L’implacable Ishaq Moussa el-Husseini (اسحق موسى الحسيني ) (1904-1990), le Palestinien de la ligne civilisationnelle

« La perte de la rationalité, de la pensée véritable fondée sur la logique, les études, la méditation. Les penseurs n'ont pas pris une part effective à l’édification de notre présent, et on ne leur a pas ouvert un champ d'action. Nous ne possédons pas d'institutions qui accueillent des catégories différentes de penseurs en leur sein, répartis selon leurs spécialités. Il n'existe pas chez nous d’auteurs qui se consacrent à l'étude de nos différents problèmes, rédigent leurs opinions et les transmettent à ceux qui viennent après eux, de façon à constituer ainsi un héritage scientifique dans chacun des domaines de la vie. Il n'existe pas chez nous de librairies spécialisées : pour les sciences économiques, les sciences agricoles, etc. Quand nous devons effectuer des recherches, nous empruntons aux auteurs étrangers, nous les citons, tout fiers de pouvoir accéder à leurs textes. Nous n'avons pas de congrès qui étudient des types bien définis de problème, suscitent la discussion autour de ces problèmes, et invitent les gens d’expérience et de science en discuter. Il n'existe pas chez nous de sociétés de pensée qui illustrent une pensée déterminée et s'en fasse les apôtres. Nous avons concentré nos efforts dans la politique, après l'avoir dépouillé de ses caractères les plus importantes et l’avoir réduite à une activité verbale, sans plus ; quant à la politique au sens véritable du mot, la politique économique, sociale, industrielle et autre, elle n'a que peu fait l'objet de notre attention. »

(Sur la crise de la pensée arabe, Beyrouth, 1954, traduit par Anouar Abdelmalek dans Anthologie de la littérature arabe contemporaine. Les Essais, Paris, Le Seuil, 1965, p. 183))