L'Algérien Rachid Bourouiba, رشيد بورويبة, un maitre de l'histoire de l'architecture et de l'art arabo-islamique, Kamel Nasser

Rachid Bourouiba est un nom qui compte dans le processus de valorisation de la profondeur culturelle arabo-musulmane de l’Algérie. Et dans cette culture, l’architecture tient pour lui une place essentielle. C’est après l’accession de l’Algérie à son indépendance en 1962 qu’il entame ses travaux académiques sur le patrimoine architectural du pays, centrés sur la période médiévale. Ce travail pourrait étonner, car l’Algérie indépendante avait comme priorités d’édifier un État, de répondre aux besoins sociaux, construire une économie autocentrée. Mais, aux yeux de Rachid Bourouiba, la projection dans l’avenir, pour qu’elle soit fertile, devait reposer sur la connaissance du passé. Pas de véritable indépendance sur fond d’amnésie. Il allait donc se plonger dans l’histoire de la civilisation arabe au Maghreb, avec ses dynasties, ses capitales, ses limites et ses gloires.

C’est le 29 juillet 1917 que Rachid Bourouiba naît à Alger, dans une famille ouvrière et syndicaliste. Il découvre sa vocation dans l’art de la transmission. Il commence son parcours à l’école primaire de Sétif et primaire supérieure de Thénia. Il obtient le Brevet élémentaire, ce qui lui permet d’entrer à l’Ecole normale de Bouzaréah en 1936. Après son service militaire en France, il retourne en Algérie, comme instituteur à El Maten (en Kabylie). Durant la seconde guerre mondiale, il est mobilisé en Tunisie (en 1939-1940) et sera à nouveau rappelé en 1943. Il participe au débarquement en Corse et en Provence. Démobilisé en 1945, il est de nouveau en Algérie, dans la région de Chlef, puis à Khémis-Miliana et Boufarik. Il enseigne notamment la langue arabe (il est licencié d’arabe de l’université d’Alger). Il a également eu, durant cette période, de nombreuses activités syndicales et politiques (au sein du mouvement indépendantiste).

Libérée, l’Algérie entame la mise en place d’un nouveau cadre éducatif. Rachid Bourouiba deviendra, au mois d’août 1962, quelques semaines après la proclamation de l’indépendance, le premier directeur du premier degré chargé de préparer la rentrée scolaire 1962-1963. Le 1er janvier 1963, il est enseignant à l’université d’Alger, dans la Section d’histoire. Parallèlement à ce travail d’administration et de transmission, il souhaite approfondir ses études.

Avec sa licence d’arabe, il peut préparer deux certificats d’Orient musulman et d’Occident musulman. Il obtiendra son doctorat de 3ème cycle sous la direction du professeur Lucien Golvin à l’université d’Aix-en-Provence. Ce doctorat s’intitule : Inscriptions commémoratives des mosquées d’Algérie. Il deviendra professeur d’histoire médiévale et d’histoire de l’art musulman à la Faculté des lettres de l’université d’Alger, dont il sera plus tard doyen. Rachid Bourouiba est décédé le 3 avril 2007. Qu’Allah l’accueille dans son vaste paradis.