Le socialisme arabo-musulman comme impératif national-civilisationnel, par Kamel Nasser

Il est troublant et triste de constater que la plupart des partisans de Houari Boumediene (mais je pourrais aussi parler de Jamel 'Abd el-Nasser et d'autres expériences similaires) ne parle que très rarement de son socialisme. On évoque, et avec raison, son nationalisme intransigeant, son sens de l'Etat, son service à la patrie, son projet national arabe, son islamité, mais son socialisme, jamais, ou presque !

Pourtant, "socialisme" un terme qui désigne simplement la quête universelle des peuples de l’humanité pour la justice sociale (droits humains, égalité devant la loi, socialisation des grands moyens de production, partage équitable des richesses, etc.).

Ce sont des valeurs universelles au sens où elles sont présentes, potentiellement, dans toutes les aires de civilisation, Nord et Sud, Orient et Occident.

Il revient aux intellectuels révolutionnaires, aux mouvements révolutionnaires de mobiliser les peuples pour la matérialisation de ces valeurs. Pour cela, il est nécessaire de montrer que ces valeurs, ce socialisme donc, ne sont pas un gadget idéologique qui viendrait de la sphère occidentale, mais une dimension de la culture, de l’histoire arabo-musulmanes. Si le socialisme est universel, il est aussi l’expression, dans sa forme, de chaque histoire culturelle et spirituelle. C’est pour ce que dans les années 1950-1970, dans la Nation arabe (notamment en Algérie), on parlait de socialisme « arabe », « islamique », «spécifique ». Cela veut dire qu’il faut explorer l’histoire de la civilisation arabo-musulmane afin de mettre en avant les expériences de justice sociale. Car il est évident que le projet socialiste est une manifestation du sens de la justice et du droit légué par les Anciens.

La réhabilitation du socialisme arabo-musulman est d'autant plus importante que, dans le contexte de la globalisation capitaliste, les injustices sociales se creusent, la précarisation augmente et que la mise sous tutelle des économies se déchaine.