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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
27 août 2023

Hommage à Sati el-Husri, le Théoricien du nationalisme arabe, l'artisan de la réappropriation de la longue mémoire arabe

ساطع-الحصري

Le courant nationaliste-révolutionnaire arabe a grandement contribué, pour des raisons évidentes, à la valorisation de la profondeur historique de la Nation arabe. L’idée-maitresse était que la souveraineté des peuples arabes ne pouvait être effective si ces peuples n’entraient pas en possession de leur héritage culturel, de leur patrimoine civilisationnel. Cette réappropriation de la mémoire perdue se révélait être une démarche anticolonialiste et anti-impérialiste dans la mesure où les Occidentaux, dans le cadre de leurs empires, non seulement coupaient les peuples arabes de leurs histoires, mais en plus s’appropriaient les objets matériels, témoins de cette profondeur. Les grands musées occidentaux sont pleins de ces trésors volés…

 
Au cours du 20ème siècle, le Syrien Sati el-Husri (ساطع الحصري) joua un rôle important dans la diffusion de la conscience nationale arabe, et dans l’œuvre de réhabilitation de la mémoire, par le biais des études archéologiques. Il est né le 5 août 1879 au Yémen, à Sanaa, au sein d’une famille syrienne sunnite originaire de la ville d’Alep. son père, Mohammed Hilal el-Ḥusri (né en 1840) était juge dans le système judiciaire ottoman. Il fut ainsi le directeur de la Cour d’Appel Criminelle dans la capitale du Yémen.
 
Très tôt, il s’intéresse à la culture, à l’enseignement, aux sciences naturelles (qu’il étudie dans divers établissements scolaires de l’empire Ottoman). Il se rendra également en Europe pour approfondir ses connaissances. Après diverses activités (enseignement et administration) dans les Balkans, il s’installe, en 1908, à Istanbul et y fonde Enver i Ouloum , un magazine consacré aux sciences. Il rédige et publie également plusieurs ouvrages sur les questions pédagogiques. Politiquement, ces années 1910, il se situe clairement dans une orientation ottomaniste. A ses yeux, tant que l’empire Ottoman restait un cadre multinational, il devait être sauvegardé, contre les velléités impérialistes occidentales. Mais la montée en puissance des milieux nationalistes grands-turcs et la crise de l’ottomanisme comme idéal universel réorientent Sati el-Husri vers un positionnement intellectuel et politique de type nationaliste arabe.
 
Après la première guerre mondiale, il rejoint le roi Faycal à Damas. Il est nommé ministre de l'éducation nationale. Mais le séjour en Syrie est de courte durée, car l’agression coloniale française et l’occupation qui suivit provoquèrent le départ du roi Faycal à Baghdad en Iraq. Dans ce pays, Sati el-Husri assume la fonction de directeur général de l'éducation. Là, il est en mesure de réaliser son rêve : amener en Iraq des professeurs de Syrie et de Palestine afin d’élargir la conscience nationaliste de la jeunesse irakienne en la rendant fière de son passé. Il innove en pédagogie, notamment en introduisant, dans des classes mixtes, des techniques modernes d’enseignement, de même que les langues étrangères. Malgré l’hostilité des milieux traditionalistes, il maintient le cap et a le soutien du roi Fayçal. Celui-ci aurait dit : « Sati, ne perdons pas courage. Nous ne voulons pas être populaires à tout prix et nous n'avons pas à rechercher des compromis avec ceux dont l'action ne vise qu'à enraciner le sous-développement. En Irak, nous construisons un État nouveau et un exemple pour toute la nation arabe. L'avenir nous rendra justice. » (Moudhakirati fi al Irak, (Mes mémoires en Irak, 1921-1941), Beyrouth, 1967)
 
Après la mort du roi Faycal en 1933, Sati el-Husri continue son œuvre sous le règne du fils du défunt, le roi Ghazi 1er., qui se situe dans la même ligne nationaliste arabe. En 1934, pour la première fois depuis la création de la fonction par les occupants britanniques, la direction du Départements Antiquités revient à un Irakien, Sati el-Husri. Il secoua fortement la tutelle britannique dans ce secteur. L’année suivante, il devint, au sein du ministère de l’éducation, le responsable de l’Instruction publique. En 1941, il décide d'ouvrir le premier chantier de fouilles sur un site archéologique préislamique (Tell Uqair), et en confie la responsabilité au grand archéologue Saïd Fuad Safar (1911-1978).
 
Entre-temps, le roi Ghazi 1er est assassiné en 1939, vraisemblablement par les Britanniques. De nouveau, Sati el-Husri doit prendre de nouvelles routes, et il s’installe au Liban, à Beyrouth, et ensuite à Damas. En 1943, le président syrien, Shukri el-Kuwatli lui demande de prendre en charge un projet nationaliste dans le domaine éducatif pour l'école secondaire.
 
En 1947, Sati el-Husri se retrouve au Caire, en Égypte, où il s’occupe du département culturel de la Ligue des États Arabes. Son projet est de parvenir à une unification des systèmes d’éducation nationale. Il restera à ce poste près de 18 ans. Il travaillera aussi avec plusieurs institutions égyptiennes durant la période nassérienne. En 1965, il retourne à Baghdad. Cet infatigable militant et théoricien de la cause nationale arabe meurt le 23 décembre 1968. De funérailles grandioses sont organisées pour honorer sa mémoire.
 
Sati el-Husri ساطع الحصريfut un immense théoricien du nationalisme arabe. A ses yeux, l’arabité devait être pensée comme une réalité culturelle et linguistique, par-delà les affiliations ethniques et confessionnelles. De plus, il ouvrait la Nation arabe à l’ensemble des peuples arabes, du Golfe à l’Océan. (Kamel Nasser)
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Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


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