Le sursaut de l’âme et l’ordre chevaleresque arabe, par Kamel Nasser

La révolution arabo-musulmane dont notre Algérie et notre grande patrie arabe ont besoin est une révolution globale. Elle est à la fois sociale et personnelle, politique et intime. Elle se déroule dans la vie collective et dans nos âmes. Cette révolution, dont les fondements sont d’abord culturels et spirituels, est ouverte aux femmes et aux hommes de « bonne volonté ». Cette révolution est portée par des femmes et des hommes qui s’éveillent à la lumière de la mémoire civilisationnelle de la Nation. Mais si les chemins de la mémoire s’ouvrent, les chemins de la transformation du monde s’ouvrent également. Ce sont les deux fronts sur lesquels nous devons poster nos âmes, nos cœurs, nos esprits, nos corps aussi : la mémoire et la transformation .

Celles et ceux qui sont déjà engagé-e-s sur ces chemins doivent attirer de nouvelles personnes, en leur donnant des raisons d’espérer. La psychologie de la révolution culturelle arabo-musulmane ne peut tolérer aucune faiblesse, aucun défaitisme, aucune résignation. On ne peut être à la fois désespéré et porteur d’héritage, désespéré et transformateur du monde. La conscience chevaleresque de la femme et de l’homme qui représentent et incarnent cette révolution est de nature joyeuse, pleine d’enthousiasme, malgré les drames vécus, malgré les souffrances. Leur conscience n’est pas victimaire, mais héroïque.

Quelle est le cœur de cette révolution culturelle, spirituelle et politique à laquelle nous nous rallions ? Libérer les énergies créatrices de la société arabe ; en finir avec le « réalisme » qui nous conduit à accepter ce qui est inacceptable ; accompagner les nouvelles générations sur les chemins de l’histoire civilisationnelle pour que leur force ne soit pas dissipé dans le présent éphémère et la modernité de pacotille ; éclairer les situations, apporter la lumière à celles et ceux qui sont en état de souffrance ; réaffirmer la vérité de la Tradition arabe face au désordre mental qui malmène certaines composantes de notre société.

Cette révolution arabo-musulmane dispose d’une doctrine de l’État et d’une doctrine de sa relation à la société. Nos philosophes les plus anciens jusqu’à ceux de notre époque - d’Abou Nasr el-Farabi à Abou el-Hassan el-Mawardi, de ‘Abd el-Rahman el-Kawakibi à Tareq el-Bishri - nous ont enseigné que l’État ne doit pas être une idole ou un appareil d’oppression, mais, au contraire le bouclier de la Oumma. L’humanisme arabo-islamique pose comme finalités de la pratique de l’État la protection de la dignité ('irdh), la sécurité des personnes (amn), la promotion de la solidarité dans la collectivité (takaful), la protection des droits individuels (houqouq), la promotion de la justice ('adl), la promotion de la liberté (hourriya), la promotion de la fraternité (oukhouwa).

On demanda à l’imam ‘Ali, e quatrième Khalife de l’Islam : «  ‘‘Qui des deux est préférable, la justice ou la générosité ?’’ Et il répondit : ‘‘La justice place les choses à leur juste place, tandis que la générosité les soustrait à l’avilissement. La justice est un principe directeur général, alors que la générosité est une chose qui survient de façon particulière. C’est donc la justice qui est la plus noble des deux et la plus préférable’’ ». La Justice sociale est le fondement de la doctrine de l’État et de son lien avec la société, une justice dans notre ici-bas, pour les opprimés du monde. La révolution arabo-musulmane pour l’Algérie et notre grande patrie arabe est la matrice d’un socialisme spécifique, d’un socialisme endogène, d’un socialisme enraciné dans l’humus culturel et spirituel de notre patrimoine historique.

Mais, il faut bien comprendre que cette révolution, si elle a une expression socio-politique et économique, renouvelle également la vie de famille, le monde de l’art, notre rapport à l’environnement. Les possibilités de restauration de la Tradition, dans des formes nouvelles, sont nombreuses. A chacune et à chacun de s’autodéterminer et d’entrer dans l’Ordre chevaleresque arabe.