médianes dont les fonctions ne se comprennent qu'à l'échelle du fonctionnement du système mondial (...) L'hypertrophie du tertiaire devenu improductif, la concentration possible du quaternaire dans l'hypothèse d'une nouvelle division internationale reléguant certaines industries à la périphérie, ont pour contrepartie la concentration de la génération de la plus-value à la périphérie, par l'exploitation directe à des taux de plus-value élevés, la domination formelle sur les secteurs précapitalistes, le pillage des ressources naturelles, etc (...) Les ambiguïtés des mouvements populaires et ouvriers d'Occident trahissent le recul opportuniste devant ces problèmes. On le voit bien aujourd’hui, à propos de la bataille que les pays du tiers monde livrent pour leur indépendance économique et le relèvement des prix des matières premières. La question est en effet de savoir qui supportera en définitive les superprofits des monopoles : les classes ouvrières des centres ou les peuples (y compris leur bourgeoisie) des périphéries ? Or, on voit la gauche occidentale se ranger sans hésitation aux côtés de l'impérialisme."
(Classe et nation dans l'histoire contemporaine, Paris, éd. de Minuit, col. "Arguments", 1979, p. 198)