L’Insurrection du Nord-Constantinois du 20 août 1955, par Kamel Nasser

Quel est le principal enseignement de l’Insurrection du Nord-Constantinois, au mois d'août 1955 ? Le but était d'empêcher toutes les voies de conciliation, de dialogue entre la société algérienne et la société coloniale. Ainsi, il fallait créer les conditions pour empêcher la mise en place de solutions néocoloniales (comme celles qui seront appliquées en Tunisie, au Maroc et dans plusieurs pays d'Afrique noire). Pour cela, il fallait métamorphoser la révolution. Si le 1er novembre 1954, la révolution était nationale, au mois d'août 1955, elle devint populaire. En effet, la répression massive qui a suivi l'Insurrection des moudjahidines de l'Armée de Libération Nationale, sous la conduite du chahid Zighout Youcef, a conduit les masses populaires rurales (mais aussi urbaines) à rallier l’effort de guerre. Incontestablement, cette participation massive de la population, à partir de ce moment, allait imprimer à la révolution un contenu social radical. Comme le disait Frantz Fanon, dans son livre Les damnés de la terre, il s’agissait d’un « point de non-retour ». Dorénavant, la voie de la libération était tracée pour libérer l’Algérie, édifier un « Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques » et réaliser «l’Unité nord-africaine dans le cadre naturel arabo-musulman », pour reprendre les termes de la Déclaration de Novembre.