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في سبيل العروبة الحضارية - Sur le chemin de l'arabité civilisationnelle
17 décembre 2023

Honneur au président-martyr Nour ed-Dine el-Atassi, pôle syrien du nationalisme-révolutionnaires arabe, et ami de l'Algérie

Boumediene Attassi

Commençons par la fin : Nour ed-Dine el-Atassi est mort à l’âge de 63 ans, le 3 décembre 1992, à l’hôpital américain de Neuilly, à Paris. Il y était hospitalisé depuis onze jours (son arrivée date du 22 novembre). Les autorités françaises avaient accepté de le soigner pour un cancer de l'œsophage.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Nour ed-Dine el-Atassi a contracté cette maladie mortelle en prison, victime du régime politique assadien. Les autorités ont laissé la maladie se propager dans son corps avant de le libérer, car sa mort en prison aurait terni l'image du régime. Avant cette libération, Nour ed-Dine el-Atassi avait été admis à l'hôpital militaire de Tishreen pendant 4 mois… Son fils, Mohammed Ali Atassi, témoigne : « Je me souviens de mon père, Noureddine Al-Atassi, qui était président de la Syrie avant d’être emprisonné en 1970, après le coup d’État du général Hafez El-Assad. J’avais alors 3 ans, et il m’a fallu du temps pour comprendre qu’en prison, on trouve non seulement des criminels, mais aussi des prisonniers d’opinion. Mon père a passé vingt-deux ans dans une petite cellule de la prison d’Al-Mazze, sans chef d’inculpation ni procès. Nous comptions les jours au rythme de nos visites : une heure tous les quinze jours. Après avoir lutté contre un cancer, pour lequel on lui a refusé tout traitement médical, il a finalement été libéré. » (The New York Times, 27 juin 2011)

Pour comprendre cette mort, il est nécessaire de comprendre qui il était, quel fut le sens de sa vie, car sa mort, justement, éclaire son existence.

Nour ed-Dine el-Atassi est né le 11 janvier 1929, dans une famille aisée arabe sunnite de la ville de Homs. La famille El-Atassi est célèbre pour son engagement en faveur de la libération de la Syrie et de la construction de l’État national. Trois fils de la famille sont devenus présidents de la République : Hachem el-Atassi (هاشم خالد الأتاسي), entre 1936 et 1939, puis de 1949 à 1951, Luia el-Atassi (لؤي الأتاسي), en 1963, et Nour ed-Dine el-Atassi, de 1966 à 1970.

Nour ed-Dine el-Atassi a entamé ses études à la Faculté de médecine de l’Université de Damas. Politiquement, il s’est engagé dans les rangs du nationalisme arabe, rejoignant le Parti de la Résurrection Arabe Socialiste (حزب البعث العربي الاشتراكي). Dans les années 1950, il est devenu l’un des leaders du mouvement étudiant patriotique, notamment contre le régime de Adeeb el-Shishakli. Nour ed-Dine el-Atassi a connu la prison (et la torture) à Palmyre en 1952.

Après l’obtention de son diplôme en 1957, notre étudiant nationaliste a laissé naître en lui un projet qui ne se limitait pas à sa personne. Il est parti, avec des compagnons médecins comme lui, membres du Parti de la Résurrection comme lui, dans le principal lieu de la Bataille arabe qui se déroulait à ce moment : l’Algérie !

En 1958, un groupe de militants syriens du Parti de la Résurrection Arabe Socialiste, tous médecins donc, a quitté leur pays pour rejoindre la révolution du Premier Novembre et se mettre au service des moudjahidines et des populations locales. Parmi eux, il y avait le frère Nour ed-Dine el-Atassi, le frère Youssef Zouayen, et le frère Ibrahim Makhos. Il y avait également le frère Safouh el-Atassi, cousin de Nour ed-Dine el-Atassi, le frère Salah el-Sayed, et le frère Riad Barmada.

Nour ed-Dine el-Atassi et ses amis ont atteint la frontière algéro-tunisienne et ont intégré l’Armée de Libération Nationale. Il aurait été présent également dans les Aurès. Ces médecins ont noué une grande amitié avec des révolutionnaires tels que le colonel ‘Ali Kafi (علي كافي) ou ‘Abd el-Hamid Mehri (عبد الحميد مهري).

De retour en Syrie, Nour ed-Dine el-Atassi s'est spécialisé dans la chirurgie générale à l'hôpital de Damas et dans une clinique privée. Avec ses amis, il s'est largement engagé dans les activités internes du Parti de la Résurrection. On parlait même du « Ba’th des médecins » pour désigner cette nouvelle génération de militants.

En août 1963, il a été nommé ministre de l'intérieur au sein du troisième Cabinet Salah ad-Din al-Bitar, qui fut, avec Michel ‘Aflaq, l’un des fondateurs du parti nationaliste en 1947. En 1964, Nour ed-Dine el-Atassi est devenu vice-président du conseil dans le gouvernement formé par le général Amin el-Hafez.

En mai 1965, le jeune médecin est entré au Conseil présidentiel. En septembre, il y a assumé la vice-présidence. Il était donc le numéro 2 de l’État syrien.

L'événement décisif s'est produit en février 1966, lorsque l’aile gauche du Parti de la Résurrection a pris le pouvoir, renversant le président Amine el-Hafez (أمين الحافظ). Nour ed-Dine el-Atassi faisait partie de ce courant, qui estimait que la révolution nationale était indissociable d'un bouleversement socio-économique et agraire, dans le sens d'un socialisme radical. Cette année-là, il est devenu le nouveau chef de l’État, tout en étant élu secrétaire générale du parti. Ses amis Youssef Zouayen et Brahim Makhos sont devenus, respectivement, président du Conseil et ministre des affaires étrangères. Le général Salah Jedid (صلاح جديد) était l’une des principales figures de la nouvelle configuration politique, en tant que secrétaire général adjoint du Parti de la Résurrection. L’une des caractéristiques de la nouvelle équipe était l'intensification des relations avec l’Égypte, présidée par Jamel ‘Abd en-Nasser (جمال عبد الناصر), et l’Algérie, présidée par Houari Boumediene (هواري بومدين). Nour ed-Dine el-Atassi et Brahim Makhos se rendaient régulièrement à Alger.

Le jeudi 15 juin 1967, à Alger, au Palais du peuple, une importante réunion pour l’avenir de la Nation arabe a eu lieu. Le président de la république syrienne, Nour ed-Dine el-Atassi, accompagné de son ministre des affaires étrangères, Brahim Makhos, rencontrait les dirigeants algériens, notamment le président Houari Boumediene. Le contexte était particulièrement dramatique, car l’entité sioniste, émanation du système capitaliste et impérialiste occidental, venait d’attaquer plusieurs pays arabes (la Palestine, la Syrie et l’Égypte), occupant la Cisjordanie, la bande de Gaza, El-Qods, le Sinaï et le Golan. Avant son départ pour Damas, le président Nour ed-Dine el-Atassi, dans une allocution radiotélévisée, a déclaré : « Frères algériens, levez-vous, vos frères de l'Orient arabe ont fait un serment et sont déterminés à essuyer la honte et à vaincre, quelle que soit la puissance des forces d'agression. »

Cependant, le régime nationaliste arabe et socialiste de Syrie était traversé par de nombreuses contradictions, sociales, politiques et idéologiques. Le clivage entre l’aile civile et l’aile militaire est devenu le lieu d’un conflit qui paralysait l’action nationale. L’affrontement entre Salah Jedid et le ministre de la défense, Hafez el-Assad, était l’expression de cette situation conflictuelle. Nour ed-Dine el-Atassi, Brahim Makhos et Youssef Zouayen étaient dans le viseur d’Assad.

La question palestinienne constituait l’un des motifs de la crise du régime. Si les « militaires », emmenés par Assad, considéraient qu’il fallait s’appuyer sur les États, les « civils » estimaient, pour leur part, qu’il fallait soutenir les forces de la résistance palestinienne. D’ailleurs, le Parti de la Résurrection mettait en place une organisation palestinienne reliée au parti, Es-Sa’iqa (الصاعقة), la Foudre. Ce mouvement refusait la « palestinisation » de la résistance palestinienne. Le conflit était d’abord arabo-sioniste.

La rupture entre les deux ailes du régime s'est déroulée en novembre 1970. Durant les quinze premiers jours de ce mois tragique, le Parti de la Résurrection Arabe Socialiste était dans son dixième congrès extraordinaire. Hafez el-Assad a été destitué de sa fonction de ministre de la défense, accusé de « vouloir s'emparer du pouvoir, (d')avoir créé une dualité du pouvoir dans le pays et (d')avoir saboté le rôle dirigeant du parti dans l'armée ». Mais le lundi 16 novembre 1970, Assad a mobilisé ses troupes : le général Salah Jedid a été arrêté au siège du Parti et incarcéré à la prison de Mezzé, sans même pouvoir prévenir sa famille. Il est resté dans les geôles du régime assadien jusqu’à sa mort le 19 août 1993, soit pendant 23 ans ! Brahim Makhos a réussi à sortir des griffes des putschistes et s'est rendu en… Algérie, pays où il a vécu jusqu’à sa mort en 2013.

Toujours ce 16 novembre, le président Nour ed-Dine el-Atassi a été placé en résidence surveillée pendant un mois, avant d’être incarcéré. Une élection trafiquée s'est déroulée le 12 mars 1971, Assad est devenu président avec plus de 99 pour cent des voix...

Nour ed-Dine el-Atassi est resté en prison pendant 22 ans…, lui, un ancien volontaire de l’Armée de Libération Nationale… Son nom a été donné à l’hôpital de Bologhine, à Alger, avant que, « mystérieusement », celui-ci soit débaptisé.

Nour ed-Dine el-Atassi restera dans la mémoire des révolutionnaires arabes, de l’Algérie à Damas, d’El-Qods au Caire.

Nour ed-Dine el-Atassi restera une lumière qui éclaire le chemin de l’unité arabe et de l’amitié fraternelle algéro-syrienne.

Qu’Allah l’accueille dans son vaste paradis.

Nation arabe une, porteuse d’une mission éternelle.

Allah Akbar Allah Akbar Allah Akbar

 

(Kamel Nasser)

 

 

 

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Ce site, animé par le Collectif Algérie-Machreq, est consacré à la mémoire historique de la Nation arabo-musulmane, à l'intellectualité, la spiritualité, la culture, l'expérience révolutionnaire des peuples arabes. La Palestine sera à l'honneur. 


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