La mémoire, une exigence à la fois spirituelle et nationale, par Kamel Nasser

L’inconscient individuel comme l’inconscient collectif, dans les termes de la psychologie des profondeurs de Carl Gustav Jung, portent les traces de ce qui a été fait, pensé dans les âges précédents. En fait, la psyché humaine garde en elle la totalité des événements, mais aussi des intentions, des imaginations. C’est ainsi que je comprends ces appels constants de la parole coranique au souvenir. Le Saint Coran arabe exhorte les croyants et les croyantes à se souvenir de ce qui a été. Cela concerne aussi les Prophètes. Ainsi, dans la sourate El-Maidah (La table servie)

« Et quand Dieu dira: ‘‘Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi

et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit’’. »

«إِذْ قَالَ ٱللَّهُ يَٰعِيسَى ٱبْنَ مَرْيَمَ ٱذْكُرْ نِعْمَتِى عَلَيْكَ وَعَلَىٰ وَٰلِدَتِكَ إِذْ أَيَّدتُّكَ بِرُوحِ ٱلْقُدُسِ»

Si le salut de l’individu dépend du souvenir d'Allah - qui est la plus grande vertu spirituelle -, il n’est pas illégitime de penser que la renaissance nationale-civilisationnelle arabo-musulmane repose elle, sur le souvenir historico-culturel.

Les révolutionnaires algériens qui entendent contribuer à cette grandiose renaissance, à cette insurrection, à cette résurrection de notre « nation-civilisation » arabo-musulmane doivent comprendre la nécessité d’articuler ces deux grandes lignes d’action :

- la première est celle de la défense de l’Algérie (Etat, Nation et Société) qui « représente le dernier verrou souverainiste en Méditerranée », comme l’a dit Mohamed Tahar Bensaada, directeur de l’Institut Frantz Fanon.

- la seconde est celle de la promotion de l’immense patrimoine culturel algérien et arabe, la valorisation des richesses politiques, esthétiques, philosophiques, scientifiques qui sont présentes dans la mémoire des peuples arabes, depuis l’Antiquité assyro-babylonienne, syro-phénicienne, numido-punique, arabo-yéménite jusqu’à nos jours.