Incarner les valeurs chevaleresques, par Kamel Nasser
Face au spectacle des guerres, face à la déferlante des désespérances qui frappe le monde, face à la montée des nihilismes et des fausses radicalités, face à la sidération qui paralyse et à l’agitation émotionnelle, l’attitude juste - pour rester fidèle au grand projet de la Renaissance nationale civilisationnelle arabe et islamique - est d’incarner les vertus de l’éthique chevaleresque. Et cette éthique est la Futuwwa !
Largement méconnue aujourd’hui, la Futuwwa a pourtant, durant plus d’un millénaire, illuminé notre Moyen-Age. Ce terme renvoie à une racine de la langue arabe qui désigne la jeunesse : le Fata est le jeune homme par excellence et cela bien avant la naissance de l’islam historique. Le Coran utilise le terme à propos d’Abraham, appelé également khalil Allah, l’Ami de Dieu (XXI/60).
La Futuwwa est le nom des grands mouvements de la jeunesse arabe et musulmane, notamment dans les grandes villes du Machreq, du Maghreb, de la Perse, etc. Mais cette juvénilité est toute singulière car transcendantale, les qualités de cette jeunesse étant celles d’une chevalerie célestielle. La Futuwwa est ainsi traduite par chevalerie....
L’idéal chevaleresque en islam n’est pas une pratique mortifère ou sombre. Le Fata-chevalier est un chevalier joyeux, car ses cheminements, ses pérégrinations, qui sont son existence même, le mènent à chaque fois à des aspects différenciés de l’unique Réalité, El-Haqiqa.
Il y a - dans la culture spirituelle, théologique et poétique de l'islam-, une relation d’intimité entre les notions de « jeunesse », « chevalerie », « joie », « noblesse de l’âme » ; et les penseurs de l’islam citent souvent ce dit prophétique (hadith) : « J’ai été envoyé pour parfaire la noblesse du comportement ». La Futuwwa est le terme arabe qui désigne cet élan chevaleresque...