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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
31 mars 2022

Connaissez-vous le Kabyle Ahmed ben Salem, soufi, résistant, kadérien et homme de la hijra vers le Bilad ech-Cham ?

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Originaire de Ain Bessem dans la région de Bouira, Ahmed ben Salem est né en Kabylie dans une famille maraboutique, dans les premières années du 19ème siècle. Venant de Fès, Sidi Salem ben Makhlouf, le grand aïeul de la famille, s’était installé en Kabylie au 16e siècle. Dans l’actuelle commune d’El-Mokrani, il fonda une zaouïa, qui devint un pilier de la culture et de la spiritualité arabo-musulmane dans la région. Cette zaouïa avait une très bonne réputation dans la population kabyle, et avait une grande influence sur elle. Mais Ahmed ben Salem ne fut pas seulement une figure de la tradition spirituelle, mais aussi un homme de la résistance armée contre le colonialisme français. Le Coran dans une main et une arme dans l’autre main !

Dans le période 1830-1832, autour de l’Emir ‘Abd el-Qader s’est mis en place un grand mouvement de résistance militaire dans l’Ouest et le Centre de l’Algérie. Sur le front de l’Est, la résistance était incarnée par Ahmed Bey, dans le Constantinois. La France, représenté par le général Bugeaud, a reconnu, avec la signature du traité de la Tafna en 1837, l’autorité kaderienne sur une portion importante du territoire. L’Émir ‘Abd el-Qader profita de cette situation, qui résultait des sacrifices consentis lors des batailles contre l’ennemi, afin de fonder un véritable Etat, qui sera le noyau de l’État national algérien. Pour cela, il devait visiter les diverses contrées de son territoire, et mettre en place des organes locaux et régionaux qui seraient les relais de sa souveraineté. En 1839, l’Emir ‘Abd el-Qader, dans un voyage en Kabylie, rencontra pour la première fois Ahmed ben Salem. La rencontre se déroula à Hammam Ksenna, dans la région de Bouira. L’Émir a immédiatement perçu les qualités morales et spirituelles, le sens national, le sens de l’État de Ahmed ben Salam, de même que sa capacité au commandement. Sa décision est prise : il sera son représentant, son khalife, dans cette partie du territoire de l’oued Sahel et du Sébaou (qui correspond aux wilayas de Tizi-Ouzou et Bouira). L’Emir procéda également à la nomination de 03 Aghas (les adjoints) de Ahmed ben Salem : Belkacem (chef des Ait-Kaci de Tamda), Agha du Sébaou (les Amraoua Oufella) ; El-Hadj Omar Oumehiedine (chef des Ait Mahiedine de Taourga), Agha des tribus de Dellys et de Ouaguenoun ; El Hadj Mohamed Ben Zaâmoum, Agha des Flissa Guechtoula. Pour sa part, Ahmed ben Salem, outre sa fonction de khalife, prenait en charge le commandement des tribus du Sud du Djurdjura et de l’oued Sahel.

Afin de renforcer l’autorité de Ahmed ben Salem, l’Emir ‘Abd el-Qader, en visitant les villages de Kabylie et en rencontrant les notables des tribus et les chefs des zaouïas, lui avait demandé de l’accompagner. Ahmed ben Salam avait conscience que le grand problème qu’il devait régler était le tribalisme qui régnait en Kabylie, et qui se manifestait par des divisions entre les clans. Ainsi, en 1840, il prit l’initiative de réunir le Cheikh Sidi Mehdi Seklaoui, représentant les Ait Irathen et le Cheikh El Moubarek pour les Ait Mahmoud. Comme nous l’avons dit dans une précédente publication, le Cheikh Sidi Mehdi deviendra quelques années plus tard, en 1847, le cerveau de la première hijra algérienne en Syrie. Pour l’heure cette rencontre eut lieu à Djamaâ Sidi Amar de Draa Ben Khedda. La rencontre fut un succès total pour Ahmed ben Salem car les deux chefs kabyles reconnaissaient son autorité et donc l’État que mettait en place l’Emir ‘Abd el-Qader. Mais autant le khalife était un fin diplomate, autant il savait être ferme devant les tribus qui refusaient l’autorité nationale algérienne et donc le paiement de l’impôt, voir qui collaboraient avec les troupes coloniales françaises.

Jusqu’en 1847, le valeureux Ahmed ben Salem conduira le jihad contre l’armée française. L’un des moments les plus importants se déroula en octobre 1839. Les Français violèrent leur parole en ne respectant pas les termes du Traité de la Tafna. En effet, le général Valée, qui était le gouverneur général, traversa le territoire de l’Emir ‘Abd el-Qader, près de Bouira. L’Emir déclara une nouvelle fois, au mois de novembre, le jihad contre cette trahison. Ahmed ben Salem rassemble ses troupes (les Ait-Laâziz, Ait Yaâla, Guechtoula, Beni Djaâd et Flissa) et se porta près de l’oued Kaddara, à Bouzegza. En coordination avec les résistants de deux autres khalifats kadériens (El Berkani en provenance de Médéa, et Ben Allal de Miliana), Ahmed ben Salem déclencha une série d’attaques contre les postes de l’armée française et les fermes coloniales, dans la Mitidja. La lutte armée va durer plusieurs mois, et elle frappera aussi les tribus ralliées à la puissance occupante. Au mois d’août 1842, Ahmed ben Salam mobilise ses troupes (avec celles du khalifat El Berkani) pour aider la résistance du khalifat Mohamed ben Amar de M’sila, dans la région de Boussaâda.

A partir d’octobre 1842, l’armée française prend la décision d’en finir avec la féroce résistance d’Ahmed ben Salem. Le général Bugeaud lance une grande offensive, de même que le Duc d’Aumale. Les tribus sont massacrées, ou soumises, les villages incendiés. Nouvelle offensive meurtrière en avril 1844. Une colonne de 8000 soldats colonialistes attaque Ahmed ben Salem, qui lance sa cavalerie à l’assaut de l’ennemi. Le combat dure 14 heures, et le général Bugeaud doit battre en retraite. Mais les pertes dans le camp arabo-musulman kabyle sont terribles.

Quelques mois après, Ahmed ben Salam se met en marche contre les tribus de Dellys qui viennent de reconnaître le drapeau français. Le général Bugeaud, afin de soutenir ses nouveaux alliés kabyles, déclenche une offensive avec 5700 soldats. De nouveaux crimes sont commis, et de nouveaux ralliements à l’ennemi.

L’année d’après, en 1845, au mois de mars, Ahmed ben Salem est encore présent et conscient des enjeux de la lutte sacrée. Il participe à une bataille à Boukhalfa. Et en juin, il se place aux côtés de la tribu des Ait Laâziz qui est attaqué par les soldats du général d’Arbouville, sur les collines de Sidi-Messaoud. Toute cette année est une année de combats acharnés, contre la France, et contre les tribus ralliés et leurs caïds. Et contre la maladie. Ahmed ben Salem est malade et ne peut conduire tous les assauts. Mais l’armée coloniale a, avec elle, la puissance de feu et toute la logistique du capitalisme et de l’impérialisme de la métropole.

Malgré cela, l’Emir ‘Abd el-Qader parvient à revenir en Kabylie en février 1846, et rassemble les résistants à Boghni. Peu après, il installe son camp militaire la colline de Sidi Messaoud dans le territoire des Ait Laâziz. Ahmed ben Salem le rejoint. En mars, il décide de se rendre en Oranie, pour redynamiser le combat anticolonial. Mais le destin décide pour la patrie un autre sort que celui de la liberté. En 1847, une grande partie des affrontements cessent. Ahmed ben Salem dépose les armes pour éviter la logique génocidaire du colonialisme français. C’est le 27 février 1847 qu’il se rend. Il refusera les propositions de ralliement des Français, les biens et les honneurs. Il ne demande que deux choses : qu’il n’y ait pas de représailles contre les tribus du territoire dont il avait la charge, et qu’il ait la possibilité de faire le hadj à La Mecque. Delà, il rejoint la hijra des Algériens de Syrie. Dans la décennie qui suivra, jusqu’à sa mort en 1856, Ahmed ben Salem s’occupera, à Damas, de l’accueil des réfugiés de Kabylie, et de l'ensemble de l'Algérie, qui feront de la Syrie arabe leur nouvelle patrie.

 

Qu’Allah accueille le chahid Ahmed ben Salem dans son vaste paradis.

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Commentaires
K
Salem ben Salem existe à mascara et il a trois Enfents dans chaqu’un pour son nom saleme,ben Salem,khatir les 3 noms de famille ont le même père sidi Salem ben Ibrahime ben El mahdi
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Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


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