Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
31 mars 2022

Une introduction pour comprendre la genèse et la nature véritable du conflit arabo-sioniste, par Kamel Nasser

Palestine_Rises_-_Naji_ali

Point Essentiel 1
La Palestine est partie prenante de l'histoire de la Syrie historique et donc de la Nation Arabe tout entière. Et avec El-Qods, elle est une patrie de la grande Communauté islamique. Toute position considérant, en Algérie, que la "question palestinienne" est secondaire, ou relevant des "affaires étrangères", est suspecte. Le soutien à la résistance palestinienne fait partie des données existentielles de l'Algérie.
-
Point Essentiel 2
Le sionisme constitue la principale cause du drame palestinien. Mais le projet sioniste visant à l'installation de juifs du monde entier en terre palestinienne n'est pas né au sein du judaïsme. Ce n'est pas Theodore Herzl qui a "inventé" le sionisme. En réalité, le sionisme est un pur produit du christianisme occidental anglo-saxon des 16ème et 17ème siècles (à travers certains courants de la Réforme Protestante). C'est le sionisme chrétien qui va enfanter les sionismes juifs et laïcs.
-
Point Essentiel 3
La Déclaration Balfour (1917) est le résultat de l'alliance entre le sionisme chrétien et l'impérialisme britannique. Cette Déclaration ouvre la porte à une colonisation massive de la Palestine. De Lord Balfour jusqu'à Winston Churchill, nous avons une lignée de dirigeants sionistes chrétiens anglais, lignée qui remonte 300 ans auparavant.
-
Point Essentiel 4
L'antisémitisme occidental et le sionisme occidental ont très exactement la même conception du monde, la même historiographie. Les deux estiment que le fait "juif et le fait "non-juif" sont incompatibles dans le même espace. Les antisémites affirmant que les Juifs doivent quitter "leur" pays. Les sionistes affirmant que les Juifs doivent se regrouper en "Terre promise". L'antisémitisme et le sionisme occultent les siècles de symbioses socio-culturelles en Europe (par exemple avec la culture yiddish) et dans la civilisation arabo-islamique (dans El-Andalus, au Maghreb, en Iraq, au Yémen). En Europe, l'antisémitisme a cassé les symbioses judéo-européennes. Dans la Nation arabe, c'est le sionisme (et les colonialismes français et anglais) qui ont détruit les symbioses judéo-arabes. Les Arabes ne portent aucune responsabilité dans la tourmente des Juifs occidentaux.
-
Point Essentiel 5
Dans la conscience arabe contemporaine, la prise de possession coloniale britannique et la colonisation sioniste de la Palestine, et la pénétration coloniale française de la Syrie et du Liban, sont vécues comme un nouveau traumatisme similaire à un double événement historique: les croisades et la chute d'El-Andalus.
-
Point Essentiel 6
La résistance du peuple arabe de Palestine à la colonisation ne date pas de 1948. Elle remonte aux années 1910... Les années 1920 verront de nombreuses manifestations populaires de protestation contre les colonies et le Mandat britannique. Les années 1930 connaîtront la résistance armée dirigée par le nationaliste arabo-musulman soufi 'Iz ed-Dine el-Qassem, à partir de 1931, et la Grève générale de 1936.
-
Point Essentiel 7
La Nakbah (catastrophe) de 1948 a fait éclater la société palestinienne en trois "morceaux". Chaque "morceau" va initier, dans trois contextes socio-géographiques différents, sa propre forme de militance, son propre paradigme, ses propres exigences politiques et juridiques. Ces trois Palestine sont : les Réfugiés, les Occupés et les Palestiniens de l'Intérieur. Il y a donc trois "questions" palestiniennes, et la résolution du conflit passe par la résolution de ces trois questions.
-
Point Essentiel 8
A partir de 1948 jusqu'en septembre 1982, la résistance est essentiellement incarnée par la figure du Réfugié, notamment celui qui vit dans un camp (en Jordanie ou au Liban). Les Réfugiés palestiniens sont à l'origine en 1949, de la création des Phalanges du Sacrifice Arabe, et en 1951 du Mouvement des Nationalistes Arabes (ces deux organisations ayant été fondées par des Palestiniens et des militants originaires d'autres pays arabes). Ensuite viendra la création du Fatah en 1959. A la fin des années 1960, de nombreuses organisations palestiniennes verront le jour (comme le Front Populaire de Libération de la Palestine, le Front Démocratique de Libération de la Palestine, le Front de Libération Arabe, etc.). Ces mouvements vont investir l'Organisation de la Libération de la Palestine à partir de 1968, qui va devenir le représentant unique et légitime du peuple palestinien. Le projet général est celui de la "Libération de la Palestine", sous l'angle spécifique du "Droit au retour" (reconnu dans le droit international (résolution n° 194, 1948). Ce cycle prend fin en 1982, après la guerre israélienne au Liban (commencée en juin), et le démantèlement des infrastructures militaires palestiniennes et le départ des combattants vers l'Algérie, le Soudan, etc.). Le symbole de ce cycle est la clé.
-
Point Essentiel 9
La seconde Palestine est celle des Occupés. Et ce cycle de résistance commence en 1967 avec l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. la grande expression politique de ce segment du peuple palestinien eut lieu en décembre 1987, avec la première Intifada. La revendication de ce cycle est la création de l’État palestinien. Un Commandement unifié de l'Intifada (appelé également Commandement national unifié) est formé en 1987 par les comités populaires afin de diriger la première Intifada. une nouvelle génération émerge. Mais ce sont les élites petites bourgeoises palestiniennes en exil qui capitaliseront le soulèvement, avec le "processus de paix" (de la Conférence de Madrid aux Accords d'Oslo). En 1993, une autonomie est accordée à la Cisjordanie, mais le contrôle israélien demeure intact. L'OLP est marginalisée au profit de l' "Autorité palestinienne". Les Palestiniens de 1967 ne sont pas dupes, et une seconde intifada fut déclenchée en 2000, à partir d'El-Qods. La radicalité des palestiniens de Gaza tient au fait qu'ils sont à la fois réfugiés et occupés. Il y a aussi des camps de réfugiés en Cisjordanie (comme ceux de Jennine, de Balata). Le symbole de ce cycle est la Pierre.
-
Point Essentiel 10
La troisième Palestine est celle des "Palestiniens de l'Intérieur", appelés aussi "Arabes israéliens". Et ce cycle de résistance commence en 1948. Il s'agit des Palestiniens qui ont réussi à s'accrocher à leurs villages au moment de la création de l’État israélien. Ils sont considérés comme des citoyens israéliens, mais de seconde zone, subissant la loi militaire jusqu'en 1966. Ils sont aujourd'hui environ 21 % de la population d'Israël, soit environ plus de 1 800 000 personnes. Le lien à la terre est fondamental, et cela se manifeste politiquement par des mouvements comme El-Ard, mouvement socialiste arabe palestinien, dans les années 1950, jusqu'au soulèvement du 30 mars 1976, le Jour de la terre. Ce segment palestinien spécifique va donner à la résistance palestinienne globale ses grands poètes comme Mahmoud Darwich, Samih el-Qassem, Taoufiq ez-Zyad. La revendication principale est l'égalité réelle des droits civiques et la reconnaissance du droit à l'autodétermination en tant que minorité nationale arabe. Le symbole de ce cycle est la Terre.
-
Point Essentiel 11
Le défi pour les révolutionnaires arabes palestiniens est celui de la dialectique entre les trois revendications : le droit au retour pour les réfugiés, l’État indépendant pour les occupés de 1967, et le droit à l'autodétermination de la minorité des palestiniens de 1948. La Libération de la Palestine, du Fleuve à la Mer, prend racine dans cette triplicité.
-
Point Essentiel 12
L'un des principaux dangers qui affectent le devenir palestinien et arabe, et qui est largement méconnu, est le développement à l'échelle PLANÉTAIRE du courant fondamentaliste protestant, qui possède une forte dimension sioniste chrétienne : les statistiques les plus sérieuses annoncent le chiffre de 660 000 000 de personnes en 2020. Selon les sionistes chrétiens, la création en 1948 de l’État israélien est l'accomplissement des prophéties divines, cet Etat étant un signe de Dieu sur terre, annonçant le retour du Christ. Ils sont plus de 90 millions aux USA, 60 millions en Chine, 47 millions au Brésil, 30 millions en Inde, 15 millions en Afrique du Sud... Même l'Algérie voit se développer un courant protestant évangélique en Kabylie (et dans l'émigration algérienne en Europe), avec des dizaines de milliers de conversions. Dans le cas de l'Algérie, ce christianisme fondamentaliste se combine au berbérisme...
-
Point Essentiel 13
Dans le contexte algérien, le courant berbériste a toujours sympathisé avec le sionisme, y compris durant l'époque coloniale. Ainsi, Mohand Ali Yahia dit Rachid, un ancien étudiant du lycée Ben Aknoun, membre du comité directeur du PPA-MTLD, en mai 1949, fait adopter par la direction politique du parti une motion dénonçant le « mythe d’une Algérie arabo-islamique ». Il défend la thèse de « l’Algérie algérienne » et refuse de participer à la souscription lancée par le parti sur la Palestine.
-
Point Essentiel 14
L'alliance entre l’État israélien et les États-Unis n’a de sens que dans le cadre du sionisme chrétien de la culture politico-religieuse nord-américaine. Sans ce socle anthropologique, la solidarité de toujours des États-Unis avec l’État israélien et le mouvement sioniste demeure inintelligible. C’est qu’il y a, en effet, un jeu de miroirs entre les deux. L'analyse gauchiste qui ne mobilise que les notions d'intérêts économiques et de géopolitiques est largement insuffisante.
Les Américains du Nord n’ont fait que revivre leur propre expérience « historico-divine » de la conquête du continent à travers la nouvelle expérience sioniste israélienne. Le colon qui brave le « désert », chassant le « sauvage », pour fonder un kibboutz ressemble trop au colon de la « conquête » de l’Ouest. « L’Israélien est un homme de la frontière comme l’Américain l’avait été. Tous deux avaient à se battre avec une population indigène hostile » écrit Ferdynand Zweig (cité in Israël et les États-Unis ou les fondements d’une doctrine stratégique, Camille Mansour, Armand Colin , 1995, p. 246-247)
D’une certaine manière, l’expansion et le colonialisme spécifique du sionisme juif donnait une légitimation à l’expérience sioniste chrétienne des États-Unis. Par ailleurs, il faut souligner que le point d’ancrage le plus important dans cette « affinité » réside dans le fait que les deux sionismes pensent être les réactualisations modernes de l’histoire des Hébreux de l’Antiquité. La Bible est, ici, la matrice conceptuelle de justification de l’expérience sociale concrète. Pour le cas des États-Unis, cela est d’autant plus vrai que le système de représentation qui a présidé à la création, et au développement, de cette nouvelle entité politique va s’appuyer sur la mémoire de la Bible.
Jean-Paul Mayer est un expert des questions stratégiques. Il a travaillé comme Haut-fonctionnaire à l’État-major de la Marine et à la Délégation aux études générales du Ministère de la défense. Il a fait paraître Dieu de Colère. Stratégie et puritanisme aux États-Unis (Association pour le Développement et la Diffusion de l’Information Militaire, col. Esprit de Défense, 1995). Il baptise le premier chapitre de ce livre, « L’Israël américain de Dieu ». Il écrit ceci : « Le titre peut surprendre, mais c’est ainsi que bon nombre de citoyens des États-Unis baptisent leur pays. Armés de la volonté de bâtir une nouvelle société idéale, les premiers Américains croyaient que Dieu avait tenu ce continent vide pour les accueillir un jour les persécutés. Les premiers colons proclament qu’ils vont pouvoir construire sur ces terres nouvelles « l’Israël américain de Dieu », dénomination qui aura une grande prospérité. Ils affirment que leur pays sera différent des autres puisque Dieu l’a réservé aux vrais croyants pour qu’ils y bâtissent la cité de Dieu. L’un d’entre eux, le prédicateur John Eliot, théorise même un gouvernement divin dans son célèbre The Christian Commonwealth (la communauté chrétienne) (…) Le Dieu de Calvin et des puritains est par bien des aspects bien plus proche du Dieu de majesté et de colère de l’Ancien testament que du Dieu d’amour de la révélation chrétienne : c’est pourquoi le puritanisme est souvent qualifié « d’anglo-hébraïsme ». » (pp. 14-15).
-
Point Essentiel 15
Avant même la création de l’État israélien, en 1948, les idéologues du projet sioniste, comme Théodore Herzl, entendaient défendre la "civilisation" occidentale face à la "barbarie" de l’Asie. Aujourd’hui, l’Israël est en première ligne dans la mondialisation néo-libérale, c’est-à-dire dans la projection à l’échelle planétaire du Système-Occident. Du sionisme de la fin du XIXe siècle aux actuels déploiements de l’État israélien, les enjeux sont toujours les mêmes : assurer la défense d’une civilisation dont le système est profondément injuste sur les plans sociaux, économiques et écologiques, un système dont la modernité capitaliste, l’esprit désenchanteur, la logique coloniale et impérialiste, le racisme, etc. sont des traits éminemment caractéristiques.
Il faut être attentif sur le fait que la mondialisation néo-libérale n'est pas réductible à ses instances économico-techniques. Elle est aussi une vaste dynamique qui vise directement les cultures et les imaginaires des peuples du Sud. Ainsi, l'impact massif des sectes fondamentalistes protestantes américaines est-il l'un des vecteurs idéologiques de la présence du Système-Occident dans les pays du tiers monde, du Brésil à l'Algérie, des Philippines au Nicaragua. Lorsque l'on sait que ces courants sont profondément sionistes chrétiens (justification théologique de l’État israélien) et qu'ils constituent, aux USA, le principal lobby de soutien à l'Israël (dans le sillage de la révolution conservatrice, de Reagan à Bush), on peut, légitimement, nourrir de grandes inquiétudes.
La contestation de la mondialisation néo-libérale ne peut être que multidimensionnelle, à la fois politique, sociale et culturelle. Il nous faut plus que jamais, prendre conscience des ravages culturels provoqués par le Nouvel ordre mondial. Le conflit israélo-arabe, par-delà la question centrale de l'occupation de la terre palestinienne par l'Israël, est l'un des lieux à partir desquels nous pouvons le mieux expliciter les enjeux culturels d'une mondialisation qui transforme le monde en marchandise.
-
Point Essentiel 16
L’État israélien est l'une des structures les plus importantes du Système-Occident déployé dans le monde. Après avoir été largement dépendant de l'Europe, cet Etat est, depuis les années 1960, intégré dans la stratégie des États-Unis. Il possède une fonction militaire essentielle et sa puissance constitue l'une des menaces les plus importantes qui pèsent sur les villes du monde arabo-musulman. Cette puissance articule à la fois un armement classique et un armement nucléaire, chimique et biologique. D'ailleurs, c'est même la sécurité des populations civiles d'Europe qui est en jeu. Le savez-vous? Le 4 octobre 1992 un avion-cargo de la compagnie d'aviation israélienne El Al s'écrasait au Bijlmermeer à Amsterdam. Il y a eu 48 morts et des centaines de blessés dans cette catastrophe. Depuis cette date, des habitants de ce quartier populaire souffrent de maladies inhabituelles. Il faut attendre plus de six ans pour connaître le fin mot de cette histoire dramatique: l'avion israélien transportait 240 kg de DMMP (diméthylméthylphosphonate), autrement dit l'un des quatre constituants qui entrent dans la fabrication du gaz Sarin... Livré par la firme américaine Solkatronic, le produit chimique était destiné à l'Israël Institute for Biological Research de Tel Aviv, qui dépend du Ministère de la défense. De son côté, le 4 octobre 1998, le Sunday Times révélait que l'armée israélienne disposait de F-16 équipés d'armes chimiques et biologiques opérationnels en quelques minutes...
-
Point Essentiel 17
Le sionisme chrétien protestant constitue, historiquement, la matrice dans laquelle est née le projet colonial en terre palestinienne. Bien avant Théodore Herzl, des théologiens, des pasteurs, des intellectuels, des stratèges chrétiens, tout au long des 17ème, 18ème et 19ème siècles, vont mettre en place, pour des raisons religieuses, les conditions de ce projet. L’Angleterre, mais aussi les États-Unis et la Suisse, vont jouer un rôle de premier plan dans cette dynamique. Le choix de la ville de Bâle, métropole de la Suisse protestante, dans l’organisation du premier Congrès sioniste en 1897, a été le fruit de cette interférence entre christianisme fondamentaliste et sionisme. Pour de nombreux analystes et historiens, la célèbre Déclaration Balfour de 1917 est aussi le produit d’une alliance entre les prétentions géostratégiques de la puissance anglaise vers l’Empire Ottoman, et singulièrement vers la Palestine arabe, et une folle théologie protestante selon laquelle le « retour des Juifs en terre promise » hâtera le Retour du Christ… Nous montrerons que les conquêtes coloniales de l’Amérique du Nord, de l’Afrique australe et de la Palestine, malgré d’évidentes différentes, forment système et sont intelligibles dans une perspective transdisciplinaire qui articule économie, politique et théologie.
Le sionisme chrétien ne relève pas uniquement de l’histoire du projet sioniste colonialiste en Palestine. Il traverse toute la sensibilité protestante fondamentaliste aux États-Unis qui a pris sa revanche, au début des années 1980, sur la « contre-culture » des années 1960-1970 (opposition à la Guerre du Vietnam, à la société de consommation, mouvement pour les droits civiques, etc.). De Reagan à Bush Jr., les États-Unis expriment une volonté de puissance (stratégique, politique et géoéconomique) avec un accent quasi religieux. Il suffit d’avoir en tête que des notions comme « Empire du Mal » ou « Axe du Mal » sont d’abord des notions empruntées à cette « théologie de la guerre spirituelle » qui veut préparer les esprits à l’Armageddon final… Dans ces courants fondamentalistes, on assiste à une véritable « théologisation des relations internationales », au détriment des ressources du droit, de l’éthique et du politique.
Nous soulignerons également le fait que cette dynamique se déploie massivement dans les pays du Tiers Monde. Ce déploiement, qui se fait à travers ces centaines de sectes protestantes littéralistes, à la faveur de la puissante révolution informationnelle des années 1980-1990 (le phénomène des cyber-églises, du télévangélisme), s’inscrit naturellement dans le Viol de l’Imaginaire évoqué par l’ancienne Ministre de la culture du Mali, Aminata Traoré, et dans cette mondialisation néolibérale qui n’est que le voile qui masque l’occidentalisation du monde. Ainsi, la « Théologie de la prospérité » représente-t-elle l’une des expressions idéologiques dans le Sud de l’aliénation qui procède de l’imposition du modèle de développement capitaliste néo-libéral.
-
Point Essentiel 18
Le projet de conquête de la Palestine, à l'époque partie intégrante de la Syrie ottomane, s'originait dans deux lignes de force. La première, celle de l'expansion du capitalisme anglais, répondait à des stricts intérêts stratégiques impérialistes. La seconde, elle, était de nature religieuse. Dans leur lecture fondamentaliste des textes bibliques, les sionistes chrétiens considéraient que le « retour » des Juifs en Palestine pouvait provoquer un déclic dans l' « histoire du salut » en accélérant un autre retour, celui du Christ. En 1621, Sir Henry Finch, membre du Parlement et juriste éminent, publie « La grande renaissance du Monde : Appel aux juifs et (avec) eux à toutes les nations et les royaumes de la Terre, à la foi au Christ ». S'opposant à une lecture allégorique de l'Ancien Testament, Finch espère que les Juifs, convertis ou non à la foi chrétienne, partiront en Palestine afin d'accélérer la venue des Temps messianiques.
En 1844, était créée la plus importante organisation sioniste chrétienne d'Angleterre : la Société Britannique et Étrangère pour la Restauration de la Nation Juive en Palestine. 5 ans plus tard, Arthur Hollingsworth écrivait un texte sur « L’'évidence prophétique de la restitution de la Palestine aux juifs. » Nous le voyons maintenant clairement : la Déclaration Balfour de 1917, qui promet aux Juifs un « foyer national », embryon du futur Etat d'Israël, est le produit d'une conjonction entre les intérêts géostratégiques et impérialistes anglais et une culture religieuse de facture sioniste chrétienne.
La résistance au sionisme fut vive au sein du judaïsme. Mis à part la composante assimilée qui vivait dans la culture bourgeoise occidentale, la plupart des dynamiques qui traversaient les communautés juives s'opposaient au projet sioniste. La grammaire juive anti-sioniste se conjuguait au pluriel : Les Orthodoxes (ex. Les rabbins de Varsovie, Abraham Baruk Steinberg, les Netourei Karta), les Réformés (ex. : les Conférences de Philadelphie, 3-6 novembre 1869, de Pittsburg, 16-18 novembre 1885), les Révolutionnaires (ex., Walter Benjamin, etc.). Il existe donc un important patrimoine anti-sioniste dans le judaïsme contemporain. Sa valorisation est plus que jamais nécessaire, et cela non seulement dans l'optique de la préservation d'une mémoire, mais aussi et surtout dans l'optique d'une solidarité avec les premières victimes du sionisme et de l’État d'Israël, les Palestiniens.

Publicité
Publicité
Commentaires
Présentation
Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 445 337
Publicité