Quel avenir pour la langue arabe ?, Gibran Khalil Gibran
La langue n’est que l’un des aspects de la créativité de la nation ou de la personnalité collective de celle-ci. Lorsque la force créatrice s’assoupit, la langue cesse d’avancer et cet arrêt est synonyme de recul, lequel est synonyme de mort et d’effacement.
L’avenir de la langue arabe dépend donc de celui de l’existence - ou de l’inexistence - d’une pensée créatrice dans l’ensemble des nations qui parlent l’arabe. Si cette pensée existe, l’avenir de la langue arabe sera aussi grandiose que son passé ; mais dans le cas contraire, elle connaîtra à l’avenir le même sort que ses deux langues sœurs, le syriaque et l’hébreu.
Qu’est-ce donc que cette force que nous appelons créatrice ?
C’est la détermination de la nation à aller de l’avant. C’est d’avoir, dans son cœur, la faim, la soif et le désir de l’inconnu ; c’est d’avoir dans son esprit une série de rêves que l’on s’efforce, jour et nuit, de concrétiser.
Extrait de Histoire de la littérature arabe moderne, tome II, Anthologie bilingue (traduction de l'arabe par Heidi Toelle), sous la direction de Boutros Hallaq et Heidi Toelle, Sindbad/Actes sud, 2013.